Audrey Vaugrente
TramadolUn antidouleur à prendre avec prudence
Le tramadol est la substance opioïde la plus délivrée en France (près de 6 millions de patients) et la plus impliquée dans les hospitalisations et les décès par overdose ou intoxication accidentelle (1). Malgré de nombreux cas de dépendance, il reste efficace contre certaines douleurs aiguës et chroniques, et le plus souvent sûr à condition de le prendre avec précaution.
Éviter les confusions
La règle est simple : il ne faut pas dépasser 400 mg de tramadol par jour. Mais, selon la formulation, le rythme des prises va du simple au quadruple. Un vrai casse-tête tant les formes varient (voir tableau ci-dessous).
Respecter la prescription
Il faut suivre à la lettre la prescription et ne jamais modifier la dose sans avis médical, même si la douleur n’est pas calmée. Respecter sa durée est aussi essentiel. Si vous ressentez le besoin d’augmenter les doses ou la fréquence des prises, consultez à nouveau votre médecin.
L’usage du tramadol ne doit pas être banalisé. Cet opioïde puissant peut avoir des effets indésirables graves. Il est contre-indiqué dans plusieurs cas (insuffisance respiratoire ou rénale, épilepsie, etc.). Il ne doit donc pas être pris en automédication, ni pour soi ni pour ses proches.
Limiter le risque de dépendance
Comme tout opioïde, le tramadol peut rendre dépendant. Le corps s’y habitue et y devient moins sensible. Il lui faut des doses plus élevées. Inévitable, cette tolérance favorise un mésusage ou une addiction (une perte de contrôle) et leurs complications (surdose, hospitalisation). Sur le plan psychologique, la molécule a des effets secondaires « positifs » (bien-être, euphorie, effet stimulant, etc.) pouvant avoir les mêmes conséquences. Demandez un suivi rapproché à votre médecin si vous avez l’impression de vous accoutumer au tramadol.
Avant la prescription, mieux vaut faire le bilan. Êtes-vous prédisposé au mésusage ? Avez-vous des antécédents (personnels ou familiaux) de troubles psychiatriques ou d’addiction ? Si oui, parlez-en. Vous êtes plus à risque d’utiliser le tramadol pour calmer une anxiété et non la douleur. Signe de dépendance, la perte d’efficacité en fin de dose. La douleur revient plus tôt, des symptômes de sevrage apparaissent, par exemple. Changer de molécule est une des solutions, avec le suivi médical. En cas de douleur chronique, les formes à libération prolongée, qui soulagent avec moins de prises, sont à préférer.
Prévenir le syndrome de sevrage
L’arrêt du traitement est un moment clé. Le syndrome de sevrage, dû à la dépendance physique, n’est pas rare (une personne sur deux qui en a souffert a respecté les doses), il est pourtant sous-estimé. Ses symptômes sont variés : insomnie, irritabilité, troubles digestifs, douleurs, etc. Parfois, le patient ne parvient pas à arrêter le traitement par leur faute. Anticiper avec son médecin est conseillé pour limiter le risque. Les doses sont réduites par étapes afin de déshabituer l’organisme. Ce processus prend un temps variable, selon la durée du traitement.
(1) « État des lieux de la consommation des antalgiques opioïdes et leurs usages problématiques », Agence nationale de sécurité du médicament, 20/02/19.