Camille Gruhier
Google Chrome bannit les publicités trop intrusives
Chrome, le navigateur de Google, bloque désormais les publicités trop intrusives, comme les fenêtres intempestives, les vidéos à lecture automatique et autres bandeaux trop larges en bas de page. L’initiative, difficilement critiquable tant elle améliore le confort de navigation, n’a toutefois rien de philanthropique. Elle vise surtout à barrer la route des bloqueurs de publicités, auxquels les internautes ont fréquemment recours et qui scient la branche sur laquelle Google est assis en n’affichant plus aucune publicité.
Agacés par l’agression publicitaire dont ils sont victimes lors de leur navigation sur Internet, un quart des internautes ont installé un « bloqueur de publicités » (ou « adblocker ») (1). Disponibles, le plus souvent, sous la forme d’une extension à installer dans son navigateur, AdBlock Plus (la plus célèbre), uBlock et les autres permettent de bloquer l’affichage des publicités, ce qui rend la navigation nettement plus agréable. Problème : ces logiciels bloquent toutes les publicités, ce qui agace deux catégories d’acteurs : les sites Internet dont la publicité est la principale source de revenus – les sites d’information, notamment (2) – et… Google, qui vit quasi exclusivement de la commercialisation des espaces publicitaires (86 % du chiffre d’affaires de Google est apporté par la publicité).
Fini les formats les plus détestés
Pour couper l’herbe sous le pied des bloqueurs de pubs, regagner ainsi la confiance des annonceurs et, du même coup, plaire aux internautes, Google avait annoncé en juin dernier son intention de bloquer les formats publicitaires les plus intrusifs au sein de son navigateur Chrome. « Nous avons rejoint la Coalition for Better Ads, un groupe industriel dédié à l’amélioration des publicités en ligne. […] Chrome cessera d’afficher les publicités qui ne répondent pas aux standards qu’il a définis dès le début de 2018 », détaillait alors Sridhar Ramaswamy, l’un des vice-présidents de Google, sur le blog du groupe. C’est chose faite depuis le 15 février. Désormais, les annonceurs doivent abandonner certains formats détestés des internautes. Fini, entre autres, les fenêtres intempestives, les vidéos à lecture automatique, les publicités pleine page avec décompte ou les bandeaux trop larges en bas de page. Ces pubs sont désormais bloquées et ce, sur smartphone comme sur ordinateur. Le groupement a défini dans le détail les formats bannis pour ces deux types d’écran.
Plus agressé, mais toujours pisté
Avec cette nouvelle politique, Google va contribuer à nettoyer le Web des déchets publicitaires qui rendent la navigation sur Internet désagréable. Son navigateur, déjà utilisé par plus de 54 % des internautes dans le monde (3), devrait encore gagner en popularité. Mais gardons à l’esprit que l’initiative ne change absolument rien en matière de tracking publicitaire : par défaut, votre navigation sur Internet reste pistée pour mieux cerner vos habitudes et afficher des publicités « pertinentes ». Certains navigateurs concurrents de Chrome en ont fait leur argument de distinction. « Depuis 2015, Firefox propose la protection contre le pistage dans les fenêtres de navigation privée. Nous avons récemment activé la protection contre le pistage dans Firefox Quantum [la dernière mise à jour du navigateur, ndlr] par défaut en mode navigation normale, ce qui permet à nos utilisateurs de bloquer les trackers par des tiers à tout moment », explique Mark Mayo, vice-président de Firefox Mozilla. Quel que soit le navigateur que vous utilisez, vous pouvez toujours signaler aux sites Internet visités que vous ne souhaitez pas être pisté. Cette option, baptisée « do not track » ou « ne pas me pister », est accessible dans les paramètres.
(1) Source : Institut CSA.
(2) Les sites d’information, mais pas www.quechoisir.org : notre site Internet est intégralement financé par les abonnements et n’affiche aucune publicité, ce qui garantit notre indépendance totale.
(3) Toutes plateformes confondues (source Wikipédia).