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Poêles anti-adhésives

La substance qui fait tache

Suite à l'alerte lancée par le Réseau Environnement Santé sur l'acide prefluorooctanoïque (PFOA), la firme DuPont de Nemours (Téflon) a décidé de ne plus utiliser cette substance pour le revêtement de ses poêles anti-adhésives.

Faut-il jeter tous ses ustensiles de cuisine anti-adhésifs et les remplacer par de la fonte ou de l'inox ? Pour le Réseau Environnement Santé (RES), cela ne fait aucun doute. Ce réseau, qui regroupe des ONG, des scientifiques, des professionnels de santé et des citoyens, a récemment relancé le débat sur l'acide prefluorooctanoïque (PFOA), un composé perfluoré (atomes de carbone et de fluor) utilisé dans la fabrication des poêles antiadhésives, en raison de ses propriétés hydrofuges et oléofuges. On le retrouve aussi dans certains emballages alimentaires, les moquettes antitaches, les vêtements imperméabilisés, les lubrifiants et cires pour sols et voitures, etc.

Une étude menée par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) a révélé la présence de PFOA dans le sang de 98 % des Américains, et donc, vraisemblablement, dans un pourcentage similaire des Français. Or le PFOA est classé par l'Union européenne parmi les substances à risque de provoquer pendant la grossesse des effets néfastes pour l'enfant. Il est également considéré comme nocif par inhalation et par ingestion, et créateur possible d'effets irréversibles. Selon des études récentes réalisées au Danemark, il provoquerait notamment une baisse de la qualité du sperme.

Suite à l'alerte lancée par le RES, la firme DuPont de Nemours qui détient la marque déposée Téflon a annoncé sa décision de ne plus fabriquer ni utiliser le PFOA pour les revêtements antiadhésifs de ses ustensiles de cuisine d'ici 2015, ou plus tôt dans la mesure du possible. Elle a d'ailleurs commencé depuis 2009 à expérimenter une nouvelle technologie qui n'y fait pas recours.

Dix ans dans l'organisme

La firme ne veut pas pour autant jeter le discrédit sur le PFOA et note que « les quantités de PFOA contenues dans les ustensiles de cuisine et autres objets domestiques sont si faibles que le risque d'exposition des consommateurs est négligeable ». Un constat qui s'appuie sur l'avis prononcé par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). Suite à la saisine de l'UFC-Que Choisir, l'Afssa a estimé en effet que l'exposition au PFOA « dans des conditions réalistes d'utilisation » est 600 fois inférieure à la dose journalière tolérable et que l'exposition par l'eau ou par le poisson est négligeable.

Des conclusions contestées par le RES, qui souligne l'importance de ne pas limiter l'impact sanitaire du PFOA à la seule ingestion de résidus, notamment au cours de la cuisson des aliments. Et surtout de prendre en compte les effets conjugués de tous les composés perfluorés comme, par exemple, le perfluorooctane sulfonate (PFOS), interdit depuis 2008 en Europe mais dont la durée de vie dans l'environnement et l'organisme, comme celle du PFOA, est estimée à 10 ans environ.

Florence Humbert

Florence Humbert

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