Élisa Oudin
Contacté en tant que bénéficiaire ? Prudence
Le plus souvent, les héritiers doivent effectuer eux-mêmes la démarche pour retrouver les sommes non réglées. Il arrive cependant que l’on soit contacté. Comment réagir et éviter les arnaques ?
« J’ai reçu l’appel d’un généalogiste m’informant qu’une assurance vie au nom de ma mère avait été retrouvée par une compagnie. Dans un premier temps, j’ai eu communication d’un montant de 136 000 €, puis de l’existence de frais à régler sur la somme. Et, enfin, de la nécessité de faire une avance de 9 859 € pour débloquer les fonds. C’est là que j’ai commencé à m’inquiéter… apparemment à juste titre », rapporte Sylvie, 64 ans. En pratique, il est parfaitement possible d’être contacté en tant que bénéficiaire par un professionnel sérieux : service gestion des bénéficiaires d’une compagnie d’assurances, notaire, généalogiste ou encore avocat… Néanmoins, de nombreux escrocs n’hésitent pas à se faire passer pour l’un de ces experts. Et, sous prétexte de frais à régler afin de récupérer le pécule, à réclamer le versement de plusieurs centaines, voire milliers d’euros. Comment faire la différence ? Éléments de réponse.
Se renseigner auprès d’un ordre ou d’une association professionnelle
Avocats et notaires appartiennent à des professions réglementées, leurs noms figurent sur les listes des ordres professionnels. On peut les consulter sur le Web.
- Pour les notaires, sur Notaires.fr/fr/directory.
- Pour les avocats, en recherchant par département (exemple : Barreau-bordeaux.avocat.fr/annuaire/ pour l’ordre des avocats de la Gironde).
- Il n’existe pas d’ordre des généalogistes, ces derniers n’appartenant pas à une profession réglementée. On peut cependant s’informer auprès de l’association Généalogistes de France. Reconnue par les pouvoirs publics, elle regroupe plus de 90 % des professionnels de ce secteur.
Enfin, retenez ces deux conseils :
Ne payez aucuns frais à l’avance
Jamais un professionnel sérieux ne vous réclamera de frais à l’avance. Si des sommes doivent être réglées (impôts, par exemple), elles seront prélevées sur les sommes récupérées.
Consultez la liste noire des escrocs
Une avocate, spécialisée en droit des successions, effectue un important travail de recensement des faux cabinets de généalogistes et d’avocats, soi-disant experts en droit des successions. Prenez le temps de consulter son site Internet, car il est plus qu’instructif : Lacan-avocat.com/attention-faux-cabinets-davocats-expert-heritage.
Quels sont ces limiers sur la trace des bénéficiaires ?
Deux types de professionnels se consacrent à la recherche d’héritiers : les généalogistes et les enquêteurs privés.
Les premiers travaillent régulièrement avec les notaires dans le cadre de successions. Faute de diplôme de généalogiste proprement dit, les spécialistes sérieux effectuent en principe des études universitaires (en histoire ou en droit), souvent suivies d’un diplôme de bachelor en généalogie successorale.
Les seconds doivent obtenir un diplôme universitaire bac +2 (de droit, en général) et, idéalement, une licence spécialisée en enquête privée. Leur cœur de métier : rassembler un maximum d’informations et de preuves pour localiser une personne. D’où de fréquents déplacements, y compris à l’étranger.
Mais des généalogistes successoraux effectuent aussi ce travail. De même, un certain nombre d’enquêteurs privés maîtrisent le droit des successions. Ainsi, en pratique, les « bons » généalogistes et enquêteurs privés utilisent des méthodes assez proches pour retrouver les bénéficiaires : consultation des fichiers non accessibles au grand public (registres d’état civil, fichiers fiscaux, fonciers, électoraux, des pompes funèbres, etc.) et des archives. Ils combinent ces éléments avec les données accessibles via les réseaux sociaux et, au besoin, réalisent des vérifications sur place, retrouvent et interrogent des témoins, etc.
François-Xavier du Besset
Valérie Barrès-Jacobs