Anne-Laure Lebrun
Peut-il tomber sur les bronches ?
Les virus installés dans votre nez peuvent effectivement « descendre » dans les bronches et les poumons. Ils y fragilisent les tissus, si bien que les bactéries en profitent parfois pour les infecter à leur tour.
L’expression « tomber sur les bronches » est utilisée à la fois par les patients et les médecins pour parler des suites classiques d’un rhume. Les plus imaginatifs visualisent certainement les microbes quitter les cavités nasales et se diriger tout droit vers les poumons en traversant la trachée en chute libre après un saut de l’ange. Les plus terre à terre useront plutôt de la simple théorie de la gravité : les germes tombent sur les bronches comme les pommes tombent des arbres.
Du nez aux bronches
En réalité, c’est un peu plus compliqué. Une infection respiratoire basse peut se développer d’emblée, sans avoir été précédée d’une rhinopharyngite ou d’une angine. Mais il est vrai qu’elle suit souvent un rhume. Ceci est lié au fait que le nez est la principale porte d’entrée des germes. La majorité du temps, le tissu recouvrant les cavités nasales et le pharynx, l’épithélium respiratoire, sait très bien se défendre contre ces intrus. Mais il arrive qu’il se fasse déborder. Les agents pathogènes vont alors se multiplier tout le long de l’épithélium, des cavités nasales jusqu’aux bronches. Si les défenses immunitaires arrivent à bloquer l’infection rapidement, le rhume sera enrayé et ne descendra pas sur les bronches.
Des défenses affaiblies
En revanche, si le système immunitaire faillit, les virus envahiront les poumons. C’est une situation très fréquente, voire quasi systématique, chez les personnes fragilisées sur le plan respiratoire (fumeurs, patients atteints de BPCO…).
Cette infection virale peut se compliquer. « Lorsque l’épithélium respiratoire est agressé, il ne joue plus son rôle de barrière. Dès lors, des bactéries vivant naturellement et harmonieusement dans nos voies respiratoires peuvent s’engouffrer dans la faille et provoquer une infection. C’est notamment ce qui se passe en cas de grippe. Les virus grippaux fragilisent l’épithélium et le pneumocoque en profite », décrit le Dr Abgueguen, infectiologue.
« Des données ont par ailleurs montré que les cellules immunitaires exposées à des virus sont moins efficaces pour tuer les bactéries. Les infections virales fragilisent donc le système immunitaire et facilitent les infections bactériennes secondaires », complète le Pr Burgel, pneumologue.
Laver pour prévenir
Pour limiter cette évolution, il faut donc stopper l’avancée des virus dès les premiers symptômes du rhume. Pour cela, le lavage de nez est une arme simple et efficace. Un essai clinique a montré que les lavages du nez et les gargarismes à l’eau salée (avec ou sans ajout de bicarbonate de sodium alimentaire) permettent de réduire la durée des infections virales de 2,5 jours en moyenne. D’autres données montrent que l’eau salée est capable d’inhiber la réplication des virus respiratoires.
Des solutions salées que l’on peut faire chez soi en mélangeant 3 cuillères à soupe de gros sel dans 1,5 l d’eau. Certains y ajoutent une cuillère à café de bicarbonate de sodium (qualité alimentaire ou pharmaceutique), mais ce n’est pas obligatoire.