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Huiles d’olive (vidéo)Leur qualité pénalisée par le réchauffement climatique 

EC

par Elsa Casalegno

Les tests que nous avons réalisés sur 20 huiles d’olives se sont avérés particulièrement décevants cette année : la qualité dégradée de trois quarts des produits ne justifiait pas la mention « vierge extra » qu’elles affichaient. En cause, les sécheresses intenses qui ont frappé le bassin méditerranéen ces dernières années. Explications.  

Les temps sont durs pour l’or vert, dont la culture est mise à mal par le réchauffement climatique et son impact sur le régime des pluies. En 2022 et en 2023, des sécheresses intenses ont touché le bassin méditerranéen, d’où proviennent la plupart des huiles consommées en France. En particulier, l’Espagne, premier producteur mondial, a vu ses récoltes d’olives fondre de moitié. La Tunisie, principale pourvoyeuse d’huile bio, l’Italie, la Grèce ou encore le Maroc ont également été frappés par le manque d’eau.

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Huiles d'olive

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Du fait de ce déficit de matière première, les cotations ont flambé : en janvier 2024, celles de l’huile espagnole dépassaient 900 €/100 kg sur le marché de gros de Jaén, en Andalousie, presque trois fois plus que début 2022. Cette hausse s’est répercutée jusqu’aux prix en grande surface : d’après nos relevés, réalisés sur 36 références vendues en supermarché, la bouteille a flambé de 67 % depuis mai 2022 ! Or, certains fabricants le reconnaissent du bout des lèvres, dans ce contexte de pénurie et face à une matière première devenue excessivement onéreuse, ils ont parfois dû « arbitrer entre la qualité et le prix, alors qu’il était devenu difficile de trouver de très bonnes huiles. Elles étaient conformes à réception, mais plus fragiles, et elles ont très mal vieilli. »

Le résultat s’en ressent, avec ce déclassement inédit de trois quarts des références de notre test comprenant 20 huiles d’olive. En effet, achetées à l’automne 2024, ces huiles étaient pour la plupart issues de la récolte d’olives de fin 2023-début 2024, concernée par cette période de sécheresse (la cueillette a lieu entre octobre et mars). Néanmoins, elles auraient dû pouvoir se conserver dans le temps, les dates de durabilité minimales indiquant des périodes allant de fin 2025 à début 2026 selon les références... Dans le cas contraire, il aurait fallu ne pas afficher la mention « vierge extra », censée garantir un produit haut de gamme.

Pénurie dans les pays producteurs

Si en France, les rayons d’huile d’olive ne rencontrent pas de rupture de stock majeure, il n’en est pas de même dans certains pays producteurs, à l’instar de la Tunisie ou du Maroc. Les volumes produits sont vendus au plus offrant – en l’occurrence, le consommateur européen au pouvoir d’achat plus élevé. Et quand des bouteilles sont disponibles dans les commerces, les prix atteignent des montants hors de portée pour une partie de la population, alors que l’huile d’olive est un aliment de base de la cuisine sur les deux rives de la Méditerranée. L’Espagne et le Portugal n’ont pas été épargnés. Au plus fort de la flambée des tarifs de l’huile, certains supermarchés étaient contraints de poser des antivols sur les bouteilles, devenues un bien précieux…

Si la bonne récolte en 2024-2025 a offert un répit, il faut néanmoins se préparer à des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans les zones de production traditionnelles, dont certaines devront sans doute être abandonnées à terme. En France, la filière oléicole réfléchit déjà à élargir les zones de culture de l’olivier vers le nord et l’ouest. Mais elle est confrontée à la pénurie de surface agricole disponible dans le sud-est, et à un climat trop humide dans le sud-ouest.

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