Micaëlla Moran
Accidents de la vie couranteIl est urgent d’agir !
Bis repetita ! Comme en 2010, le Collectif interassociatif de lutte contre les accidents de la vie courante (Clac) – dont fait partie l’UFC-Que Choisir – dépose sa candidature pour obtenir le label « grande cause nationale » en 2013. Si elle aboutissait, cette initiative permettrait d’organiser une campagne nationale d’information destinée à lutter contre un fléau à l’origine de 20 000 décès chaque année.
Quand on veut, on peut. Statistiques à l’appui, le Dr Bertrand Thélot de l’Institut national de veille sanitaire (InVS) a prouvé que les 20 000 décès annuels n’étaient pas une fatalité et qu’il n’y avait pas que dans les hôpitaux que l’on sauvait des vies. Ainsi, chez les moins de 15 ans, on est passé de 1 200 à 220 décès/an entre 1979 et 2006, soit 1 000 vies sauvées même si on déplore encore 5 décès/semaine… Autre exemple, en 30 ans, les électrocutions ont fait 100 victimes de moins grâce à l’adoption de fiches électriques sûres.
Toutes les tranches d’âges sont concernées. Que l’on parle de chutes (défenestration d’enfants, bricoleurs tombant d’une échelle instable, personnes âgées se prenant les pieds dans le tapis…), de noyades (bébé dans la baignoire, enfant dans la piscine familiale, adolescent pratiquant un sport ou senior présumant de ses forces…), d’intoxications ou de brûlures.
De nécessaires campagnes de sensibilisation
La faute à qui, à quoi ? Ces accidents sont souvent dus à des comportements imprudents, mais pas uniquement. Et à Que Choisir, nous sommes bien placés pour savoir que des produits à risque sont à l’origine d’accidents graves et de décès ! Nous les repérons lors de nos tests, nos lecteurs nous en signalent aussi. Dès 1996 nous avons d’ailleurs créé une banque de données pour recenser tous les produits dangereux rappelés par les fabricants ou les pouvoirs publics. Aspirateurs, automobiles, poussettes, tondeuses, vélos, shampooing, peluches… la liste est longue et variée. Et nous nous battons aussi pour améliorer la réglementation, comme celle sur l’inflammabilité des canapés, que nous attendons toujours.
Espérons que le Clac décrochera ce label « grande cause nationale ». Le sujet mérite une campagne d’envergure nationale pour que tous – consommateurs, fabricants, hommes politiques – prennent conscience de l’ampleur du phénomène. 20 000 décès, c’est 5 fois plus que les 4 000 provoqués par la route. 11 millions de personnes sont victimes chaque année d’un accident domestique ou de loisirs. C’est 30 000 par jour... Ces accidents ne sont pas une fatalité. Une campagne bien conçue peut sauver de nombreuses vies, éviter de nombreuses séquelles. Et elle ne devra pas seulement mettre l’accent sur le comportement du consommateur, car ce serait voir le problème par le petit bout de la lorgnette… Alors une campagne, oui, mais une campagne bien pensée. Et vite !