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Pesticides

Trois produits reconnus toxiques

C’est un coup de tonnerre pour l’agriculture intensive et les fabricants de phytosanitaires. Les trois insecticides d’enrobage des semences les plus vendus viennent d’être reconnus toxiques pour les abeilles par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA).

Enfin, devrait-on dire, car il en a fallu du temps. Que Choisir a soulevé le problème du Gaucho, l’un des trois coupables, dès 1998. Depuis 15 ans, les polémiques n’ont jamais cessé, expertises et contre-expertises se sont succédé à un rythme effréné, les apiculteurs ont vu leurs colonies d’abeilles s’effondrer, ils ont alerté les autorités sans relâche, attaqué en justice. Il y eut notamment le Gaucho (Bayer) et sa matière active l’imidaclopride, le Régent (BASF) et le fipronil, le Cruiser (Syngenta) et le thiametoxame. Le ministère de l’Agriculture a fini par interdire le Gaucho face aux preuves accablantes. Le Régent l’a remplacé, les polémiques se sont déplacées de l’imidaclopride au fipronil, à son tour interdit en grandes cultures. Puis ce fut le Cruiser. Les apiculteurs ont dû batailler jusqu’au Conseil d’État pour obtenir gain de cause. En juillet 2012, le ministre de l’Agriculture l’a interdit en traitement du colza, mais il reste autorisé sur le maïs.

Le travail des scientifiques de l’Autorité européenne de sécurité des aliments  (EFSA) pourrait cette fois mettre un coup d’arrêt définitif à cette nouvelle génération d’insecticides des semences très prisés du monde agricole. À la demande de la Commission européenne, ils ont évalué les risques pour les abeilles de trois insecticides de la famille des néonicotinoïdes : la chlothianidine, l’imidaclopride et le thiametoxame. Les conclusions sont accablantes.  

« Un effet aigu » sur les abeilles

Concernant l’exposition des abeilles via le pollen et le nectar, « seule l’utilisation de ces insecticides sur des cultures n’attirant pas les abeilles présente un risque faible. » Des risques aigus sont en revanche identifiés sur des cultures qui les attirent. On pense évidemment au colza et au tournesol. L’exposition des abeilles a lieu aussi via les poussières produites par les graines ou les granulés lors des semis, et surtout via l’exsudation des cultures traitées, qui produit de minuscules gouttelettes d’eau imprégnées du pesticide. « Les études menées sur du maïs traité avec du thiamétoxame démontrent un effet aigu sur les abeilles. »

La contamination des abeilles est donc bien réelle. Et les experts de l’EFSA soulignent aussi les lacunes importantes des tests et le manque de données présentées par les industriels dans les demandes d’homologation. Avec des résultats aussi accablants, la Commission européenne dispose à présent de tous les éléments pour interdire définitivement les insecticides d’enrobage des semences. On imagine mal qu’il en aille autrement.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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