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Airbags TakataInquiétude pour les clients de Volkswagen

Yves Martin
MB

par Yves Martin, Magali Buttard

Le scandale des airbags Takata n’en finit pas de pourrir la vie des automobilistes. Si les derniers arrêtés ministériels des 29 juillet et 5 septembre 2025 encadrent désormais de façon réglementaire les critères et modalités de rappels de ces airbags ainsi que les obligations pesant sur les constructeurs, l’une des nouvelles mesures d’information prévues inquiète plus qu’elle ne rassure. C’est ainsi que Volkswagen prévient les propriétaires que leur coussin gonflable frontal de marque Takata doit être remplacé… mais pas avant 2026 ! Quelques explications s’imposent.

Propriétaire d’une Volkswagen Up !, François est soucieux depuis qu’il a lu la lettre que lui a adressée Volkswagen France cet été, l’informant que sa voiture est équipée d’un airbag frontal Takata susceptible de « devenir défectueux avec le temps, en raison du vieillissement du propulseur » et pouvant, en cas d’accident impliquant le déploiement de l’airbag, entraîner « des blessures graves et potentiellement mortelles ». Même si la missive promet notamment que « la réparation sera effectuée gratuitement et entièrement prise en charge par Volkswagen », François est loin d’être rassuré, car il lit par ailleurs que, conformément à la réglementation applicable, son véhicule « est actuellement planifié pour la réalisation du rappel au cours du deuxième trimestre 2026 ». Et le constructeur de préciser que, dans l’intervalle, un nouveau courrier de « rappel officiel » – cette fois – lui sera adressé pour l’inviter à prendre rendez-vous pour faire procéder au remplacement de l’équipement… De quoi être interloqué ! Mais François n’est pas le seul à s’inquiéter : l’UFC-Que Choisir a reçu de nombreux courriers d’automobilistes décontenancés par l’information.

Simple respect d’une réglementation difficile à décortiquer

Aussi surprenant soit-il, le constructeur semble pourtant bien dans les clous, un tel courrier d’information étant désormais obligatoire en application des nouvelles injonctions du gouvernement. Il faut tout d’abord savoir qu’il existe plusieurs types d’airbags de marque Takata qui présenteraient un niveau de risque potentiellement différent :

  • les airbags dits « NADI » (Non Azide Driver Inflator, c’est-à-dire des airbags conducteur dotés d’un « gonfleur sans azide » qui présenterait des risques à court terme) ;
  • les airbags de type « PSAN sans dessiccant » (contenant du nitrate d’ammonium en phase stabilisée, mais sans aucune substance spécialement ajoutée afin d’absorber l’humidité au sein du gonfleur, qui présenteraient donc également un risque à court terme) ;
  • les airbags de type « PSAN avec dessiccant » (contenant du nitrate d’ammonium en phase stabilisée avec ajout d’une substance capable d’absorber l’humidité, et qui présenteraient donc un moindre risque à court terme).

En application de cet arrêté ministériel du 29 juillet 2025 (consolidé à l’article 3 de l’arrêté du 9 avril 2025), et s’agissant des deux premières catégories d’airbags ci-dessus, les constructeurs sont désormais tenus à une double obligation :

  • procéder à un rappel effectif (autrement dit par l’envoi du fameux courrier « officiel » de rappel), d’ici le 31 décembre 2026 au plus tard, pour tous les véhicules encore équipés d’un airbag de type « NADI » et/ou « PSAN sans dessiccant », quels que soient le territoire de circulation et l’âge du véhicule ;
  • avertir par courrier, si cela n’a pas encore été fait, les propriétaires concernés (dans un délai qui a expiré depuis la rentrée), afin qu’ils sachent que leur véhicule est équipé de ce type d’airbag et que son remplacement fera l’objet, si ce n’est pas encore le cas, d’une prochaine mesure de rappel « à court terme ».

Pour les véhicules équipés d’airbags Takata de type « PSAN avec dessiccant », les différents arrêtés successifs prévoient une mise en place à moyen terme de leurs rappels puisqu’ils présentent, selon les motivations exposées par le gouvernement à l’origine de ces mesures, « de moindres risques à court terme ». Espérons que cela se vérifiera en pratique…

→ Lire aussi : Airbags Takata – Vos questions, nos réponses

Difficile voire impossible donc de s’y retrouver dans ce mille-feuille franchement indigeste, surtout si l’on vient y ajouter sa cerise : les véhicules équipés d’airbags considérés comme « à risque immédiat » et nécessitant un rappel avec une mise en « stop-drive » (avec consigne de cesser immédiatement de conduire le véhicule).

Puisqu’en l’état de ces arrêtés, les « stop-drive » sont désormais systématisés aux véhicules présentant certains critères (dont certains sont d’ailleurs basés sur une simple estimation, par les constructeurs eux-mêmes, de la durée de vie qu’ils jugent « sûre » des airbags Takata équipant leur véhicule…) :

  • en Corse ou dans les DOM-TOM : aux véhicules équipés de ces mêmes airbags « NADI » ou « PSAN sans dessiccant », quel que soit leur âge, ou d’un airbag « PSAN avec dessiccant » si la durée de vie sûre restante estimée de cet airbag ne dépasse pas 3 ans ;
  • pour le reste de la France : aux véhicules mis en circulation avant le 31 décembre 2011 équipés de ces mêmes airbags « NADI » ou « PSAN sans dessiccant » (sauf si le constructeur démontre que la durée de vie sûre de ce dernier airbag est encore de plus de 3 ans actuellement), ou encore d’airbags « PSAN avec ou sans dessiccant » si la durée de vie sûre de ceux-ci telle qu’estimée par le constructeur ne dépasse finalement pas 3 ans…

Vous êtes un peu perdu ? Rien d’anormal… Et l’on comprend à plus forte raison que François soit totalement désemparé face à l’information concernant cette « échéance 2026 », et plus généralement face à une telle réglementation qui, si elle a (enfin) le mérite d’exister, manque clairement de clarté pour le consommateur.

Quelques explications de Volkswagen

Contacté, le constructeur nous répond que « comme de nombreux constructeurs, le Groupe Volkswagen a utilisé des modules d’airbags de marque Takata entre 2004 et 2018, contenant du nitrate d’ammonium… Les airbags Takata n’ayant pas été utilisés dans l’ensemble de la flotte de production de Volkswagen, seuls certains véhicules sont concernés. » Et de préciser : « Nous menons depuis 2016 un programme complet d’analyse des risques sur les générateurs de gaz Takata. Nous nous appuyons sur des classifications internationalement reconnues des zones climatiques, car il a été prouvé qu’elles influencent le processus de vieillissement du gaz utilisé. » Les campagnes de rappel sont ensuite diligentées selon les résultats de ces études, ce qui explique les campagnes décalées dans le temps pour chaque modèle du constructeur.

Pour autant, les clients s’inquiètent et, lorsqu’ils tentent de joindre Volkswagen, il leur faut vraiment insister pour obtenir un début d’explication.

Lors de son appel téléphonique, le 29 août dernier, François s’est vu promettre une réponse sous 72 heures. Il l’attend toujours ! À sa troisième relance, le 15 septembre dernier, il a enfin réussi à obtenir une information de Volkswagen lui indiquant qu’il devait d’attendre le deuxième courrier qui, lui, serait un « véritable » rappel permettant de programmer le remplacement des airbags incriminés. Et de tenter de le rassurer en lui disant qu’il ne risque rien à conduire son véhicule en attendant l’échéance. Ce qu’il va faire par obligation, la boule au ventre, pendant au moins 6 mois. Si tout se passe comme prévu !

Le courrier adressé par Volkswagen à ses clients

Yves Martin

Yves Martin

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Magali Buttard

Responsable du service juridique

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