
par Elsa Casalegno
par Elsa Casalegno
Ce métal s’accumule dans l’organisme humain via notre alimentation, notamment les pâtes, le pain, les pommes de terre, voire certains légumes. La contamination des Français, en particulier des enfants, a atteint un niveau d’autant plus préoccupant qu’un lien est soupçonné avec l’explosion des cancers du pancréas.
Ce sont les médecins libéraux qui ont sonné l’alerte. À l'occasion de la journée mondiale de l'environnement, le 5 juin, les Unions régionales des médecins libéraux ont publié une lettre ouverte, dans laquelle ils rappellent les dangers du cadmium, et surtout l’ampleur de notre contamination.
Ce métal, présent naturellement dans les sols, est cancérigène, reprotoxique et possiblement mutagène. En particulier, il est fortement suspecté de jouer un rôle dans l’accroissement exponentiel des cancers du pancréas – une spécificité française. Or, nous y sommes tous exposés, « principalement via l’alimentation, notamment les produits de base comme les céréales, pommes de terre, pâtes, pains et produits de panification », rappellent les médecins. Une fois dans notre organisme, il s’accumule dans le foie et les reins, et sa présence augmente avec l’âge.
En 2021, Santé publique France avait publié un état des lieux de l’exposition de la population française aux métaux lourds. Les conclusions étaient inquiétantes. Chez les adultes, l'imprégnation au cadmium a quasiment doublé entre 2006 et 2014 (1). « Elle est 3 fois supérieure à celle des adultes américains et plus de 2 fois à celle des adultes italiens, détaillent-ils. Chez les enfants, la comparaison avec les pays similaires est très défavorable : 4 fois supérieure à celle des enfants américains ou allemands par exemple. »
Nos tests détectent du cadmium depuis longtemps dans de nombreux aliments et objets du quotidien. C’est par exemple le cas des thés noirs ou des chocolats analysés ces dernières années. Les teneurs mesurées y sont inférieures aux limites réglementaires, mais ce métal est omniprésent dans les échantillons.
Cette contamination provient principalement des engrais minéraux épandus sur les cultures. Ces fertilisants contiennent des phosphates principalement importés des mines marocaines. Or, ces phosphates s’avèrent particulièrement riches en cadmium, par rapport à des phosphates issus d’autres régions du globe. Le Royaume chérifien étant le principal fournisseur de la France, ceci explique pourquoi l’Hexagone s’avère plus contaminé que ses voisins européens.
Durcir les teneurs maximales autorisées dans les aliments est incontournable, au vu de l’ampleur de la contamination, mais insuffisant. Dans leur lettre ouverte, les médecins exhortent les pouvoirs publics à s’aligner dès que possible sur les recommandations formulées par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), à savoir imposer une teneur maximale en cadmium dans les engrais phosphatés, afin de réduire la contamination des sols agricoles.
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(1) D’après les études épidémiologiques nationales ENNS et Esteban, menées respectivement en 2006-2007 et en 2014-2016.
Elsa Casalegno
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