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Compléments alimentaires

Mieux vaut les éviter pendant la grossesse

Dans un rapport paru le mercredi 7 juin, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande aux femmes d’éviter la multiplication des sources de vitamines et minéraux en l’absence de besoins établis au cours de leur grossesse.

Sérénité grossesse, Gestarelle, Prenatal Nutrient… Un simple tour en parapharmacie, en pharmacie ou sur le Net permet de constater que la grossesse est un heureux événement pour les fabricants de compléments alimentaires. Alors que les supplémentations en vitamines, minéraux et oligoéléments sont très répandues chez les femmes en âge de procréer (2 fois plus que chez les hommes), l’étude Nutrinet indiquait en 2013 que près de 75 % des femmes en consommaient en troisième trimestre. 

Or cette consommation, qui se fait souvent en dehors de toute prescription médicale, n’est pas sans risque pour la santé de l’enfant à naître. Dans le cadre du dispositif national de nutrivigilance (voir encadré), la survenue de cas d’hypercalcémie néonatale et d’hypothyroïdie congénitale chez des nourrissons ont alerté les autorités de santé. Ces signalements ont conduit l’Anses à évaluer les risques associés à la prise de compléments contenant de la vitamine D, qui entre en jeu dans l’assimilation du calcium, ou de l’iode, indispensable à la synthèse des hormones thyroïdiennes. « L’hypercalcémie (excès de calcium dans le sang, ndlr) chez le nouveau-né peut entraîner des problèmes variables allant des simples troubles digestifs aux épisodes de convulsion. De même, un excès d’iode peut être à l’origine d’une hypothyroïdie congénitale, permanente ou transitoire. Ce trouble grave chez le nourrisson est systématiquement dépisté en France à la naissance, car il entraîne un risque de retard psychomoteur », explique le docteur Gérard Lasfargues, directeur général adjoint scientifique de l’Anses.

Dans son avis, l’Agence de sécurité sanitaire met donc en garde contre la prise de compléments alimentaires en l’absence de besoins établis. « Les compléments alimentaires sont certes encadrés par un décret de mars 2006, mais cela n’empêche pas les dérives. Si la réglementation fixe des teneurs maximales réglementaires, soit 5 microgrammes par prise journalière pour la vitamine D et 250 microgrammes pour l’iode, on trouve sur Internet des compléments qui ne respectent ces limites. Sans compter la multiplication des sources par l’utilisation de cocktails vitaminés qui peut entraîner un surdosage », prévient Gérard Lasfargues.

Enfin, si dans certains cas la supplémentation des femmes enceintes peut se justifier, notamment en cas de carences en fer ou en vitamine D « avérées », c’est-à-dire confirmée par des analyses sanguines, l’agence émet toutefois deux recommandations importantes :

  • éviter la multiplication des sources, surtout en l’absence de besoins établis. Chez la femme en bonne santé, une alimentation équilibrée permet tout à fait de mener une grossesse à bien sans compléments alimentaires ;
  • ne prendre que ce qui est prescrit par le praticien (médecin traitant, gynécologue ou sage-femme) qui suit votre grossesse. Il pourra évaluer vos besoins réels, notamment grâce à un suivi biologique, afin de prendre les décisions appropriées au cours de la grossesse.

Nutrivigilance, c’est quoi ?

Depuis plusieurs années, la consommation de compléments alimentaires mais aussi d’aliments ou de boissons enrichis (vitamines, minéraux, acides aminés, extraits de plantes…) augmente et les circuits de distribution évoluent avec une part croissante de ventes en ligne. Ces produits souvent considérés comme anodins par les consommateurs peuvent pourtant exposer les consommateurs à des risques.

Dans ce contexte, l’Anses a mis en place en 2011 un dispositif de nutrivigilance dont l’objectif est de surveiller la sécurité de ces produits dans leurs conditions réelles d’utilisation en recensant et en analysant les effets indésirables pouvant être liés à leur consommation. À côté de bilans annuels, le dispositif étudie ponctuellement des populations ciblées, comme les sportifs ou les femmes enceintes.

Marie-Noëlle Delaby

Marie-Noëlle Delaby

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