par Élisa Oudin
par Élisa Oudin
Le Conseil européen a instauré, vendredi 12 décembre, un nouveau droit de douane sur les colis inférieurs à 150 € qui pénètrent sur le territoire européen. La taxe entrera en vigueur en juillet 2026. Une seconde taxe pourrait être prochainement rajoutée par la France.
Dans 6 mois, l’ensemble des petits colis en provenance de pays hors de l’Union européenne (UE) dont la valeur est inférieure à 150 € seront taxés. Ils faisaient jusqu’à présent l’objet d’une exemption. Les ministres des Finances de l’UE viennent en effet de s’accorder sur l’instauration d’un droit forfaitaire de 3 €, à partir du 1er juillet 2026, pour chaque paquet. Si le colis contient plusieurs exemplaires d’un même article, les 3 € ne seront prélevés qu’une fois ; s’il contient des produits différents, il faudra payer 3 € par produit. Sont particulièrement visés les colis en provenance de Chine, achetés sur des plateformes comme Temu, Shein ou AliExpress.
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Une seconde taxe, de 2 € à 5 €, concernant spécifiquement la France, a en outre de bonnes chances de s’ajouter. Il s’agirait de frais de traitement, eux aussi appliqués par catégories d’articles. Le Sénat et l’Assemblée nationale ont déjà voté le principe de cette ponction en première lecture du projet de loi de finances pour 2026. On saura, lors du vote final de la loi dans les semaines à venir, si le dispositif est adopté. Une étape qui présente encore des incertitudes, au regard du contexte politique actuel. Ces droits de douane supplémentaires s’appliqueraient, en principe, dès le 1er janvier 2026 (ou mi-janvier en cas d’adoption tardive de la loi de finances).
En pratique, qui va payer ces nouveaux droits de douane ? Plusieurs solutions sont possibles. Les taxes seront en principe collectées à la livraison par le transporteur (La Poste, DHL, UPS, etc.) auprès du destinataire, ou pourront s’ajouter aux frais de livraison lors de la commande. Mais des expéditeurs (par exemple Shein ou Temu) pourraient décider d’intégrer les taxes dans le prix d’achat, afin d’éviter au client de découvrir des frais d’expédition prohibitifs, juste au moment de payer… Quelle que soit la méthode, il est très peu probable que les plateformes absorbent les nouvelles taxes, en particulier sur les produits à petit prix. Car sur ces articles, leurs marges sont particulièrement étroites. C’est ainsi le consommateur européen qui va probablement supporter la plus grande partie de la nouvelle imposition.
Si le double dispositif s’applique comme prévu, dans 6 mois, tous les biens à très petit prix, c’est-à-dire vendus entre 1 € et 3 €, devraient perdre la très grande partie de leur attrait. Comme la taxation est forfaitaire et non proportionnelle, ils seront en effet ponctionnés de la même façon que les marchandises plus chères, c’est-à-dire entre 5 € et 8 € par article. Pas sûr que tous les milliers de petits produits vendus moins de 3 € (bijoux, maquillage, accessoires pour la maison ou le bureau, etc.) trouveront encore preneur, trois ou quatre fois plus chers ! À moins bien sûr de commander de nombreux produits identiques, la taxe ne s’appliquant qu’au premier article dans la même catégorie.
Le prix des vêtements commandés sur les plateformes, dont le prix moyen oscille entre 7 € et 15 €, restera relativement plus intéressant. Leur coût, après ponction, ne devrait pas dépasser une vingtaine d’euros. Commander trois pantalons à 8 € serait facturé autour de 30 €, au lieu de 24 € aujourd’hui. Mais si l’on effectue des achats regroupant des produits de catégories différentes, le surcoût commencera à devenir sensible. Par exemple, acheter quatre vêtements différents (pantalon, pull, chemise, tee-shirt) revient aujourd’hui, en moyenne, à 35 € ou 40 €. Cela pourrait coûter demain plus de 70 €.
Élisa Oudin
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