ACTUALITÉ
Pouvoir d’achat (janvier 2024)

Énergie : le calme avant la tempête ?

L’inflation se dégonfle progressivement, avec une hausse globale des prix sur 1 an de seulement 4,3 % en janvier, d’après nos relevés. L’alimentation est globalement stable depuis 9 mois, et les carburants reculent grâce à la baisse du cours du pétrole. Mais des hausses sont constatées ou attendues sur d’autres postes, en particulier l’électricité.

Les ménages peuvent-ils enfin espérer une stabilisation de leurs factures ? L’inflation globale s’établit à 4,3 % en ce mois de janvier 2024 par rapport à janvier 2023, selon nos relevés. Certains postes comme l’auto, l’habillement, le logement ou les loisirs affichent des hausses modérées. En revanche, les autres demeurent plus soutenues.

Une hausse de l’électricité déconnectée de la réalité

Concernant l’énergie, l’électricité est en forte hausse sur 1 an (+27 % pour le tarif réglementé), et une nouvelle augmentation du tarif réglementé est confirmée au 1er février. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait certifié que ce ne serait « pas plus de 10 % ». Effectivement, ce sera « de 9,8 % sur les tarifs heures pleines-heures creuses et de 8,6 % sur les tarifs de base », a-t-il annoncé sur TF1 le 21 janvier… Autre promesse : il n'y aura pas de hausse en cours d'année, la prochaine aura lieu au 1er février 2025. Pour les foyers, ce sont tout de même de l’ordre de 200 € qui s’ajouteront à une facture moyenne de 1 622 € (soit une consommation annuelle de 8 500 kWh).

Plus précisément, ce qui augmentera, c’est le droit d’accise sur l’électricité effectivement consommée (la taxe TICFE) ‒ tous les ménages la paieront, et pas seulement ceux indexés sur le tarif réglementé. Le projet de loi de finances de 2024 permet qu’elle passe de 1 € à 22,50 €/mégawattheure (MWh) ; elle était à 33,50 € avant l’instauration du bouclier tarifaire, qui l’avait abaissée à 1 €. Le prix de l’électricité lui-même étant actuellement stable en France (voire à la baisse sur le marché mondial), le gouvernement a probablement estimé que c’était le bon moment pour jouer sur la taxe. L’UFC-Que Choisir demande donc « un gel de la fiscalité pour éviter une nouvelle flambée des factures ».

En revanche, les cours mondiaux du pétrole sont en recul depuis le mois de septembre, ce qui explique la baisse des prix des carburants et du gaz ces derniers mois. Pour le gaz, il faudra néanmoins tenir compte du quasi-doublement de la taxe d’accise (ex-TICGN), qui est passée de 8,37 € à 16,37 €/MWh depuis le 1er janvier. Pour un consommateur moyen (soit 12 000 kWh par an), la note serait de 96 € en plus pour une facture globale de 1 260 € annuels. Devraient s’y ajouter des frais de transport et de stockage du gaz plus élevés, de l’ordre de 5 %.

Malheureusement, les tensions croissantes en mer Rouge engendrées par le conflit israélo-palestinien (attaques de cargos par les rebelles Houthis, depuis le Yémen, en soutien au Hamas) suscitent l’inquiétude pour les prochains mois. Le commissaire européen à l'Économie, Paolo Gentiloni, a fait part de sa « préoccupation croissante concernant les risques liés aux tensions géopolitiques » sur l’économie et plus particulièrement l’énergie.

L’alimentation sur un plateau

Depuis le mois de mai dernier, les prix des produits alimentaires sont stabilisés sur un plateau haut (à près de 25 % au-dessus de ceux d’il y a 2 ans, et à +7,4 % par rapport à l’an dernier). Mais les négociations commerciales entre les distributeurs et leurs fournisseurs battent leur plein, les industriels de l’alimentaire demandant des hausses tarifaires pour faire face aux charges croissantes. Ainsi, « la demande moyenne [de hausse de la part] des fournisseurs PME-ETI est de +3,5 % », soulignait la Fédération des entreprises et entrepreneurs de France (FEEF). Les négociations devaient être bouclées le 15 janvier pour les entreprises françaises, mais elles se poursuivent jusqu’au 31 janvier pour les grands groupes internationaux. Michel-Édouard Leclerc, patron du groupe E. Leclerc, tentait d’expliquer, le 15 janvier sur TF1, « qu’il y aurait des baisses » mais « quand même des hausses » sur les produits de grande consommation en 2024, en particulier « tout ce qui est à base d’énergie », à l’instar des produits de boulangerie. Relativisez donc la mise en exergue démesurée, par les enseignes de la distribution, des ristournes appliquées sur quelques produits…

Gare aux primes d’assurances

Le début d’année 2024 est marqué par des hausses conséquentes pour les assurances santé (de l’ordre de +7 % selon nos estimations) mais aussi habitation (du fait de sinistres climatiques plus nombreux) et voiture (pièces plus coûteuses).

Méthodologie

Que Choisir évalue le taux d’inflation mois par mois, à partir de ses propres observations. Pour près de 40 % des dépenses de consommation, nous disposons de données permettant d’évaluer des variations mensuelles de prix, basées sur nos relevés effectués en grandes surfaces (pour l’alimentation, la boisson et l’hygiène-beauté), ainsi que sur les offres tarifaires tirées de nos comparateurs de prix (énergie, carburants, mutuelles, forfaits mobiles, fournisseurs d’accès à Internet, assurances habitation, banques, équipements électroménagers). Chaque prix est ensuite pondéré par la fréquence d’achat et agrégé dans une moyenne générale.

Pour les autres postes de dépenses (loyer, dépenses de logement et de transport, hôtels et restauration, loisirs, habillement et santé), Que Choisir se réfère aux évaluations de l’Insee.

Attention : par convention, les variations de prix sur une période (par exemple pour le mois de mai 2023) sont calculées par rapport à la même période de l’année précédente (le mois de mai 2022). Ceci afin de s’affranchir des mouvements saisonniers des tarifs (par exemple ceux des fruits et légumes, très dépendants de la saison et des conditions de récolte).

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