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Phytothérapie

Une efficacité contre les allergies qui reste à prouver

Contre les allergies saisonnières, des compléments alimentaires et des sprays pour le nez à base de plantes sont proposés en vente libre. Mais les effets positifs de ces traitements sont loin d’être démontrés.

Les personnes souffrant d’allergies savent qu’on n’en guérit jamais et qu’il faut faire avec. Les traitements disponibles soulagent les symptômes, mais de façon imparfaite, et avec des effets indésirables. S’il est compréhensible de se tourner vers des alternatives à base de plantes, mieux vaut garder à l’esprit que les produits pour le nez ou les capsules d’huile(s) essentielle(s) n’ont pas franchement fait leurs preuves.

Les sprays pour le nez

Phytoxil Allergies, Spray nasal Orfito 7 actifs, Humer Spray nasal rhinite allergique, Stérimar Rhinite allergique, Puressentiel Spray décongestionnant allergies, Phytosun Arôms Allergie, etc.

Ils sont nombreux sur le marché à revendiquer une efficacité contre les allergies ! Mais attention, car aucun de ces produits n’est un vrai médicament : il s’agit, réglementairement parlant, de dispositifs médicaux (au même titre que les pansements, les préservatifs, les lunettes, les fauteuils roulants, les pacemakers, etc.). Ils ne nécessitent pas d’autorisation de mise sur le marché, donc pas de dossier prouvant leur supériorité sur les traitements existants, ni même sur un simple placebo… Ça tombe bien : les plantes qui entrent dans leur composition ne sont pas pour grand-chose dans l’éventuel soulagement. Qu’il s’agisse du curcuma, de l’aloe vera, du thé vert, du ginseng, de la propolis, de l’échinacée, du lichen d’Islande, de l’eucalyptus, de la menthe poivrée, du niaouli ou de divers oligoéléments, aucun n’a d’impact documenté sur les manifestations allergiques nasales. Leur éventuel effet positif est plutôt à mettre sur le compte de l’action mécanique du liquide sur les parois internes du nez, qui peut contribuer à évacuer les particules allergisantes. Un peu de liquide physiologique, en spray ou en dosettes, fera aussi bien l’affaire. L’option se tient d’autant plus qu’elle a le mérite de la simplicité, alors que les huiles essentielles qui entrent parfois dans la formulation des sprays peuvent elles-mêmes entraîner des allergies.

Deux produits mettent en avant l’effet protecteur d’un ou deux ingrédients particuliers. Pour le Phytoxil, c’est la glycérine, pour le Phytosun Arôms, la bentonite (une argile) et l’huile de sésame. Des études sont citées en appui de leur efficacité. Les tests, réalisés par les fabricants eux-mêmes, étaient toutefois basés sur de trop petits effectifs pour pouvoir en tirer une quelconque conclusion.

Il existe aussi un dispositif électronique basé sur la photothérapie intranasale (Humer Stop Allergie), à placer dans le nez deux fois par jour pendant 3 minutes. Les preuves sont minces et données sans comparaison avec les traitements de référence. Les effets à long terme de la lumière rouge ou infrarouge sur la muqueuse nasale demanderaient à être plus documentés.

Les compléments alimentaires

Les huiles essentielles tiennent la vedette dans les compléments alimentaires proposés dans la rhinite allergique (Pastilles respiratoires aux huiles essentielles Naturactive, Pranarôm Allergoforce, Phyt’Allerg, Allergopolis de Aagaard, etc.). Comme pour les dispositifs médicaux, la réglementation des compléments alimentaires n’exige pas la preuve de leur efficacité avant commercialisation. Un usage traditionnel suffit. Les formules mettent en œuvre plantain, bourgeon de cassis, camomille, lichen d’Islande, etc. Or, aucune de ces plantes n’a montré d’action spécifique sur les symptômes de la rhinite allergique. En revanche, les huiles essentielles peuvent déclencher des allergies ! C’est le cas aussi de la propolis, dont les propriétés antiallergiques, éprouvées in vitro et sur des rats, n’ont pour le moment pas été recherchées sur l’humain dans la rhinite allergique… De la même façon, la quercétine, qui entre dans la composition de plusieurs produits, a montré une activité in vitro sur les allergies mais les tests sur les humains sont moins convaincants, en particulier pour l’encombrement et les démangeaisons du nez.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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