BILLET DE LA PRÉSIDENTE

Régulation de l’installation des médecinsAprès l’Assemblée, une avancée à confirmer au Sénat

Marie-Amandine Stévenin

par Marie-Amandine Stévenin

La semaine dernière, l’Assemblée nationale a enfin voté – en première lecture et malgré les pressions de certains Députés Médecins animés par un réflexe corporatiste – la proposition de loi de Guillaume Garot instaurant une régulation de l’installation des médecins. Ce vote marque un tournant décisif : après plus de dix ans de mobilisation de l’UFC-Que Choisir contre les déserts médicaux, les Députés ont eu le courage de rompre avec l’inaction et de choisir l’intérêt des patients.

Mais cette avancée historique reste pour l’instant symbolique et à confirmer. Le Sénat doit maintenant se prononcer sur le sujet, alors même qu’une autre proposition – soutenue par le Gouvernement – est à l’étude. Ce nouveau texte – qui va complexifier un peu plus la lutte contre les déserts médicaux - esquive la régulation de l’installation et lui préfère un soi-disant mécanisme de « solidarité », flou, bancal, et financièrement insoutenable. Qui va payer pour ces trajets, ces locaux, cette logistique ? Et surtout, pour quel suivi des patients ?

Soyons clairs : ce projet sorti à la dernière minute sans considération pour la proposition de loi Garot ne garantit en rien l’accès aux soins pour les millions de victimes de la fracture sanitaire. Il ne fait que maquiller l’échec d’une médecine libérale à deux vitesses : d’un côté, les zones mieux dotées avec un vrai suivi médical ; de l’autre, les territoires abandonnés, où l’on se contente de rustines affublées du terme « solidaire ».

Le courage politique, c’est celui des Députés, qui - malgré les pressions - ont assumé la régulation de l’installation des médecins, comme c’est déjà le cas pour d’autres professions de santé en France à l’image des dentistes et infirmiers, et pour les médecins dans des pays comme l’Allemagne. Une solution juste, éprouvée, qui ne dilapide pas l’argent public en primes inefficaces mais repose sur une organisation rationnelle, pensée pour tous les citoyens.

Le Sénat doit entendre la voix des territoires, des patients, des associations d’usagers. Il ne suffit plus de faire semblant : il faut agir. L’égalité d’accès aux soins ne peut plus attendre. Plutôt que de faire coexister deux textes législatifs, le Gouvernement doit faire preuve de volontarisme en mettant à l’ordre du jour le plus rapidement possible la proposition de loi Garot.

L’UFC-Que Choisir ne lâchera rien. Le vote de la régulation ne doit pas être une parenthèse vite refermée, mais le point de départ d’une vraie politique contre la désertification médicale. La balle est dans le camp du Sénat, à lui de prendre ses responsabilités.

Marie-Amandine Stévenin

Marie-Amandine Stévenin

Présidente de l'UFC-Que Choisir

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