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Aide à domicile

Impasse

Depuis 15 mois, le dialogue patine entre les pouvoirs publics et les structures d’aide à domicile. La situation est désespérée : des salariés risquent de perdre leur emploi et des familles de ne plus être aidées. Le fonds d’urgence ne voit toujours pas le jour alors qu’il y a de l’argent disponible. Manque juste la volonté politique.

Le « Collectif des 16 », qui regroupe des associations d’aide à domicile pour les secteurs du handicap et du grand âge, poursuit son combat. Et l’élargit au secteur de l’aide aux familles en difficultés, auquel la suppression des exonérations de charges sociales a aussi porté un coup fatal. « Ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est tout un secteur qui est en péril », déclare Jean-Marie Barbier, président de l’Association des paralysés de France.

Trois mois se sont écoulés depuis la dernière conférence de presse du Collectif. « On a été écouté, mais ça s’arrête là. On reconnaît que le secteur vit des moments difficiles, mais on nous répond qu’il faut apprendre à gérer. Le problème n’est pas là ! Le rapport de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) a d’ailleurs reconnu que les marges de manœuvre étaient minimes puisque les salaires des personnels constituent 90 % des coûts de structure », poursuit-il. Hugues Vidor, directeur général d’Adessadomicile (réseau des associations d'aide à domicile) lui emboîte le pas : « Depuis janvier, notre association a été reçue six fois au ministère de l’Emploi, trois fois au ministère de la Cohésion sociale et il en va de même pour les autres membres du Collectif. Que de réunions et de temps perdu ! Est-ce là une bonne gestion des fonds publics ? », s’interroge-t-il.

 Problèmes structurels et autres

 Le secteur de l’aide à domicile connaît des soucis structurels, la tarification de l’heure d’intervention par les conseils généraux étant en-deçà des coûts réels (la professionnalisation des intervenants a un coût, de même que leur ancienneté, mais cela n’est pas pris en compte par les financeurs, d’où des déficits). A cela est venue s’ajouter la suppression des exonérations de charges sociales (pour tous les salariés dans le secteur de l’aide aux familles, pour les seuls personnels administratifs et d’encadrement dans le secteur du handicap et du grand âge). Le coup de grâce pour ce secteur !

Si les structures qui disposent d’une trésorerie piochent dans leurs réserves, les autres sont à découvert et risquent la liquidation judiciaire. Depuis décembre 2009, le Collectif réclame donc la création d’un fonds d’urgence de 100 millions d’euros, le temps que se mette en place la réforme de la tarification (des travaux sont en cours en partenariat avec les départements). A ce jour, il n’a rien vu venir. « Il y a des excédents à la Caisse nationale de solidarité à l’autonomie qui sont reversés à l’assurance maladie alors qu’ils pourraient aider notre secteur, dénonce Emmanuel Verny de l’Una (Union nationale de l’aide, des soins et des services aux domiciles).  Il existe aussi des fonds à la Caisse des dépôts et consignations, ainsi qu’à la Caisse nationale des allocations familiales. Celle-ci dispose d’un fonds d’action sociale de 275 millions d’euros non consommés, 25 suffiraient au secteur des familles en difficultés, mais il faut l’accord du ministère de l’Economie pour les débloquer. Des fonds sont disponibles et mobilisables rapidement. Seule manque la volonté politique », conclut-il. Le Collectif pointe aussi le manque de connaissances techniques des conseillers ministériels ou des conseils généraux, notamment sur le secteur de l’aide aux familles.

Alors que le grand débat sur la dépendance se poursuit dans toutes les régions, des structures d’aide à domicile continuent de mettre la clef sous la porte. Une incohérence de plus.

Micaëlla Moran

Micaëlla Moran

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