Arnaud de Blauwe
Mieux vaut s’y prendre tôt !
Pendant des années la SNCF a martelé ce slogan : « Plus on réserve son billet tôt, plus le prix du billet sera intéressant. » Message caché : plus on se rapproche de la date du départ, plus il augmente. Ce discours se fait moins insistant aujourd’hui. Peut-être parce que la SNCF a progressivement mis en place des ventes de dernière minute à petits prix, notamment sur son site Internet. Mais, dans le même temps, n’aurait-elle pas discrètement modifié sa politique, en modulant davantage ses tarifs « classiques » dans les semaines qui précédent le départ ? Nous avons cherché à le vérifier.
Le scénario
Nous avons ciblé 79 liaisons TGV et 16 liaisons Intercités. Pour chacune d’elles, nous devions relever les prix d’un billet « loisir » sans réduction avec départ le jeudi 26 janvier sur le premier train disponible à partir de 9 h. Les tarifs ont été relevés à cinq reprises entre six semaines avant la date du départ et la veille de celui-ci.
Les résultats
Disons-le d’emblée, l’analyse des résultats indique qu’il faut continuer d’acheter ses billets « loisir » le plus tôt possible. Même si la tarification de la SNCF n’est plus basée sur le kilométrage, l’évolution du prix au kilomètre dans les semaines qui précèdent le voyage le résume bien. Entre le premier et le dernier relevé, toutes liaisons confondues, il passe de 0,11 à 0,18 € pour les TGV et de 0,09 à 0,14 € pour les Intercités. Autre constat, toutes les destinations étudiées n’ont pas subi les mêmes variations. Les prix de certains billets n’ont pas bougé tout au long des six semaines, tandis que d’autres ont varié du simple au double, voire davantage. En revanche, les prix n’ont jamais baissé !
Pour les TGV
En moyenne, pour les 79 destinations, le billet a augmenté de 58 % entre le premier et le dernier pointage. Le prix est resté stable pour dix destinations (Avignon-Nice à 62 €, par exemple). Il a progressé de 10 à 50 % pour 24 d’entre elles (+ 36 % pour Paris-Quimper, soit 20 € de plus, + 18 % sur Paris-Nice, soit 12 € de plus…). Pour 37 destinations, la hausse est comprise entre 50 et 100 % (+ 72 % pour Paris-Grenoble et un billet qui passe de 53 à 91 €, + 97 % pour Paris-Metz et un billet qui grimpe de 39 à 77 €…). Enfin, pour 8 liaisons sur 79, les prix ont plus que doublé. La palme revenant à l’Eurostar Paris-Londres avec un bond qui peut aller jusqu’à 321 %, soit un billet renchéri de 180 € !
Pour les Intercités
Si certains tarifs comme Paris-Maubeuge ne bougent pas au fil des semaines, certains augmentent sensiblement. Entre nos deux relevés « extrêmes », la hausse est de 100 % pour Bordeaux-Agen, de 29 % sur Toulouse-Marseille, de 44 % sur Paris-Le Havre…
En résumé, s’il faut toujours réserver assez longtemps avant le départ pour obtenir les tarifs les plus intéressants, leur évolution est très variable selon les destinations. Une tarification à la carte en quelque sorte (dans le jargon, on parle de yield management), la SNCF tenant compte de divers paramètres pour faire bouger ses prix (niveau des réservations, concurrence d’autres modes de transport sur le trajet considéré…).
Isabelle Bourcier
Observatoire de la consommation