
par Marie-Amandine Stévenin
par Marie-Amandine Stévenin
Notre nouveau Premier ministre a réservé son premier déplacement, à Mâcon, à la thématique de l’accès aux soins, et plus spécifiquement des déserts médicaux. Si je ne peux que me réjouir qu’il marque ainsi son intérêt pour cette problématique majeure, je déplore toutefois les flous entourant ses annonces. Cette annonce, sortie à des fins de communication politique, ne doit pas masquer que l’un des enjeux de la lutte contre les déserts médicaux reste encore et toujours la régulation de l’installation des médecins.
Le cœur des annonces de Sébastien Lecornu est le déploiement de 5 000 maisons "France Santé" permettant en théorie à chaque habitant d’être à moins de 30 minutes d’un médecin. Une bien belle annonce… à ceci près que notre nouveau Premier ministre est resté silencieux sur les leviers concrets qu’il comptait mobiliser pour remplir ces maisons. Ce point n’est pourtant pas de second ordre si on veut bien admettre qu’une maison vide de médecins ne saurait constituer une quelconque réponse au problème des déserts médicaux. Aucune précision en outre sur la qualité des médecins ayant vocation à les occuper, ni sur leur capacité à pouvoir recevoir dans des délais raisonnables l’ensemble des patients qui pourraient leur demander un rendez-vous.
Et si le but de cette annonce, finalement, ce n’était pas de faire de la com à bas coût, et de reporter encore une réelle politique de lutte contre les déserts médicaux ? Je ne manque pas de me poser la question en considérant que l’intervention du Premier ministre se déroule dans un contexte où la proposition de loi transpartisane dite Garot pour améliorer l’accès aux soins a été votée il y a peu à l’Assemblée nationale. Rappelons que cette loi contient une mesure historiquement combattue par nos gouvernements successifs : la régulation de l’installation des médecins. Est-ce donc pour mettre des bâtons dans les roues du processus législatif de cette proposition de loi que le Premier ministre a sorti de son chapeau une vague mesure alternative ? Peut-être.
Mais si certains ont en tête d’enterrer cette proposition de loi en empêchant notamment qu’elle puisse être désormais examinée au Sénat, d’autres œuvrent pour la maintenir dans la lumière de l’actualité.
C’est notamment le cas de tous les participants d’une journée parlementaire organisée par les députés membres du groupe transpartisan sur les déserts médicaux qui a eu lieu la semaine dernière à Laval. L’UFC-Que Choisir a participé à l’une des tables rondes du colloque pour présenter les données qu’elle a produites sur l’étendue de la fracture sanitaire, et rappeler quelques constats glaçants : 500 000 patients en affection longue durée n’ont pas de médecin traitant dans certains départements, trouver un rendez-vous chez l’ophtalmologue ou le gynécologue demande de se rendre dans le département voisin ou d’être prêt à attendre entre 6 mois et un an.
Marie-Amandine Stévenin
Présidente de l'UFC-Que Choisir
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