par Franck Attia, Le service juridique de l’UFC-Que Choisir
par Franck Attia, Le service juridique de l’UFC-Que Choisir
L’application FaceApp a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Permettant de vieillir la photo d’un visage en quelques clics, elle inquiète quant à l’utilisation des données récoltées. Notre service juridique a étudié les conditions générales d’utilisation de FaceApp et ce que nous avons pu y découvrir justifie largement d’alerter la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil).
À quoi ressemblerez-vous dans 30, 40 ou 60 ans ? C’est grâce à cet intenable suspense que l’application FaceApp doit son succès. Un succès foudroyant qui la place au 1er rang des applications en France aussi bien sur l’App Store (Apple) que sur le Google Play Store (Android).
FaceApp fait partie des centaines d’applications d’édition de photos disponibles sur smartphone. Mais c’est son filtre qui permet, via un procédé automatisé, de vieillir les visages qui a suscité l’emballement. Et le résultat est plutôt convaincant même s’il faudra attendre plusieurs décennies pour pouvoir comparer la prédiction avec la réalité.



Mais ce n’est pas son éventuelle efficacité qui pousse l’UFC-Que Choisir à saisir la Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés). C’est au regard de sa conformité au Règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) que le bât blesse. L’application FaceApp, à travers sa politique de confidentialité et ses conditions d’utilisation, contrevient en une multitude de points à ce règlement entré en vigueur en mai 2018 et qui impose une protection forte des données personnelles.
FaceApp peut vieillir une photo prise directement avec la fonction selfie de l’application. Mais l’utilisateur peut aussi envoyer des photos présentes dans sa galerie de photos. Et donc donner à FaceApp des photos de personnes qui n’ont pas utilisé l’application. FaceApp se retrouve ainsi propriétaire de photos de personnes qui n’ont jamais donné leur accord.
Le filtre qui permet de vieillir des visages est gratuit sur FaceApp mais d’autres options sont payantes (3,99 €/mois ou 19,99 €/an). Des escrocs en profitent pour proposer sur le Net, et non sur les boutiques d’applications officielles, des versions « Pro » moins chères. En croyant faire une bonne affaire, les utilisateurs téléchargent des programmes d’abonnement payants ou des logiciels malveillants selon Eset, une entreprise de sécurité informatique éditrice d’antivirus.
Franck Attia
Le service juridique de l’UFC-Que Choisir
La force d'une association tient à ses adhérents ! Aujourd'hui plus que jamais, nous comptons sur votre soutien. Nous soutenir
Recevez gratuitement notre newsletter hebdomadaire ! Actus, tests, enquêtes réalisés par des experts. En savoir plus