Cyril Brosset
Vers un déréférencement inédit
Trop de produits vendus sur cette plateforme sont dangereux. La répression des fraudes a demandé son déréférencement des moteurs de recherche, avant peut-être son interdiction pure et simple. Une première en France.
Mise à jour du 6 décembre 2021
Quelques jours après cette annonce, le site Wish n’apparaissait plus dans les pages de résultats des moteurs de recherche et l’application Wish était retirée du Google Playstore. Quant à Wish, il jugeait dans un communiqué cette décision « illégale » et « [dépassant] les prérogatives d’une autorité de surveillance et de régulation ». Il indiquait également intégrer une panoplie d’outils répondant à la nécessité de limiter sur sa plateforme les articles posant problème.
D’ici quelques jours, vous aurez beau rechercher des produits au meilleur prix sur Google ou ailleurs, les articles vendus sur la plateforme Wish ne devraient plus apparaître dans les pages de résultats. Selon nos confrères du journal Le Parisien, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a ordonné aux moteurs de recherche de supprimer tous les liens renvoyant vers ce site. Dans le même temps, l’application Wish devrait aussi disparaître des boutiques d’applications sur mobile.
La DGCCRF justifie sa décision par la présence sur cette plateforme de nombreux produits non conformes, voire dangereux. Sur 140 articles achetés sur Wish dans le cadre d’une campagne de vérification, 90 % des appareils électriques, 62 % des bijoux fantaisie et 45 % des jouets présentaient un danger potentiel pour leurs utilisateurs. La DGCCRF dénonce notamment des défauts électriques, la présence de produits cancérogènes ou d’éléments trop facilement détachables. Suite à une première alerte, les produits incriminés avaient été retirés, mais la plupart étaient réapparus rapidement sous d’autres noms, parfois par les mêmes vendeurs. Face à l’absence de mesures efficaces permettant de bloquer la commercialisation des produits dangereux en France, la DGCCRF a demandé aux moteurs de recherche de déréférencer la plateforme basée aux États-Unis. Une mesure inédite en France pour un site de cette ampleur.
Des problèmes connus depuis longtemps
Wish ne va toutefois pas disparaître complètement d’Internet. Il sera toujours possible d’accéder au site en tapant son URL dans la barre d’adresse de son navigateur ou en cliquant sur l’une des nombreuses publicités présentes sur Internet. Quant à ceux qui ont téléchargé l’application Wish, ils pourront continuer à l’utiliser normalement. Mais Wish sera moins visible. Et ce n’est peut-être qu’un début. Sur France Info mercredi matin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire menaçait de bloquer l’accès au site sur le territoire français si rien n’était fait.
À l’UFC-Que Choisir, Wish, on connaît ! Dès le début, nous avons suivi avec une certaine circonspection l’ascension fulgurante de cette plateforme de e-commerce spécialisée dans la vente de gadgets bas de gamme, le plus souvent en provenance directe d’usines chinoises. En 2018, nous dénoncions déjà la présence de produits dangereux ou contrefaits, de fausses promotions, d’allégations mensongères et d’avis trafiqués. En février 2020, nous relayions une étude du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc), dont fait partie l’UFC-Que Choisir, révélant que sur 250 produits achetés sur des marketplaces, dont Wish, les deux tiers s’étaient révélés potentiellement dangereux. Et pour couronner le tout, Wish arrive régulièrement en queue de notre comparateur des sites marchands. Les cyberacheteurs sont très nombreux à dénoncer des retards de livraison, des descriptions qui ne correspondent pas à la réalité des produits et un rapport qualité-prix pas si bon que cela au final. Reste à savoir le déréférencement annoncé aura bien lieu et, si tel est le cas, s’il permettra vraiment d’améliorer la situation.