Anne-Sophie Stamane
Traitement hormonal de la ménopauseSurmortalité par cancer du sein
Deux articles récents parus dans le magazine médical The Lancet confirment, pour les femmes sous traitement hormonal de la ménopause, un surrisque de cancer du sein et de surmortalité par cancer du sein. Si un traitement est indispensable, il doit être le plus court possible.
Ce n’est pas nouveau : le traitement hormonal de la ménopause (THM) est connu pour entraîner un risque accru de cancer du sein. La méta-analyse parue fin août dans The Lancet (1) a le mérite de préciser son ampleur : pour un traitement de 5 ans, il y aurait un cancer du sein en plus par 50 utilisatrices avec progestatif continu, et un cancer du sein en plus par 70 utilisatrices avec progestatif quelques jours par mois seulement. Sans progestatif (réservé aux femmes qui n’ont plus leur utérus), c’est plus ténu : un cancer du sein en plus par 200 utilisatrices. En portant la durée de traitement à 10 ans, le risque est doublé pour chaque catégorie. Point intéressant, le surrisque persiste jusqu’à plus de 10 ans après l’arrêt du traitement. Jusqu’alors, il était réputé disparaître après 2 à 5 ans. Ces cas de cancers supplémentaires ont un impact sur la mortalité : une autre contribution au Lancet montre, sur la base de la Million Women Study (MWS), une mortalité par cancer du sein supérieure chez les femmes sous traitement hormonal de la ménopause par rapport aux femmes non traitées : de 15 à 35 % de risque supplémentaire pour un traitement de moins de 5 ans, selon que les estrogènes sont associés ou non à un progestatif. Les chiffres sont nettement plus élevés pour une durée de traitement au-delà de 5 années.
Selon les auteurs de la méta-analyse, le type d’estrogènes utilisé et leur mode d’administration ne changerait pas grand-chose à l’affaire. En France, les médecins considèrent les gels et les patchs plus sûrs que les comprimés, mais il s’agit du risque thromboembolique. Le type de progestatif serait indifférent, alors que les pratiques françaises privilégient la progestérone micronisée en raison d’un profil plus rassurant. Seule la dydrogestérone sortirait du lot.
Au final, le surrisque de cancer du sein comme de mort par cancer du sein n’est pas énorme, mais il est confirmé. Mieux vaut donc éviter les traitements hormonaux de la ménopause si la gêne n’est pas trop handicapante. D’autant que les symptômes – bouffées de chaleur, troubles du sommeil, etc. – ont parfois tendance à se manifester de nouveau dès l’arrêt.
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(1) Type and timing of menopausal hormone therapy and breast cancer risk: individual participant meta-analysis of the worldwide epidemiological evidence, The Lancet, 29 août 2019.