
par Cyril Brosset
par Cyril Brosset
La version française de la plateforme chinoise vient de se voir infliger une amende de 40 millions d’euros pour avoir menti sur l’ampleur des réductions annoncées et sur ses actions en matière de protection de l’environnement.
Un pantalon à 12 €, une chemisette à 9 €, une petite robe d’été à 11 €… le géant chinois de la fast-fashion, connu pour ses prix extrêmement bas, vient de se faire épingler par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes. La DGCCRF lui reproche notamment de ne pas avoir respecté la législation européenne en matière de promotions. Après avoir décortiqué plusieurs milliers de fiches produits, les agents du Service national enquête (SNE) ont relevé que les prix de référence (ou prix barrés) n’étaient pas forcément les plus bas pratiqués sur le site durant les 30 jours précédant l’entrée en vigueur de la promotion, comme l’exige la réglementation. Parfois, ceux-ci avaient même été majorés artificiellement afin d’afficher une ristourne plus importante. Un procédé malheureusement très classique. Mais là, l’ampleur de la tromperie surprend : selon la DGCCRF, 57 % des annonces contrôlées n’offraient en réalité aucune baisse de prix, 19 % une baisse moins importante qu’annoncée et 11 % cachaient en réalité des augmentations, soit un total de 87 % de fausses promotions !
La plateforme, symbole de la surconsommation, n’a pas non plus été en mesure de justifier aux agents de la DGCCRF certaines allégations en matière de protection de l’environnement, notamment la diminution annoncée de 25 % de ses émissions de gaz à effet de serre. Un comble pour une société qui avait déjà été condamnée pour des actes similaires peu de temps avant.
Les faits à l’origine de cette nouvelle amende de 40 millions d’euros pour pratiques commerciales trompeuses remontent à fin 2022 et début 2023. Aujourd’hui, selon nos constatations, Shein semble avoir limité l’ampleur de ses promotions et retiré des allégations environnementales de son site. Il n’en reste pas moins que la plateforme pose d’autres problèmes. Shein est régulièrement montrée du doigt pour la commercialisation de produits non conformes à la réglementation, voire dangereux. Nous-mêmes avons déjà trouvé du bisphénol dans des collants pour bébé ou encore des PFAS dans une nappe vendus sur ce site.
En 2024, nous avons également mis en évidence les nombreuses interfaces trompeuses (« dark patterns ») utilisées par la plateforme pour pousser les visiteurs à acheter. Enfin, nous avons à plusieurs reprises dénoncé les effets délétères de la fast-fashion sur l’environnement.
Après avoir alerté la Commission européenne et la DGCCRF de ces pratiques déloyales qui poussent à la surconsommation, le service juridique de l’UFC-Que Choisir entend bien poursuivre sa mobilisation à l’encontre de Shein et étudier de près cette nouvelle condamnation afin d’envisager les suites judiciaires dans l’intérêt des consommateurs.
Cyril Brosset
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