Fabrice Pouliquen
Des cadastres solaires à consulter avant de se lancer
De plus en plus de collectivités se dotent de cadastres solaires, des cartes interactives de territoires vus du ciel calculant le potentiel d’ensoleillement annuel de chaque toit. Un outil gratuit et précieux, quand on réfléchit à investir dans des panneaux solaires !
C’est le premier réflexe à avoir lorsqu’on songe à produire soi-même de l’énergie solaire : consulter le cadastre solaire pour avoir une idée du potentiel de votre toit ou de votre jardin pour accueillir votre projet. Encore faut-il habiter un territoire où il en existe un ! Ça vaut pourtant le coup de vérifier, car de plus en plus de collectivités investissent dans un tel outil et le proposent en libre accès à leurs administrés.
Ça sera le cas par exemple, à partir du 4 juillet, de la communauté d’agglomération du Sicoval, qui regroupe 36 communes au sud-est de Toulouse, rapporte La Voix du Midi, hebdomadaire local. La métropole de Rennes a lancé le sien mi-mars et Amiens métropole le 16 avril. Le cadastre solaire de la Métropole européenne de Lille (Mel) existe depuis mai 2022.
Des cadastres solaires qui se multiplient… et pas qu’au sud
Dans certains territoires, les cadastres solaires font même parfois doublon. Ainsi, en Île-de-France, l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur) a sorti le sien au début des années 2010 pour Paris intra-muros, avant de l’élargir, petit à petit, à l’ensemble de la Métropole du Grand Paris, à partir de 2015. Depuis, la région a lancé le sien – « Mon potentiel solaire »-, de même que d’autres communes et communautés de communes franciliennes, à l’instar de Rueil-Malmaison.
On pourrait continuer longtemps à énumérer les collectivités proposant cet outil à leurs administrés. Et la liste devrait croître encore : depuis 2019, les métropoles et communautés de communes de plus de 20 000 habitants doivent se doter d’un « Plan climat-air-énergie-territorial » dont l’un des objectifs clés est de développer localement la production d’énergies renouvelables. Parmi celles-ci, l’énergie solaire occupe une place de premier plan. Et pas seulement dans la moitié sud du pays. L’Apur estime, par exemple, à 6 TWh le potentiel théorique de production d’énergie solaire de la métropole du Grand Paris. En grande partie via les 150 millions de mètres carrés de toiture de ce territoire. Dans le lot, 90 millions de mètres carrés bénéficient d’un ensoleillement suffisant (1) pour envisager l’installation d’un système solaire, toujours selon l’Apur.
« Passable » ou « à fort potentiel » ?
Tout l’intérêt du cadastre solaire est de faire prendre conscience aux habitants de ce potentiel. Le principe est toujours le même : l’outil s’appuie sur une maquette 3D du territoire sur laquelle une application simule 1 an d’ensoleillement et calcule la part que les toitures sont susceptibles d’en recevoir (que ce soit celle du logement ou du garage). « Pour ce faire, trois principaux critères sont généralement pris en compte, explique Olivier Richard, directeur des études à l’Apur : l’orientation du toit, son inclinaison, mais aussi les ombres portées par les bâtiments alentour. »
Par exemple, pour le cadastre solaire de la métropole lilloise, le potentiel est jugé « passable » (c’est-à-dire « peu intéressant ») pour les zones dont l’ensoleillement annuel est inférieur à 900 kWh/m2/an. Il est « bon » lorsqu’il est compris entre 900 et 1 050 kWh/m2/an. Et « excellent » lorsqu’il est supérieur à 1 050 kWh/m2/an. Au sein de la métropole toulousaine, on peut se permettre d’être plus exigeant. Les toitures sont jugées « peu appropriées » lorsque leur potentiel d’ensoleillement est compris entre 810 et 1 130 kWh/m2/an. On bascule dans la catégorie « approprié » entre 1 130 et 1 370 kWh/m2/an, et dans la catégorie « très approprié » entre 1 370 et 1 630 kWh/m2/an.
À chaque collectivité son barème. En revanche, la façon de restituer les résultats est souvent la même. Sur une carte interactive, le plus souvent en 3D, on est invité soit à entrer son adresse pour accéder directement au potentiel solaire de son toit, soit à s’amuser en naviguant au-dessus des toits qui prennent des teintes froides (bleu le plus souvent) lorsque leur potentiel est faible, ou chaudes (jusqu’au rouge) dans le cas contraire.
Informations gratuites
Les cadastres les plus aboutis vont jusqu’à décomposer le potentiel solaire de votre toiture en distinguant, sur le nombre total de mètres carrés, la part à fort potentiel de celle faible ou intermédiaire. Certains ajoutent aussi des outils de simulation d’un projet d’installation solaire. C’est le cas notamment des cadastres solaires par le cabinet Cythelia Energy (Amiens métropole, Toulouse métropole, Grand Nancy, Grand Annecy, Landes…). Ils donnent une idée plus précise de la production électrique à espérer en fonction de la surface de panneaux solaires qu’on indique vouloir installer. Une application calcule alors la production électrique que l’on peut escompter. Puis, si on décide de l’autoconsommer, l’outil indique la part des besoins que cela permettra de couvrir en fonction du profil du foyer et les gains que l’on peut espérer. Ou les recettes, si on choisit de vendre cette électricité.
Les cadastres solaires donnent aussi une idée de l’investissement à consentir, des frais annuels (assurance de l’installation, tarif d’utilisation des réseaux d’électricité…), de la durée du retour sur investissement. Via des partenariats avec Enedis, il est parfois possible de connaître le coût et de tester la facilité avec laquelle une installation photovoltaïque pourra être raccordée au réseau électrique basse tension.
Bref, une mine d’informations indispensables et gratuites ! Attention tout de même : ces collectivités précisent bien que les informations qu’elles fournissent sont théoriques et données à titre indicatif. En clair, ces cadastres donnent une première indication (précieuse !) mais doivent être enrichis par des entretiens et des études techniques permettant de peaufiner le projet. Ces collectivités renvoient ainsi, la plupart du temps, vers les espaces conseils France Rénov’ du territoire.
(1) Dans son étude, l’Apur a défini comme intéressantes pour un projet solaire les toitures bénéficiant d’un ensoleillement annuel moyen supérieur à 800 kW/m2/an.