par Arnaud Murati
Autopartage à ParisDes solutions subsistent

Alors qu’Europcar a décidé d’interrompre son activité d’autopartage dans la capitale, il apparaît que les grands groupes et leurs objectifs financiers ambitieux ne sont pas les plus à même de pérenniser une activité faiblement rémunératrice. Perdurent désormais Communauto à Paris et le réseau Citiz sur quelques communes franciliennes. Voici comment.
En résumé
- Europcar a décidé d'arrêter son service d'autopartage à Paris, invoquant des problèmes récurrents de stationnement illégal sur les places dédiées et des coûts importants liés aux incivilités et aux amendes.
- Malgré tout, des solutions d'autopartage persistent en Île-de-France, notamment Communauto et le réseau Citiz. Ces entreprises font face aux mêmes problèmes d'incivilités et de coût des places de stationnement mais parviennent à maintenir une activité avec de faibles marges.
L’offre « Europcar on demand » n’est plus. Le loueur de véhicules a décidé de jeter l’éponge début 2025 pour ce qui concerne son offre à destination des particuliers. Le spécialiste de la location de courte durée ne fait pas vraiment mystère des raisons qui l’ont poussé à une telle décision : régulièrement, les places de stationnement dédiées à l’autopartage auraient été occupées par des voitures qui n’avaient rien à y faire, ce qui aurait engendré colère, soucis de retours et bisbilles de règlements entre les clients et l’opérateur. Europcar signale en outre que les incivilités et les amendes représentaient un budget bien trop important… À l’unisson de Renault (avec Zity) ou encore d’Autolib’, le loueur reprend donc une antienne déjà largement entendue à Paris : il serait très difficile de rentabiliser une activité d’autopartage dans la capitale ! « Et pourtant, nous nous sommes accrochés », précise Europcar.

Mais en dépit des arrêts de service des uns et des autres, certains systèmes d’autopartage perdurent à Paris afin de permettre à la population la moins motorisée de France de se déplacer en voiture occasionnellement. Le système Getaround, qui repose sur de la location entre particuliers, demeure, à l’instar de Free2move. Communauto et ses discrètes Toyota aussi : 121 stations d’autopartage (dont 93 en voirie) et 200 véhicules sont à la disposition des Parisiens. Pour la société d’origine canadienne qui opère dans plusieurs endroits du globe, Paris et ses incivilités ne représenteraient pas un challenge si complexe à relever : « C'est une difficulté à laquelle doivent faire face les opérateurs dans tous leurs marchés. Miles a quitté Bruxelles en mars 2025 pour cette raison. Communauto est également confronté à des enjeux d'incivilité à Montréal », indique l’entreprise. Si les dégradations n’apparaissent donc pas comme un facteur rédhibitoire, il en est en revanche un autre qui pose un vrai problème à Paris : l’attribution des places de stationnement. « Les places disponibles, nous ne les choisissons pas », indique Communauto, ce qui signifie que parfois, certaines sont mal situées au goût de l’opérateur. D’autre part, ces places ont un coût : 900 € par an pour une voiture hybride, 1 500 € pour toute auto émettant moins de 120 g/CO 2/km. Ainsi, entre le coût des places, des voitures et du personnel, l’activité d’autopartage, « ce sont de faibles marges » , indique Communauto, à l’unisson du porte-parole du réseau Citiz, Jean-François Virot-Daub.
Recharge presque aussi chère qu’un plein d’essence
L’autre écueil de l’autopartage à Paris est d’imaginer que cette activité peut se faire avec des véhicules électriques. Dans une ville congestionnée aux dimensions plutôt réduites, il est vrai que l’auto à batterie fait merveille. Hélas, les voitures sans émission auraient un coût d’exploitation trop important : « L’enjeu, c’est l’accès à l’infrastructure de recharge », selon Communauto et Citiz. La recharge serait assez bon marché la nuit durant, mais le problème tiendrait aux pénalités en cas de véhicule laissé branché : 10 € de l’heure ! Communauto signale qu’in fine, une recharge de véhicule électrique reviendrait presque aussi cher qu’un plein d’essence. Or, les véhicules électriques tellement désirés par la mairie de Paris ne séduisent pas franchement les adeptes de l’autopartage, d’après Citiz. « Les Français sont encore méfiants vis-à-vis de l’électrique, rappelle le porte-parole du réseau. À chaque fois que nous proposons un véhicule électrique et un hybride au même endroit, nous observons la même chose : l’hybride est 3 à 4 fois plus loué à cause de l’appréhension liée à l’autonomie ! » Et d’avouer qu’il n’y a « pas de business model sur l’électrique » à ce jour.
Alors que les grands groupes semblent avoir du mal à rentabiliser l’autopartage, Citiz y parvient dans 265 villes et 100 gares désormais. Le principe est d’avancer à petits pas, tandis que le réseau, constitué en coopérative, est constitué d’une myriade de sociétés indépendantes aux comptabilités propres. La dernière ville à avoir vu Citiz s’implanter est Alfortville, dans le Val-de-Marne : trois stations ont été créées dans la cité, tandis que des véhicules hybrides flambant neufs sont mis à la disposition de ceux qui aimeraient parvenir à se passer d’un véhicule personnel.
Arnaud Murati