Roselyne Poznanski
Qui devrait être concerné par le recul de l’âge de départ ?
Candidat à un nouveau mandat, Emmanuel Macron s’est positionné sur l’épineux sujet des retraites. S’il est réélu, les Français devront travailler plus longtemps car l’âge légal de départ devrait passer de 62 à 65 ans. Explications.
Il y a 2 ans, la controversée réforme « systémique » qui devait regrouper en un seul et même régime la quarantaine de régimes existants actuellement et basculer vers un système unique en points, était suspendue pour cause de crise du Covid. On sait aujourd’hui qu’elle devrait être totalement abandonnée : l’« âge pivot » qui était fixé à 64 ans pour assurer le versement de pensions à taux plein, l’est donc aussi. Cette fois, c’est vers une réforme « paramétrique », plus facile à mettre en œuvre semble-t-il, même si nombre de questions restent pour le moment en suspens, que s’oriente désormais le président-candidat Emmanuel Macron, avec une mesure radicale : le recul de l’âge légal de départ en retraite à 65 ans. Pour mémoire, il est actuellement de 62 ans et est pleinement en vigueur depuis 2017 (réforme Woerth de novembre 2010).
La première génération impactée serait…
En l’état actuel des éléments diffusés par Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, on sait que ce recul symbolique de 3 ans devrait se faire graduellement, à raison de 4 mois supplémentaires par génération jusqu’en 2032. Concrètement, si ce projet était adopté en fin d’année 2022 (éventuellement par le biais d’ordonnances pour aller plus vite), et si les premiers pas de cette réforme devaient avoir lieu dès l’année prochaine, la première génération concernée par ce changement majeur pourrait être celle des personnes nées en 1963, même si à ce stade, rien n’a été arrêté. De fait, cette génération ne serait plus autorisée à faire valoir ses droits dès son 62e anniversaire, mais à compter de ses 62 ans et 4 mois seulement (avec un cumul de 168 trimestres retraite minimum pour des pensions calculées à taux plein). Pour les générations suivantes, ce décalage se poursuivrait au même rythme : les personnes nées en 1964 seraient donc obligées de reporter de 8 mois leur départ, celles nées en 1965 seraient obligées de travailler un an de plus et donc de partir à 63 ans, en 2028, et non plus en 2027 comme tel serait le cas si les règles actuelles demeuraient inchangées. Si l’on poursuit le schéma annoncé, cela devrait donc aboutir à un âge de départ de 65 ans pour la génération 1971, qui serait donc la première à inaugurer, si l’on peut dire, ce nouvel âge légal, en 2032. Frédéric Sève, secrétaire national en charge des retraites à la CFDT, constate ainsi que « ce recul de l’âge légal sera certes indolore pour les personnes ayant démarré leur vie professionnelle à 22 ans ou après, mais particulièrement impactant pour les autres profils ».
De nombreux actifs seront concernés
Les salariés et les fonctionnaires (hors catégories actives) vont évidemment être les premiers visés par ce recul de l’âge légal. Mais qu’en sera-t-il pour les personnes qui, du fait de leur statut professionnel (policiers, militaires, aides-soignantes…), leur longue carrière (validation, entre autres, de 5 trimestres retraite avant la fin de l’année de leurs 20 ans) ou leurs difficultés de santé (travailleurs handicapés, personnes en incapacité permanente...) peuvent aujourd’hui partir avant 62 ans ? Au vu des premières réactions des grandes organisations syndicales qui considèrent ce passage à 65 ans comme « injuste », « brutal » et « pénalisant », les discussions et les négociations autour du futur projet de loi promettent d’être serrées. Et cela en dépit d’autres annonces, plus consensuelles, comme une retraite minimum portée à 1 100 € pour toute carrière complète, et la suppression des principaux régimes spéciaux (RATP, industries électriques et gazières…) pour les nouveaux entrants.