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Coronavirus

Comment bien prendre sa température

Dans le cadre de la surveillance de l’épidémie de Covid-19, la prise de température est un geste primordial. Mais attention d’user de la bonne méthode. Les thermomètres frontaux, pourtant très prisés, ne sont pas les plus recommandés.

Prendre correctement sa température est un geste primordial pour la santé en général et particulièrement dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, la maladie due au coronavirus, qui se présente comme une « affection respiratoire fébrile » (c’est-à-dire avec de la fièvre).

Les signes d’alerte

  • Fièvre (température supérieure à 38 °C)
  • Toux
  • Difficultés à respirer

La fièvre est donc un des signes d’alerte et toute personne ayant séjourné dans une zone où circule activement le virus doit « surveiller sa température deux fois par jour » dans les 14 jours qui suivent, indiquent les autorités de santé.

La fièvre est généralement définie comme une température supérieure à 38 °C. Mais prendre correctement sa température à la maison est un peu plus compliqué qu’il n’y paraît. En effet, les différentes méthodes ne se valent pas. Toutes les mesures de la température à domicile se font en périphérie du corps (sur la peau, dans la bouche, etc.). Or la « vraie » température est la température à l’intérieur du corps, précisément celle de l’artère pulmonaire. Une bonne mesure externe de la température sera donc celle qui correspond le plus à la température interne. C’est plus ou moins le cas, en fonction du type de thermomètre utilisé et de l’endroit où est prise la température. Les meilleures façons de faire sont de prendre la température par voie rectale ou buccale avec un thermomètre électronique ou dans l’oreille avec un thermomètre infrarouge.

Les thermomètres électroniques : Un équipement incontournable

Depuis la disparition des thermomètres à mercure, les thermomètres électroniques, appelés aussi thermomètres digitaux, se sont imposés comme des outils fiables et peu onéreux (moins de 10 €). Leur emploi est simple : une sonde à un bout, un bouton de l’autre, un écran au milieu. La mesure est relativement rapide (moins d’une minute en général, la fin étant indiquée par un signal sonore) et la lecture plus simple avec l’affichage digital qu’elle ne l’était sur un thermomètre gradué.

Bon à savoir. Il est possible que ces appareils « dérivent » dans le temps, c’est-à-dire perdent en exactitude au fil des années. Il est difficile de les recalibrer, aussi en cas de doute sur un modèle datant de plusieurs années, il n’est ni déraisonnable ni trop cher d’en racheter un neuf.

Sous l’aisselle (voie axillaire)

La température mesurée sous l’aisselle reflète mal la vraie température. En effet, l’aisselle n’est pas un endroit « fermé » mais influencé par la température extérieure qu’il s’agisse de la fraîcheur d’un courant d’air ou de la chaleur d’une couette. Pour minimiser les erreurs, il faut placer le bout de la sonde au centre de l’aisselle et bien replier le bras contre le torse. Mais même ainsi, ce n’est pas une méthode de premier choix.

Dans la bouche (voie buccale) 

La prise de température dans la bouche est relativement proche de la vraie température. Cette localisation est pratique (pas besoin de se déshabiller) et facile d’accès. Mais elle nécessite de garder la bouche bien fermée. Et en réalité, ce n’est pas simplement dans la bouche mais précisément sous la langue qu’il faut placer et garder le bout du thermomètre.

Pour cette raison, la prise de température dans la bouche n’est pas recommandée chez les enfants de moins de 5 ans.

En pratique, la température sous la langue est influencée par les prises alimentaires, notamment les boissons, chaudes ou froides, qui peuvent provoquer d’importantes variations. Aussi mieux vaut éviter de prendre sa température dans la bouche dans la demi-heure suivant une ingestion. Respirer par la bouche a aussi une influence.

On considère qu’il y a de la fièvre si la température sublinguale est supérieure à 37,5 °C.

Dans l’anus (voie ano-rectale)

C’est l’endroit où la température est la plus proche de la vraie température (écart de +/- 0,5 °C). Ignorée des recommandations anglo-saxonnes, cette localisation demande une certaine délicatesse mais elle offre la meilleure garantie d’exactitude.

C’est la méthode recommandée chez les enfants de la naissance à l’âge de 5 ans. Un apprentissage est recommandé car la prise de température par voie anale peut provoquer des blessures. Il faut coucher l’enfant sur le dos et plier ses jambes. Recouvrir le bout de la sonde (partie argentée) d’un produit lubrifiant (type vaseline) facilite l’introduction dans le rectum, qui se fera doucement, sur deux centimètres environ.

C’est aussi la technique recommandée pour les enfants plus âgés et les adultes lorsque l’on a besoin d’une mesure la plus exacte possible de la température. Si ce n’est pas faisable, la prise dans la bouche ou l’usage d’un thermomètre auriculaire sont les meilleures alternatives.

Attention. Un thermomètre utilisé par voie anale doit évidemment être réservé à cet effet. Comme pour les autres usages, il sera lavé au savon, rincé et séché, à la fois avant et après utilisation. Dans ce cas précis, noter sur le thermomètre sa destination peut être judicieux. Avoir un thermomètre pour chaque membre de la famille est aussi une solution.

Les thermomètres auriculaires : Fiables, si bien utilisés

Les thermomètres d’oreilles utilisent un rayonnement infrarouge pour évaluer la température. Cela leur permet de faire des mesures rapides et sans contact. Ils sont dits « auriculaires » bien qu’en réalité c’est la température du tympan (la membrane au fond du conduit auditif) qui est recherchée. La précision est importante car on sait que la température du tympan reflète bien la température de l’intérieur du corps mais qu’il n’est pas toujours facile de le viser.

Chez les tout-petits, la conformation de l’oreille est telle qu’il est très difficile de l’atteindre. Aussi l’usage des thermomètres auriculaires est déconseillé chez les moins de 2 ans.

La présence d’obstacle dans le conduit auditif – bouchon de cérumen ou même une forte pilosité ! –  rend la mesure inexacte.

Pour bien utiliser un thermomètre auriculaire, plusieurs précautions sont à prendre. Il faut tout d’abord recouvrir la sonde d’un embout jetable. Il est conseillé de tirer sur le pavillon de l’oreille (c’est la partie repliée en bordure extérieure) à la fois vers le haut et l’arrière de manière à dégager l’accès au tympan. Introduisez doucement l’embout jusqu’à ce qu’il remplisse le conduit de l’oreille. Lancez alors la mesure. Et évidemment, pour une personne couchée sur le côté, il ne faut pas prendre la température dans l’oreille qui était contre l’oreiller !

Les thermomètres frontaux : Populaires mais pas indispensables

Comme les modèles auriculaires, les thermomètres dits frontaux mesurent aussi la température grâce à un rayonnement infrarouge. Ils sont appréciés pour l’absence de contact, la rapidité et la facilité de lecture. Mais les thermomètres à infrarouge frontaux ne sont pas recommandés en premier lieu pour s’équiper chez soi. Le problème avec ces appareils n’est pas tant la qualité de leur mesure que l’endroit où ils la mesurent : la température sur le front ne reflète pas toujours bien la vraie température à l’intérieur du corps. Le front est en effet une zone soumise à diverses variations. Par exemple, la température externe joue beaucoup sur la température frontale. Chez certaines personnes très malades qui souffrent de vasoconstriction, la température monte à l’intérieur mais ne se transmet pas sur le front.

Des évaluations de ce genre de thermomètre, menées par exemple dans l’optique d’une détection de masse dans les aéroports, montre une précision insuffisante. Les thermomètres à infrarouge frontaux loupent de nombreux cas : ils ne détectent pas entre 1 et 20 % des personnes pourtant fiévreuses en réalité. Ils se trompent aussi dans l’autre sens, indiquant une fièvre chez 1 à 25 % des personnes qui en réalité n’en ont pas. 

À noter. Prendre la température sur la tempe (où passe l’artère temporale) semble donner une meilleure indication. Mais cette mesure est souvent réalisée avec des appareils professionnels et il est donc difficile de la transposer à la maison.

Les thermomètres à cristaux liquides : Ne pas utiliser

« Simple d'emploi et incassable » sont deux termes souvent mis en avant pour décrire ce genre de thermomètre. Peu importe, le problème c’est que ces thermomètres ne sont pas fiables du tout. Ces bandelettes à cristaux liquides se posent sur le front et donnent la température sous forme d’une échelle de couleur. Le résultat est imprécis et inexact. Il ne faut pas les utiliser.

Merci au professeur Olivier Saint-Lary, médecin généraliste, vice-président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE).

Perrine Vennetier

Perrine Vennetier

Rédactrice en chef

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