
par Grégory Caret
par Grégory Caret
Les tarifs des carburants sont scrutés à la loupe par les consommateurs. Entre grandes surfaces alimentaires et stations-services gérées par les groupes pétroliers, la guerre des prix fait rage. Si les pompes sur autoroutes affichent des coûts prohibitifs, s’y approvisionner demeure parfois difficilement contournable.
En moyenne, chaque année, un véhicule essence consomme 700 litres de carburant et un diesel, 800 litres. Cela représente, aux tarifs de mars 2025, une dépense annuelle moyenne de 1 200 € pour une motorisation essence ou de 1 300 € pour un diesel.
Pour un ménage « gros rouleur », les carburants peuvent constituer jusqu’à 5 % des dépenses par an ! Mais où faire le plein dans un contexte où les prix des carburants tutoient encore les sommets ?
En France, le territoire métropolitain compte plus de 6 500 stations-services, dont 4 % sont situées sur des autoroutes. Elles sont le plus souvent gérées par des groupes pétroliers (50 %) ou par les enseignes de la grande distribution (43 %). Les 7 % restants appartiennent aux indépendants, qui peinent à se maintenir dans ce duel de géants, avec une offre en constante diminution.
Si on recherche le meilleur prix, les grandes surfaces sont souvent à privilégier même si, au sein de cette catégorie de distributeur, les différences peuvent être marquées. En moyenne, le carburant se paie 4 % moins cher que dans une station-service de pétrolier (Total, Esso, BP, etc.), et 3 % moins cher que chez un pompiste indépendant.
Écart de prix selon le carburant (E10 ou gazole)
La grande distribution, depuis plusieurs années, a fait des carburants un puissant produit d’appel. En proposant un carburant au meilleur prix (voire à prix coûtant), un supermarché attire non seulement en magasin une clientèle plus nombreuse mais renforce aussi son image d’enseigne à bas prix. Illustration de ce succès, les carburants représentent aujourd’hui jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires de ces enseignes alimentaires (1).
Les enseignes de la grande distribution n’appliquent pas toutes la même stratégie en matière de prix des carburants.
Leclerc, Système U, Cora, Auchan, Match et Intermarché affichent les tarifs les plus bas du marché national. Ces derniers tiennent dans un mouchoir de poche, avec moins de 2 centimes d’écart pour l’E10 ou le gazole.
Carrefour et Carrefour Market sont moins compétitifs : les coûts à la pompe sont en moyenne 3 à 6 centimes par litre au-dessus de ceux de leurs concurrents.
Casino, pas vraiment connu pour sa politique de prix bas, ferme la marche de notre classement avec des carburants coûtant 15 à 20 centimes par litre plus cher que chez ses concurrents les plus compétitifs.
Parmi les enseignes des groupes pétroliers, les stations en libre accès Total Access ou Esso Express proposent les prix les plus bas. L’offre de service y est réduite à l’essentiel (paiement par carte, absence de personnel), mais les tarifs se rapprochent de ceux des grandes surfaces les plus compétitives. Lancées pour contrecarrer la domination de la grande distribution, ces stations se sont développées rapidement, jusqu’à représenter aujourd’hui un quart du parc des stations-services qui ne relèvent pas de la gestion de la grande distribution alimentaire.
Les indépendants (plus de 500 stations) proposent des prix à peine plus élevés, 5 à 10 centimes au-dessus des supermarchés les plus concurrentiels.
Enfin, les carburants des autres stations-services des groupes pétroliers (hors libre accès) affichent des coûts homogènes mais nettement supérieurs à ceux de la grande distribution. Ces distributeurs peuvent en outre proposer des cartes avantages pour fidéliser leur clientèle.
En bas de classement, Shell pratique des tarifs nettement plus élevés que ses concurrents.
Si vous devez emprunter l’autoroute, vous paierez votre carburant au prix fort. Pour l’E10 ou le gazole, l’écart de prix avoisine en moyenne 20 centimes par litre par rapport à une grande surface, soit un surcoût de 8 € pour un plein de 40 litres. Les professionnels justifient ces écarts par des coûts de service inhérents à leurs contrats avec les concessionnaires d’autoroute (présence de personnel 24 h/24, 7 j/7, services de restauration et sanitaires obligatoires).
Nouveauté non négligeable, les enseignes de la grande distribution font une timide entrée, avec une introduction au compte-goutte : 8 stations d’autoroute portent leurs noms, sur les 213 existantes ! Dommage, car au final, on y paie son carburant 6 % moins cher.
(1) L’année dernière, Intermarché a généré 11 Mds€ de chiffre d’affaires (CA) pour les carburants sur un CA global de 40 Mds€, soit 27 %. Cette proportion s’établissait à 24 % pour Leclerc en 2018.
Grégory Caret
Observatoire de la consommation
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