par Olivier Puren
Épargne retraiteLe match assurance vie contre PER

L’assurance vie et le PER sont des produits d’épargne à long terme privilégiés pour vous constituer un complément de retraite. Celui à souscrire en priorité dépend de votre horizon de placement et de votre niveau d’imposition.
Selon les résultats de l’enquête 2025 « Les Français, l’épargne et la retraite » menée par l’association d’assurés Amphitéa et le cabinet Le cercle de l’Épargne, les Français sont inquiets pour leur retraite : 72 % estiment que leur pension ne suffira pas à leur garantir un niveau de vie correct et 62 % pensent qu’il faut épargner pour la retraite avant 35 ans.
Cela explique sans doute le succès grandissant du plan d’épargne retraite individuel (PER), placement souscrit par plus de 4,1 millions d’épargnants à la fin de l’année dernière. Il permet de faire fructifier vos économies sur des supports d’investissement variés, à capital garanti (fonds en euros) ou à risques (fonds en unités de compte), en gestion libre ou pilotée, et de la récupérer sous forme de capital ou de rente viagère à l’heure de la retraite. Un fonctionnement similaire à celui de l’assurance vie, en somme. Comme elle, le PER permet aussi de désigner des bénéficiaires qui recevront un capital « hors succession » au décès de son titulaire. Alors, quelle enveloppe choisir pour vous constituer une retraite supplémentaire ? Ça dépend de votre âge et du montant de vos impôts.

Choisir l’assurance vie
Principal défaut du PER : c’est un produit « tunnel ». Sauf exception, l’épargne placée sera bloquée jusqu’à la date à laquelle vous pourrez prendre votre retraite, soit entre 62 et 64 ans selon votre année de naissance. Une contrainte acceptable à 10 ou 15 ans de cette échéance, mais plus difficile à supporter en début de carrière. À 30-40 ans, mieux vaut choisir des supports d’épargne plus liquides, même si vous visez la retraite, afin que l’argent déposé reste disponible à tout moment. Autrement dit, il est préférable de souscrire en priorité une assurance vie multisupport.
Une épargne liquide
L’assurance vie peut aussi être envisagée comme un outil d’épargne retraite qui vous permettra, le moment venu, de compenser votre baisse de revenus par le versement d’une rente viagère ou la perception d’un capital. Mais votre épargne ne sera pas bloquée, vous pourrez la récupérer quand vous voudrez en cas de besoin, en effectuant un retrait partiel ou total sur votre contrat. En revanche, vous ne pourrez débloquer par anticipation l’épargne placée sur votre PER que si vous êtes confronté à un « accident de la vie » (décès, invalidité, surendettement, etc.) ou pour acquérir votre résidence principale. Hors de ces cas particuliers, vous devrez attendre la retraite pour récupérer vos avoirs.
Bon à savoir Comme le PER, l’assurance vie permet une gestion pilotée à horizon de votre épargne. En fonction du profil choisi (prudent, équilibré ou dynamique), vos avoirs (épargne + gains) sont placés à des degrés divers sur des supports d’investissement à risques (pour la performance) puis progressivement rapatriés sur des supports à capital garanti à mesure que vous approchez de la retraite (pour la sécurité). Notez que l’offre financière des contrats d’assurance vie est souvent plus large que celle des PER.
Une fiscalité dégressive
L’assurance vie permet de faire croître votre épargne à l’abri du fisc. Vos gains seront imposables uniquement lorsque vous les récupérerez, à l’exception des prélèvements sociaux payés chaque année sur les intérêts générés par votre fonds en euros. Mais si vous avez souscrit votre contrat depuis au moins 8 ans, vous ne serez taxé (au taux réduit de 7,5 ou 12,8 %) que si vous récupérez plus de 4 600 € de gains par an (le double si vous êtes marié ou pacsé), l’épargne récupérée échappant pour sa part à toute imposition. Vous pourrez ainsi bénéficier d’un complément de retraite entièrement défiscalisé (hors prélèvements sociaux dus sur vos gains d’unités de compte) si vous récupérez votre capital de manière fractionnée sur plusieurs années. Par ailleurs, si vous optez pour un dénouement de votre contrat en rente viagère, vous ne serez imposé que sur une fraction des arrérages perçus jusqu’à la fin de votre vie.
Choisir le plan d’épargne retraite (PER)
Principale qualité du PER : il permet de réduire vos impôts pendant la phase d’épargne et son effet défiscalisant est d’autant plus important que vous êtes lourdement imposé. Les sommes placées en assurance vie, elles, n’ouvrent droit à aucun avantage fiscal (sauf sur un contrat de rente-survie ou d’épargne handicap). Il vaut donc mieux privilégier le PER pour préparer votre retraite si vous payez beaucoup d’impôts.
Un avantage à l’entrée
Les versements effectués chaque année sur le plan seront déductibles fiscalement à hauteur de 10 % de vos revenus professionnels de l’année précédente, davantage si vous n’épargnez pas régulièrement pour la retraite ou si vous exercez une activité indépendante. Vous obtiendrez des baisses d’impôt sur le revenu proportionnelles au taux d’imposition de votre foyer, non soumises au plafonnement des niches fiscales contrairement à la majorité des réductions d’impôt. La déduction de votre épargne retraite permettra aussi d’alléger votre taux de prélèvement à la source.
Des impôts à la sortie
En contrepartie, le capital ou la rente récupéré à la retraite sera fiscalisé. Une part sera imposée comme une pension de retraite mais sans l’abattement de 10 % accordé aux retraités, l’autre comme un revenu de placement financier. Vous perdrez ainsi à la sortie une partie des économies d’impôt réalisées à l’entrée. Cela étant, votre taux d’imposition sera normalement plus faible à la retraite, si bien que vous resterez globalement gagnant.
Éviter le rattrapage fiscal
Vous ne serez pas obligé de liquider votre PER lorsque vous prendrez votre retraite : vous pourrez le conserver et continuer à l’alimenter pour réduire vos impôts. Si vous êtes lourdement imposé, cette solution permettra d’éviter la taxation des sommes récupérées au dénouement du plan (elles ne seront pas taxées de votre vivant si vous n’y touchez pas). Vous éviterez ainsi le rattrapage des baisses d’impôt obtenues pendant la phase d’épargne. Par ailleurs, à votre décès, les proches désignés bénéficiaires de votre PER n’auront pas à payer à votre place les impôts et les prélèvements sociaux que vous n’aurez pas réglés. Le capital qu’ils recevront sera soumis à la fiscalité successorale du PER : exonération totale pour le conjoint ou le partenaire de pacs survivant ; fiscalité de l’assurance vie (décès avant 70 ans) ou droits de succession (décès après 70 ans) pour les autres bénéficiaires.
Bon à savoir Vous pouvez renoncer à la déduction des versements faits sur votre PER si vous n’êtes pas imposable, car vous n’en tirez aucun avantage. Le capital ou la rente récupéré à la retraite sera dans ce cas soumis à une fiscalité allégée. Une faveur théorique, cependant, car il y a peu de risques que vous deveniez imposable à la retraite si vous ne l’êtes pas aujourd’hui. Mieux vaut privilégier l’assurance vie pour placer vos économies pour vos vieux jours.

Olivier Puren