CONSEILS
Problèmes urinaires

Comment lutter contre la rétention urinaire

La rétention urinaire, qui se manifeste par des difficultés à uriner, peut prendre une allure extrêmement douloureuse dans sa forme aiguë ou passer presque inaperçue dans sa forme chronique.

Des difficultés pour évacuer votre urine ? Vous n’êtes pas un cas isolé, surtout si vous êtes de sexe masculin ! Ce trouble de la miction appelé dysurie touche dix fois plus souvent les hommes que les femmes. Derrière cette incapacité à vider totalement ou partiellement sa vessie peuvent se cacher de nombreuses maladies qui doivent être découvertes et traitées afin d’éviter des complications parfois graves. La vessie constitue un sas protecteur qui communique, en amont, avec les uretères et les reins et, en aval, avec l’extérieur par l’intermédiaire de l’urètre. Un bon fonctionnement de la vessie assure une protection du haut appareil urinaire et de la fonction rénale. Bien qu’il ne soit pas toujours aisé de se confier au sujet de sa façon de faire pipi, il est important de parler à son médecin en cas de troubles.

J’ai en permanence des difficultés à uriner

Aucune douleur n’est ressentie mais, malgré un véritable besoin d’uriner, la miction est lente, difficile, avec un jet urinaire sans pression qui oblige à pousser pour essayer de vider sa vessie. Ces signes laissent présager une rétention urinaire chronique.

Les symptômes peuvent évoluer si progressivement et à « bas bruit » que cette maladie passe parfois inaperçue. Il est important cependant de trouver la cause de ce problème car, à plus ou moins long terme, des complications peuvent apparaître. Une vessie qui ne se vide pas complètement favorise le développement des bactéries et donc des infections urinaires récidivantes, et expose à un risque d’incontinence par regorgement (voir encadré).

En cas de rétention longuement négligée, la vessie peut même se distendre. Les spécialistes emploient alors le terme de « vessie claquée » pour caractériser cette vessie trop dilatée ne pouvant plus se contracter. À un stade encore plus avancé, une dilatation des uretères et du rein peut apparaître et entraîner une insuffisance rénale aiguë ou chronique.

Les circonstances

Chez l’homme, dans la majorité des cas, c’est une hypertrophie bénigne de la prostate, aussi appelée adénome, qui est responsable de cette rétention (seule une petite partie des hommes atteints d’hypertrophie font de la rétention). Située sous la vessie, la prostate est une glande composée de deux lobes entourant l’urètre, le canal d’évacuation des urines. Son augmentation de volume est un phénomène physiologique lié au vieillissement, et non une maladie. Mais cela peut comprimer l’urètre et empêcher la vessie de se vider normalement. L’écoulement du flux des urines peut aussi être perturbé mécaniquement par un rétrécissement de l’urètre (sténose urétrale) ou du col de la vessie, l’orifice par lequel les urines passent dans l’urètre.

Chez la femme, une descente d’organe (prolapsus) ou une tumeur pelvienne sont des causes possibles.

Chez les personnes atteintes d’une sclérose en plaques, de la maladie de Parkinson ou encore d’un traumatisme de la moelle épinière, c’est souvent un défaut de la commande nerveuse de la vessie qui empêche d’uriner correctement.

Que faire ?

Aller consulter, même si la gêne est peu importante. En parler à son médecin, c’est diminuer les risques d’être un jour confronté à un épisode aigu (voir plus bas). Selon les cas, le médecin pourra demander un examen pour affiner le diagnostic :

  • un bilan urodynamique, en particulier quand une cause neurologique est évoquée pour préciser le fonctionnement de la vessie ;
  • une débimétrie mictionnelle, qui établit le volume d’urine émis en fonction du temps ;
  • une échographie postmictionnelle, pour évaluer le résidu d’urine dans la vessie ;
  • une fibroscopie urétrovésicale, qui permet d’explorer l’urètre, la vessie et la prostate.

Rétention, incontinence ou incontinence par rétention ?

L’incontinence et la rétention sont deux problèmes complètement opposés. Pour faire simple, l’incontinence est la difficulté à retenir les urines alors que la rétention est la difficulté à les expulser. Pourtant, les signes peuvent parfois être confondus. Lors d’une rétention urinaire, la vessie ne se vide pas complètement. Le corps continue de produire plus d’urines qu’il n’en est rejeté à chaque miction. Finalement, l’accumulation des urines dans la vessie va dépasser sa capacité à les retenir, entraînant une... fuite. Cette fuite d’urines est alors diagnostiquée comme incontinence alors qu’elle est due à un problème de rétention ! Un interrogatoire sur les circonstances de survenue du trouble ainsi que, si besoin, une échographie postmictionnelle permettra d’orienter le diagnostic.

Tout à coup, je ne peux plus uriner du tout

Une impossibilité soudaine et douloureuse à vider volontairement sa vessie évoque une rétention urinaire aiguë.

La capacité de la vessie est variable d’un individu à l’autre mais, en général, l’envie d’uriner est déclenchée à environ 300 ml de remplissage pour un homme adulte. Si la miction est impossible, la vessie poursuit son remplissage permanent (60 ml/h) sans se vider. C’est la mise en tension brutale du muscle vésical (détrusor) qui provoque la douleur. C’est une situation courante chez l’homme et la fréquence augmente avec l’âge.

Les circonstances

Une telle rétention urinaire peut survenir dans la période qui suit une intervention chirurgicale (rectum, par exemple), notamment dans le contexte d’une anesthésie péridurale. Elle peut être due à une forte constipation : un fécalome (amas de selles dures piégées dans le rectum) qui va comprimer les voies urinaires et rendre la miction impossible. Sont aussi en cause une forte alcoolisation ou encore la prise de certains médicaments (voir encadré). Elle peut survenir après s’être retenu longtemps d’uriner, après un long voyage par exemple.

Toutefois, dans la grande majorité des cas, cette rétention urinaire aiguë n’est que l’évolution naturelle d’une hypertrophie bénigne de la prostate trop longtemps ignorée (50 à 70 % des cas selon les études).

Chez la femme, les principales causes d’une rétention urinaire aiguë sont une descente anormale de la vessie dans la cavité pelvienne (prolapsus), les suites immédiates d’un accouchement par étirement des nerfs de la vessie ou d’une chirurgie de l’utérus.

Bon à savoir. Parfois, les signes sont trompeurs, notamment chez la personne âgée. Ainsi, une agitation ou une confusion ainsi qu’une insuffisance respiratoire ou rénale aiguë ou encore une incontinence urinaire par regorgement doivent alerter.

Que faire ?

Aller consulter très rapidement. Il s’agit d’une urgence urologique. L’intensité de la douleur est là pour le rappeler ! Le diagnostic de rétention urinaire aiguë est habituellement facile, la palpation de la vessie amplifie la douleur et l’envie d’uriner. Pour soulager rapidement et efficacement, une seule solution : vider la vessie par la pose d’une sonde urinaire ou d’un cathétérisme sus pubien (petit tuyau placé sous anesthésie locale à travers la paroi abdominale dans la vessie, relié à une poche collectrice) provisoire ou maintenu pendant plusieurs jours.

J’ai des difficultés à uriner dans certaines situations

À la maison, dans un endroit connu, à l’abri des regards, au calme, la miction ne pose aucun problème. Par contre, elle est difficile voire impossible quand le temps presse, lors d’une émotion, d’un stress, quand une possibilité réelle ou imaginaire existe d’être vu ou entendu par les autres. Ces signes évoquent une parurésie, encore appelée « vessie timide » ou rétention urinaire psychogène.

Les circonstances

L’idée que d’autres personnes puissent « partager » ce moment intime est une source d’angoisse pouvant aller jusqu’à la phobie. Ce trouble dit d’anxiété sociale peut débuter à tout âge et touche principalement le sexe masculin.

Des études suggèrent que jusqu’à 7 % de la population pourrait être concernée, mais il est difficile de connaître la vraie proportion de personnes touchées tant ce trouble est souvent gardé secret. Ce chiffre pourrait être encore plus élevé.

Le risque est que cette phobie évolue et finisse par priver d’une vie normale. Le quotidien est rythmé par les impératifs qu’impose la parurésie : finis les voyages, les sorties, les soirées chez les amis par peur de devoir aller aux toilettes. Pour éviter toute situation gênante, mensonges et stratagèmes compliqués sont élaborés et isolent de plus en plus la personne. Sans compter que se retenir ainsi d’uriner pendant des heures est très mauvais pour la vessie et augmente les risques d’infection.

Que faire ?

La souffrance psychologique est souvent importante, même si la personne reconnaît le caractère irrationnel de sa phobie. La cause est généralement liée à un traumatisme : l’éducation, l’école, un choc, des moqueries, etc. La personne associe un événement négatif aux toilettes. Connaître l’origine exacte de ce blocage peut permettre d’analyser la phobie dont on souffre, mais cela n’améliore pas forcément la situation. Une thérapie adaptée à l’aide d’un professionnel de santé et la participation à un groupe de parole aident généralement à surmonter ce handicap.

Les médicaments : une cause de difficulté à uriner

De nombreux médicaments sont susceptibles d’engendrer une difficulté à uriner, voire une impossibilité totale. L’association de plusieurs médicaments additionne leurs effets, y compris leurs effets indésirables, et majore donc le risque de troubles de la miction. Certaines personnes sont plus sensibles que d’autres, notamment celles qui souffrent déjà de troubles pouvant agir sur l’évacuation de l’urine. À ce titre, les hommes ayant une hypertrophie bénigne de la prostate doivent être particulièrement vigilants.

Attention, les médicaments administrés par voie inhalée peuvent aussi entraîner une difficulté à uriner. Les spécialités en vente libre visant à traiter le rhume (décongestionnants nasaux), déjà maintes fois dénoncées par Que Choisir pour leur balance bénéfices-risques défavorable, provoquent également cet effet indésirable.

Effet excessif

Les personnes traitées pour une incontinence urinaire par impériosité avec des médicaments ayant un effet atropinique (antispasmodiques urinaires) peuvent avoir comme effet indésirable une difficulté mictionnelle !

Molécules (Dénomination commune internationale)Noms de spécialités
Antalgique 
NéfopamAcupan
Antiarythmique 
DisopyramideIsorythm, Rythmodan
Antidiarrhéique 
LopéramideImodium
Antidépresseurs imipraminiques 
AmitriptylineLaroxyl
Clomipramine...Anafranil…
Antiémétiques 
MétoclopramideAnausin
MétopimazineVogalène
Antihistaminiques H1 sédatifs 
AlimémazineThéralène
DoxylamineDonormyl
Prométhazine...Phénergan...
Antiparkinsoniens 
AmantadineMantadix
BipéridèneAkineton
TrihexyphénidyleParkinane
TropatépineLepticur
Antispasmodiques 
AtropineAtropine
ScopolamineScoburen, Scopoderm
TiémoniumColchimax
Antispasmodiques urinaires 
FésotérodineToviaz
FlavoxateUrispas
OxybutynineDitropan
SolifénacineVesicare
ToltérodineDetrusitol
TrospiumCeris
Antitussifs 
ChlorphénamineBroncalène
OxomémazineToplexil
PimétixèneCalmixène
Bronchodilatateurs 
GlycopyrroniumSeebri Breezhaler
IpratropiumAtrovent
TiotropiumSpiriva
UméclidiniumAnoro, Incruse
Collyres mydriatiques (qui dilatent la pupille) 
CyclopentolateSkiacol
PhényléphrineNéosynéphrine
TropicamideMydriaticum
Neuroleptiques 
ChlorpromazineLargactil
ClozapineLeponex
CyamémazineTercian
LoxapineLoxapac
OlanzapineZypressa
PimozideOrap
Vasoconstricteurs (décongestionnants des voies nasales) 
OxymétazolineAturgyl, Pernazène
NaphazolineDerinox
PseudoéphédrineActifed, Dolirhume, Humex, Nurofen, etc.
TuaminoheptaneRhinofluimucil
Emmanuelle Billon-Bernheim

Emmanuelle Billon-Bernheim

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