
par Cyril Brosset, Juliette Vacant
par Cyril Brosset, Juliette Vacant
Pour faire des économies, acheter son parfum sur Internet est une bonne idée. Mais pas n’importe où. Notre enquête montre que les prix varient considérablement d’un site à l’autre et que certaines fragrances ont beaucoup augmenté en quelques années.
Si les Français restent attachés à leur parfumerie, 15 % des achats se font désormais en ligne. Attirés par des prix bas et une offre généreuse, les clients sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les sites spécialisés. Toutefois, l’enquête menée par l’Observatoire de la consommation de l’UFC-Que Choisir à quelques jours de la fête des Mères montre que le secteur n’a pas échappé à l’inflation et qu’il existe des différences de prix importantes entre les plateformes.
La comparaison des prix d’une trentaine de flacons de parfum au format 50 ml (hors promotions) sur 17 parfumeries en ligne met en lumière des écarts de prix loin d’être négligeables. Ainsi, les tarifs pratiqués par la plus chère des plateformes, Avenue-des-parfums.fr, sont en moyenne 58 % plus élevés que ceux de la moins onéreuse, Perfumesclub.fr. Attention toutefois : cette dernière est basée à Palma de Majorque, en Espagne, ce qui peut compliquer les démarches en cas de problème de livraison ou de rétractation ; elle ne possède pas de boutiques et fait l’objet d’un grand nombre d’avis négatifs sur les réseaux. Qui plus est, elle ne semble pas être agréée par les marques, ce qui peut laisser craindre des produits de moins bonne qualité (lire notre encadré sur la distribution sélective). Primor.eu et Parfumdreams.fr sont à peine plus chers, mais ont l’avantage de disposer de boutiques à l’étranger, respectivement en Espagne et en Allemagne, laissant penser qu’elles s’approvisionnent par des voies plus officielles. Qui plus est, ces deux sites offrent les frais de livraison à partir de 49,90 ou 50 € d’achat, contre 99 € pour Perfumesclub.
Parmi les sites les plus attractifs, plusieurs sont français et adossés à des parfumeries indépendantes, en Corse pour My-origines.com (ex-Origines-parfums), dans le Sud pour Parfumdo.com, dans le département du Vaucluse pour Parfumerie-en-ligne.com, à Marseille pour Incenza, etc. C’est loin d’être un détail, car cela peut faciliter les recours en cas de litige et surtout, cela garantit que ces distributeurs sont agréés par les marques. Il en est de même pour les grands réseaux de parfumerie, à ceci près que chez eux, les prix sont généralement plus élevés. Des trois principaux, Nocibe est celui qui applique les tarifs les plus raisonnables en ligne, selon notre enquête. Sur la trentaine de références suivies, ses prix sont seulement 9 % plus chers que chez Perfumesclub, contre + 35 % pour Sephora.fr et + 40 % pour Marionnaud.fr.
Outre les différences entre les sites, notre enquête met également en évidence une forte hausse des prix des parfums. L’augmentation moyenne des 30 parfums pour femme étudiés est de 15 % entre 2019 et 2025, soit plus ou moins le niveau de l’inflation. Mais ces hausses varient fortement d’une référence à l’autre. De toutes les fragrances, ce sont les grands classiques qui ont le plus augmenté : + 20 % pour La Vie est belle (Lancôme), + 22 % pour La Petite Robe noire (Guerlain), + 27 % pour J’adore (Dior), + 29 % pour Miss Dior et surtout + 32 % pour No 5 de Chanel. La seule hausse du coût des matières premières et de l’énergie n’explique pas toutes ces augmentations, surtout que l’alcool éthylique, qui constitue près de 80 % d’une eau de parfum, n’a pas subi une telle flambée. En parallèle, une poignée d’autres références voient leur prix reculer, à l’image de Mon Guerlain (– 20 %) ou de Yes I Am de Cacharel (– 6 %). Ces baisses peuvent être liées à une diminution de la demande ou à la sortie de nouvelles éditions.
Après des mois de discussion, l’Union européenne a réaffirmé en 2022 le droit des maisons de parfum à faire du tri parmi leurs distributeurs. Concrètement, pour pouvoir vendre un parfum sur Internet, un e-commerçant doit s’engager auprès du fabricant à respecter un certain nombre d’obligations, comme assurer une présentation luxueuse du produit, fournir un descriptif complet et des conseils d’utilisation ou encore proposer un service client haut de gamme. Il doit aussi disposer d’au moins un point de vente physique. Craignant des conséquences juridiques, les distributeurs français ne se hasardent pas à enfreindre cette règle, contrairement à d’autres sites, le plus souvent basés hors de l’Union européenne. Ces derniers s’approvisionnent alors sur le « marché gris », un système de distribution parallèle alimenté par des intermédiaires véreux qui parviennent à faire sortir du circuit légal des lots entiers de parfums. Si ces produits ne sont pas des contrefaçons, puisqu’ils sortent des mêmes usines, on ne sait pas quand ils ont été fabriqués ni dans quelles conditions ils ont été stockés, augmentant le risque que le produit soit altéré.
Notre conseil : tournez-vous vers les sites basés en France. Ils ne sont pas forcément plus chers que les autres, et vous serez certain de l’origine des produits.
Cyril Brosset
Juliette Vacant
Observatoire de la consommation
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