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Budget 2026Nutri-Score : ça ne passe toujours pas

Elsa Casalegno

par Elsa Casalegno

Les tenants de l’affichage du logo nutritionnel y ont cru, pendant quelques jours. Dans le projet de budget 2026 de la Sécurité sociale, âprement discuté depuis octobre à l’Assemblée nationale et au Sénat, figurait une mesure proposant de généraliser le Nutri-Score sur tous les aliments transformés. Initialement adoptée par les députés, elle a été rejetée par les sénateurs, et n’a finalement pas passé le stade de la deuxième lecture à l’Assemblée.

De longs débats en octobre et novembre, un vote en première lecture à l’Assemblée nationale, puis la navette vers le Sénat, et enfin un retour pour le vote en deuxième lecture à l’Assemblée : le Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 n’a pas encore fini son parcours législatif, mais le sort de certaines mesures est déjà fixé.

C’est le cas du Nutri-Score. En première lecture, un vote favorable des députés avait laissé espérer qu’il devienne obligatoire. Il était prévu que les entreprises qui refusent de l’apposer soient pénalisées par une taxe de 5 % sur leur chiffre d’affaires, qui aurait abondé les caisses de l’assurance maladie.

Pour un observateur, ce vote positif était « un coup de chance, qui tenait à peu de voix près ». La suite lui a donné raison : les sénateurs se sont opposés à la mesure, malgré la concession faite concernant les produits sous signe officiel de qualité (Labels rouges, AOP, IGP), dispensés de l’affichage. Entre ce refus, mais aussi l’opposition du gouvernement et celle, bien connue, de plusieurs poids lourds de l’agroalimentaire, le rejet en deuxième lecture, par les députés, n’a pas vraiment surpris.

La mesure est donc probablement enterrée, du moins dans le cadre de ce projet de loi. Pour autant, le sort du Nutri-Score s’est joué à peu de voix près : 120 contre son obligation, et 117 pour. Qui sait, il passera peut-être dans le PLFSS 2027 !

Une taxe alcool sur les « vodys » encore débattue

En revanche, les députés ont adopté une taxe proposée par les sénateurs, sur les « vodys » (du nom de la marque la plus présente en France), des boissons mélangeant alcools forts, boissons énergisantes (contenant des substances stimulantes telles que caféine, taurine ou guaranine), sucrées et aromatisées, et qui ciblent un public jeune. Ces boissons rejoindraient donc la catégorie des « prémix » (1), sur lesquels une taxe spécifique s’applique déjà.

Pour autant, un nouveau vote est possible : la taxe, telle que rédigée, engloberait aussi des alcools forts traditionnels (par exemple des rhums arrangés, fruités) ‒ ce que les législateurs, soumis au lobbying intense des filières de production françaises, veulent éviter. Surtout, pour entériner cette mesure, il faut qu’au bout du compte, le PLFSS soit adopté, ce qui est loin d’être acquis…

San Francisco passe à l’attaque

Outre-Atlantique, San Francisco a adopté un autre angle d’attaque contre la malbouffe. Pour lutter contre les épidémies d’obésité, de diabète et autres pathologies liées à une alimentation de mauvaise qualité, la ville intente un procès aux principales multinationales de l’agroalimentaires. Le motif : le coût de ces maladies pèse sur les finances publiques, alors que ce sont les fabricants des aliments ultratransformés qui en sont responsables en mettant sur le marché des produits délétères. Parmi les entreprises poursuivies, figurent les géants Coca-Cola Company, PepsiCo, Kraft Heinz Company, Post Holdings, Mondelez International, General Mills, Nestlé USA, Kellogg, Mars Incorporated et ConAgra Brands. Presque trois quarts du régime alimentaire des Américains se compose d’aliments ultratransformés, et près de la moitié des adolescents et les trois quarts des adultes sont considérés comme étant en surpoids ou obèses ‒ soit 208 millions de personnes (2).


(1) Mélange de boisson alcoolisée (gin, rhum, vodka, vin, whisky, bière, etc.) et de boisson non alcoolisée (tonic, soda ou jus de fruits).
(2) The Lancet, 2024.

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