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Actes médicaux

Pour une médecine plus efficace

Mieux soigner, et, au passage, faire quelques économies : c’est le sens de la chasse aux actes médicaux inutiles que relance la Fédération hospitalière de France (FHF). Elle suggère plusieurs pistes pour changer les mauvaises habitudes.

La Fédération hospitalière de France (FHF) part en guerre contre les actes médicaux inutiles. Un travail de plusieurs mois l’a amenée à en identifier un certain nombre qui non seulement n’ont pas d’intérêt dans la prise en charge du patient, mais coûtent cher à l’Assurance maladie. Exemple typique : la radiographie simple du crâne. Elle est sans pertinence lors de traumatismes légers sans autres signaux d’alarme. Et pour des chocs plus graves, des examens plus poussés sont nécessaires. Pourtant, en dépit de l’évidence et de recommandations officielles sans ambiguïté, 900 000 radios du crâne sont encore réalisées chaque année, pour un coût estimé à 30 millions d’euros. De la même façon, la FHF, par la voix du Pr René Mornex, qui a piloté l’étude, s’étonne qu’on s’obstine à dépister le cancer du sein ou de la prostate chez les personnes de plus de 75 ans : à la moindre tumeur détectée, elles basculent dans l’univers du cancer, traitements lourds et effets secondaires compris, alors même que la maladie évolue lentement passé un certain âge. L’étude pointe aussi des disparités surprenantes : les cliniques privées commerciales pratiquent nettement plus de césariennes que les établissements publics. Et les coronaro-angioplasties (un dispositif pour prévenir les crises cardiaques) sont beaucoup plus courantes dans la Nièvre que dans le Rhône.

De bonnes raisons peuvent expliquer les dérives et les différences, notamment régionales. Si on opère peu la cataracte en Lozère, peut-être est-ce lié au manque d’ophtalmologistes dans le département… C’est pourquoi, dans le lot de mesures que propose la FHF, figure l’organisation de « conférences de consensus » régionales : il s’agit de réunions où les médecins, notamment spécialistes, se mettent d’accord sur la meilleure façon de traiter les différentes pathologies. Mais les principales pistes suggérées ont pour but de corriger les effets pervers du système. Notamment en repérant les mauvaises pratiques et en intervenant auprès des médecins pour que leurs habitudes changent. Plusieurs leviers pourraient être activés : l’Assurance maladie, susceptible de contrôler la pratique ; la direction de chaque hôpital, qui inciterait les médecins à plus de vigilance ; et la formation des jeunes médecins. Agir sur les tarifs des actes aurait aussi l’avantage de dévaloriser les actes inutiles et, à l’inverse, de mettre en avant les plus pertinents, note la FHF. Reste à savoir qui aura le courage d’ouvrir ce chantier colossal.

Anne-Sophie Stamane

Anne-Sophie Stamane

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