Roselyne Poznanski
Où en est-on côté revalorisations ?
Face à l’inflation galopante, diverses revalorisations des pensions de retraite ont été décidées ou vont l’être d’ici la fin de l’année. Qui est concerné ? Concrètement, combien cela représente-t-il ? On fait le point.
Avec des prix à la hausse qui évoluent désormais sur un rythme annuel de l’ordre de 6 %, les retraités qui ne peuvent ni espérer, ni négocier d’augmentation de salaire sont évidemment à la peine. Pour eux, la perte de pouvoir d’achat est palpable. Afin de la compenser, diverses revalorisations, décidées au cours des dernières semaines, viennent d’entrer concrètement en vigueur. D’autres vont suivre.
4 % de hausse pour les pensions de base de nombreux retraités
C’est dans le cadre de la loi portant mesures d’urgence pour la protection du pouvoir d’achat1 qu’une revalorisation exceptionnelle de 4 % à compter du 1er juillet dernier des seules pensions de base des personnes ayant été salariées (secteur privé, agricole et régimes spéciaux), fonctionnaires, indépendantes ou professions libérales (à l’exception des avocats) a été décidée en plus de celle de 1,1 % survenue en janvier 2022.
Cette revalorisation exceptionnelle (le Code la Sécurité sociale la prévoit en janvier de chaque année seulement) n’est toutefois pas immédiatement entrée en vigueur du fait des dates de versement des pensions qui varient selon les régimes de retraite. Par exemple, pour la pension de base versée par le régime général aux ex-salariés, cette hausse a été effective et payée le 9 septembre dernier seulement (avec intégration de la revalorisation de 4 % pour la pension du mois de juillet, versée en août). Pour les pensions des fonctionnaires de l’État (affiliés au Service des retraites de l’État) ou des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (affiliés à la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales), cette hausse sera effective pour les pensions payées ce 29 septembre, mais les 4 % de revalorisation qui doivent rétroactivement s’appliquer sur les mois de juillet et d’août ne seront versés que le 28 octobre prochain. À la Mutualité sociale agricole, les 4 % dus pour les pensions de juillet des salariés agricoles seront intégrés aux pensions de septembre qui seront versées le 7 octobre prochain (plus d’informations sur les dates de versement des pensions, régime par régime). À noter que cette revalorisation de 4 % concerne aussi les pensions de réversion dont bénéficient, sous conditions, les conjoints (ou ex-conjoints) survivants, versées par ces différents régimes de base. À noter également que l’avant-projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale prévoit (sous réserve de l’adoption de cette mesure) pour le moment une revalorisation de ces mêmes pensions de base de 0,8 % à partir de janvier prochain.
Une réalité contrastée selon le poids de la retraite de base
Même si cette revalorisation de 4 % est un coup de pouce, tous les seniors ne vont pas en bénéficier de la même façon. Tout dépend en effet du « poids » de la retraite de base dans la pension globale perçue (qui comporte aussi les retraites complémentaires) : plus celle-ci est importante, plus le pouvoir d’achat est maintenu. « Les fonctionnaires sont ainsi gagnants », fait remarquer Valérie Batigne, fondatrice de Sapiendo (cabinet privé d’expertise en retraite), puisque leur pension s’articule essentiellement autour d’une retraite de base (celle versée par le Régime additionnel de la fonction publique étant très minoritaire). Même chose pour les ex-salariés qui perçoivent de petites pensions de retraite. Pour les salariés cadres en revanche, dès lors que leur retraite complémentaire (hors revalorisation) représente plus de 50 % de la pension globale perçue, la revalorisation réelle est plutôt de l’ordre de 2 %. Pour information, sachant que le montant moyen mensuel de la pension de base versée en 2021 par le régime général était de 755 € (858 € pour les hommes, mais 674 € pour les femmes), la revalorisation de 4 % se chiffre donc à 30,20 € par mois. Et pour certains professionnels libéraux, comme les médecins, pour lesquels la pension de base ne représente en moyenne que 21 % de leur retraite globale, cette revalorisation est de 23 € par mois, selon les données fournies par leur régime de retraite (Caisse autonome de retraite des médecins de France).
Pas encore de chiffres précis pour les pensions complémentaires
Du côté des retraites complémentaires, les revalorisations ne sont pas décidées par un texte de loi mais par les conseils d’administration de ces régimes. Les partenaires sociaux qui gèrent l’Agirc-Arrco, le plus grand de ces régimes complémentaires, qui comporte aujourd’hui 13 millions d’allocataires, vont ainsi se positionner le 6 octobre prochain (en application d’un accord datant de mai 2019) sur la teneur de la hausse qui s’appliquera à partir des pensions de novembre, versées le premier jour ouvré de chaque mois, soit le 2 novembre prochain (cette revalorisation concernera également les pensions de réversion).
Pour le moment, la fédération Agirc-Arrco refuse de communiquer quelque chiffre que ce soit, mais certains administrateurs de ce régime, comme Michel Beaugas, par ailleurs secrétaire confédéral de Force ouvrière, « souhaite[nt] aller au maximum de ce que permet l’accord de 2019, ce qui donne concrètement 4,9 %, sans oublier les plus ou moins 0,5 % qui restent à la main du conseil d’administration de cette institution, ce qui pourrait finalement aboutir à une revalorisation au-dessus de 5 % ».
(1) https ://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000046186723