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Emballages en boulangerieUne taxe qui a bon dos

FM

par Fabienne Maleysson

Depuis le début de l’année, les commerces de bouche paient une taxe modique sur les emballages qui protègent les produits délivrés aux clients. Pas de quoi justifier une hausse du prix du pain.

Votre boulanger a augmenté le prix de son pain en invoquant une nouvelle taxe ? L’argument ne tient pas. Explication : depuis des années, les commerces de bouche, comme toutes les entreprises qui mettent sur le marché des emballages, sont censés payer une écocontribution pour satisfaire au principe du pollueur-payeur. Cela leur avait un peu échappé… L’un des éco-organismes chargés de récolter ces versements, Adelphe, a donc travaillé avec les représentants de divers points de vente (boulangers, bouchers, fromagers) pour imaginer un moyen de les inciter à se conformer à cette obligation. La solution trouvée : une déclaration simplifiée. Au lieu d’avoir à tenir une comptabilité précise des emballages utilisés, ils peuvent déclarer le nombre de passages en caisse. Les boulangers payeront 0,79 centime (moins de 1 centime, donc) par passage, et non par produit. Selon nos calculs basés sur l’Observatoire de la boulangerie-pâtisserie publié par la société Fiducial, cette taxe représentera en moyenne 0,24 % de leur chiffre d’affaires.

Renchérir le pain en raison de cette nouvelle taxe serait donc malvenu. Même en la limitant à 1 centime par baguette, ce serait déjà davantage que le montant pour un passage en caisse, qui peut correspondre à plusieurs produits achetés ensemble. Une hausse, dans des limites raisonnables, sur des gâteaux ou autres produits qui relèvent du superflu, serait davantage acceptable.

→ Lire aussi : Prix de la baguette - En baisse sensible dans les supermarchés

Reste que ce mode de calcul, s’il évite de la paperasse aux professionnels, est complètement déconnecté de l’objectif officiel de la taxation : diminuer la pollution et donc le volume d’emballages. Les clients peuvent y contribuer en se munissant d’un sac réutilisable, ou en rapportant leur étui d’un jour sur l’autre. Ou même, si les circonstances le permettent, en particulier lorsqu’on rentre directement chez soi après avoir acheté sa baguette, en refusant tout emballage. « En utiliser un systématiquement est un de ces gestes caractéristiques de nos réflexes hyper-hygiénistes qui font qu’à force de manger des aliments quasi stériles, notre microbiote est moins divers et notre système immunitaire moins performant, explique Marc-André Selosse, professeur d’écologie microbienne au Museum national d’histoire naturelle à Paris. Avec sa croûte protectrice qui contient très peu d’eau, le pain n’est pas un aliment microbiologiquement sensible. Même si quelques bactéries se déposaient sur la croûte, il y a très peu de chances qu’elles se développent. » En clair, l’hypothèse que quelqu’un tombe malade parce qu’il a rapporté sa baguette à la maison sans protection est hautement improbable. D’ailleurs, l’habitude d’emballer le pain est relativement récente. Jusqu’à l’an 2000 environ, on s’est passé de toute protection ou on s’est contenté d’un carré de papier tortillé autour de la baguette. C’est un des paradoxes d’une société qui se dit soucieuse de l’environnement et ne fait pas toujours correspondre ses discours et ses pratiques.

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