Élisabeth Chesnais
Qualité de l’eauDes eaux en bouteilles radioactives ?
À partir de 75 eaux de source et 67 eaux minérales analysées, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) vient de dresser un état des lieux très complet de la qualité radiologique des eaux en bouteilles produites dans l’hexagone.
Commençons par la bonne nouvelle. « Les mesures montrent que la qualité radiologique des eaux en bouteilles produites en France est globalement satisfaisante. L’exposition aux rayonnements ionisants résultant de la consommation de ces eaux est minime », c’est la conclusion de la Direction générale de la santé (DGS) et de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), les commanditaires de cette étude.
Mais dans le détail, c’est un peu moins satisfaisant. Certaines eaux en bouteilles sont quelque peu radioactives. 20 eaux minérales et 14 eaux de source, soit 24 %, dépassent la valeur guide de 0,1 becquerel par litre (Bq/l) établie pour l’activité alpha globale et parmi elles, 6 eaux minérales sont au-dessus de la dose totale indicative (DTI) de 0,1 millisievert par an (mSv/an) fixée par la réglementation sur les eaux destinées à la consommation humaine, sachant que cette DTI est établie pour la population adulte, pas pour les enfants. Quelques marques aggravent leur cas en affichant la mention « convient pour la préparation des aliments des nourrissons et la préparation des biberons » alors qu’elles excèdent la valeur de 0,1 Bq/l.
Les eaux en bouteilles qui s’affichent pour nourrissons mais ne leur conviennent pas :
une eau de source : Ondine plate, source Saint-Benoît, produite en région Centre dans le Loiret ;
des eaux minérales : Chambon, produite en région Centre dans le Loiret et Ogeu source du Roy, produite en Aquitaine dans les Pyrénées-Atlantiques.
Les eaux minérales au-dessus de 0,1 mSv/an :
Vichy Saint-Yorre, produite en Auvergne dans l’Allier ;
L’Incomparable, produite en Rhône-Alpes en Ardèche ;
Parot, produite en Rhône-Alpes dans la Loire ;
Puits Saint-Georges, produite en Rhône-Alpes dans la Loire ;
Châteldon, produite en Auvergne dans le Puy-de-Dôme ;
Nessel, produite en Alsace dans le Haut-Rhin ;
Une eau de source atteint cette valeur de 0,1 mSv/an, sans toutefois la dépasser, il s’agit de la marque Cristaline source Saint-Martin, produite en Dordogne.
Et l’eau du robinet ?
Avant cette étude sur les eaux en bouteilles, l’IRSN avait traqué la radioactivité de l’eau du robinet. En 2009, plus de 95 % des prélèvements étaient inférieurs à la valeur guide de 0,1 Bq/l et 99,8 % de la population était alimentée par une eau pour laquelle la DTI était inférieure à 0,1 mSv/an. Des résultats somme toute meilleurs que ceux des eaux en bouteilles.