Élisa Oudin
Vous et la fraude bancaire
Le nombre de fraudes contre les comptes et cartes bancaires a explosé ces dernières années. 15 % des acheteurs en ligne en sont victimes chaque année. L’étude que nous avons réalisée révèle que dans la grande majorité des cas, ce sont les cartes bancaires qui font l’objet des attaques. Le législateur a prévu une protection juridique forte du consommateur contre ce type de piratage. L’article L. 133-18 du code monétaire et financier oblige en effet les banques à recréditer immédiatement les opérations de paiement non autorisées dès lors que celles-ci ont été signalées. Pourtant, on constate que les banques rechignent encore trop souvent à rembourser rapidement les clients de bonne foi.
Montant moyen détourné
1 050 €, c’est en moyenne la somme ponctionnée sur les comptes et cartes bancaires piratés. Le plus souvent, le pirate réalise deux transactions avec le moyen de paiement détourné. De nombreux clients ont été victimes de plusieurs vagues de piratage au cours des douze derniers mois.
Mode de paiement piraté
Les cartes bancaires sont la cible privilégiée des pirates. Dans 86 % des cas, c’est en effet ce moyen de paiement qui a été utilisé pour une transaction frauduleuse. La fraude au chèque bancaire est, elle, devenue aujourd’hui quasi inexistante.
Obtention des données par les fraudeurs
Dans une large majorité des cas (plus de 60 %), la victime ignore comment ses données bancaires ont pu être récupérées et détournées. Mais lorsqu’il parvient à l’identifier, c’est le phishing qui arrive largement en tête. Le client reçoit un mail portant l’entête d’un organisme officiel lui demandant ses coordonnées bancaires. Pensant répondre à sa banque, aux impôts, à son fournisseur Internet, etc., la victime fournit en réalité ses données aux escrocs.
Prise de conscience de la fraude
Aujourd’hui, c’est le client lui-même qui découvre le plus souvent l’existence des transactions frauduleuses. Cette découverte se fait via la lecture de son relevé de comptes dans la plupart des cas. Parfois la victime réalise qu’elle a répondu à un mail de phishing ou a renvoyé à un pirate un code de validation pour un achat en ligne. La banque n’est à l’origine de l’alerte que dans 27 % des situations. Mais ce chiffre pourrait évoluer. La nouvelle réglementation européenne oblige en effet les banques à mettre en place des dispositifs d’alerte renforcés.
Prise en charge de la fraude par la banque
Notre étude montre qu’il reste encore des progrès pour que les banques remboursent mieux et plus rapidement. En effet, alors que 98 % des personnes interrogées affirment avoir effectué une déclaration auprès de la banque, celle-ci n’a remboursé intégralement son client que dans 67 % des cas… Et seulement après un délai de 21 jours en moyenne alors que la loi impose un remboursement immédiat. En pratique, on sait que certaines banques, par exemple le Crédit mutuel, rechignent plus que d’autres à indemniser leurs clients.
Ne pas oublier le signalement
Il est important de le savoir : il n’est pas obligatoire de déposer une plainte auprès du commissariat pour obtenir le remboursement intégral de sa banque. Il suffit de déclarer à cette dernière le montant des transactions frauduleuses. En revanche, il est important de signaler le délit auprès de la plateforme Perceval (1) de la gendarmerie nationale. Cette dernière centralise l’ensemble des déclarations de fraudes réalisées en France, ce qui simplifie l’action des enquêteurs. En outre, après signalement, la plateforme délivre immédiatement une attestation que l’on peut transmettre à sa banque pour simplifier ses démarches.
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(1) https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/R46526
Sandrine Girollet
Observatoire de la consommation