Audrey Vaugrente
La kinésithérapie respiratoire n’est plus recommandée
Chaque hiver, 480 000 enfants de moins de 2 ans contractent une bronchiolite aiguë. Afin d’améliorer la respiration de ces nourrissons, des séances de kinésithérapie respiratoire sont très souvent prescrites. Longtemps recommandée, cette méthode a été réévaluée par les autorités de santé. Désormais, elle ne bénéficie plus d’un soutien officiel.
Des quintes de toux qui ponctuent une respiration sifflante et rapide. La bronchiolite du nourrisson a beau être courante, ses symptômes restent impressionnants. Dans l’espoir de les tempérer, les ordonnances de kinésithérapie respiratoire fleurissent à chaque épidémie. Mais cette technique n’est plus recommandée officiellement. Elle n’a pas prouvé son efficacité, estime la Haute autorité de santé (HAS), qui a actualisé ses recommandations sur le traitement de cette infection.
Une bronchiolite dure une dizaine de jours en moyenne. La kiné respiratoire n’a pas d’impact sur cette durée, ni même sur la fréquence respiratoire des bébés traités, accélérée du fait de la maladie. C’est pourtant l’effet recherché : les différents gestes ont pour objectif de favoriser l’expectoration et d’améliorer la respiration du nourrisson.
Les nouvelles recommandations distinguent deux approches. Les techniques dites conventionnelles, comme le drainage postural par vibration ou percussion, sont tout simplement contre-indiquées chez l’enfant de moins de 2 ans. Le risque d’effets secondaires est largement supérieur au bénéfice obtenu. Elles sont, d’ailleurs, très peu pratiquées. L’autre technique, appelée augmentation du flux expiratoire, ne fait pas mieux. Plus douce, elle provoque moins d’effets secondaires. Mais elle non plus n’est pas jugée efficace, et n’est donc plus recommandée de manière systématique.
Le lavage du nez suffit
L’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes s’est défendu dans un communiqué. « La prise en charge par le kinésithérapeute va bien plus loin que le simple drainage bronchique, avance-t-il. Le kinésithérapeute ausculte, évalue et réoriente le bébé vers les urgences ou le médecin traitant au besoin. Il rassure et accompagne les parents. C'est un acteur-clé de l'éducation à la santé. »
Enseigner aux parents les signes justifiant une consultation en urgence figure, en effet, parmi les recommandations. Mais la prise en charge d’un bébé souffrant de bronchiolite s’est considérablement simplifiée : les médicaments et les inhalations ne sont pas utiles. Un lavage nasal, plusieurs fois par jour, suffit le plus souvent. En effet, les nourrissons respirent majoritairement par le nez. Le déboucher aide donc à faciliter la respiration. Enfin, une surveillance renforcée est conseillée dans les 48 premières heures, qui constituent la période la plus à risque.
La kiné respiratoire est mal évaluée, concluent les experts de la HAS et du Conseil national professionnel de pédiatrie. La quasi-totalité des études ont été menées à l’hôpital, alors que seuls 3 % des nourrissons souffrant de bronchiolite sont hospitalisés. Des données de meilleure qualité, portant sur la kiné en ville, sont donc nécessaires. Elles permettraient de savoir si la kiné respiratoire réduit le risque d’hospitalisation, par exemple. Une proposition que soutient l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes.