CONSEILS

Pollution de l'air intérieurDes mauvaises habitudes à oublier

On en parle moins, ­pourtant l’air de nos ­logements est souvent plus pollué que l’air ­extérieur. Le rendre plus sain n’est pas si ­compliqué, mais gare aux mauvaises habitudes et aux faux remèdes. Nos conseils pour prémunir son intérieur et la liste des produits à éviter pour respirer un air sain.

Détecter les produits allergisants qu’on utilise au quotidien, les mauvaises habitudes qui dégradent l’air que nous respirons à domicile, c’est son métier. En visitant les logements, elle traque tout ce qui est susceptible de provoquer, d’entretenir ou d’aggraver des problèmes d’asthme ou d’allergie. Martine Ott est conseillère médicale en environnement intérieur, une profession récente en France. Tout a démarré à Strasbourg, il y a une quinzaine d’années. À l’époque, le service d’allergologie du centre hospitalier universitaire menait une recherche sur un acaricide et le suivi des patients à domicile s’imposait. Martine Ott en fut chargée et l’équipe médicale nota que ses visites chez les patients contribuaient à mieux connaître leur environnement. Pour vérifier l’intérêt de la démarche, le P Frédéric de Blay, responsable du service, lance une étude auprès de 378 patients. La conclusion est nette : les teneurs en allergènes et les symptômes diminuent plus quand il y a visite à domicile, et le suivi des recommandations médicales se révèle meilleur. Dans la foulée, il crée le diplôme de conseiller médical en environnement intérieur.

Depuis, Martine Ott travaille au laboratoire de pneumologie et allergologie qu’il dirige, et elle enchaîne les visites à domicile à la demande des médecins. Son œil exercé détecte des problèmes auxquels on ne penserait jamais spontanément. Du linge qui sèche dehors au printemps, par exemple. C’est idéal a priori, sauf s’il y a un allergique aux pollens dans la famille et un bouleau ou un cyprès à proximité, rectifie notre experte. Des pollens allergisants vont alors se déposer sur le linge et rentrer avec dans la maison. Mais c’est surtout la visite des intérieurs qui est riche d’enseignements. « On commence par discuter, je pose des questions sur le mode de chauffage, la ventilation, la présence d’un animal domestique, les éventuels travaux réalisés au cours des douze derniers mois. J’interroge aussi sur les pratiques de ménage, l’entretien, les produits utilisés. Et puis, la visite du logement commence. Il y a des problèmes que je repère à l’œil nu, les moisissures, les aménagements de chambres propices aux acariens, d’autres que je détecte à l’odeur, les parfums d’intérieur, les huiles essentielles, les encens. Je complète avec un test rapide qui me donne la concentration en acariens, je vérifie l’état de la ventilation. »

La liste est longue

Si les visites se font au domicile de personnes allergiques, les enseignements qu’on en tire sont valables pour tous les logements. Et à entendre Martine Ott, tout le monde peut réduire la pollution de son intérieur, habiter dans un milieu sain, dès lors que toutes les sources de pollution sont identifiées. Mais ces dernières nous sont si familières que, spontanément, ça ne va pas de soi. « Je suis étonnée de voir autant de gens utiliser des parfums d’intérieur et des huiles essentielles, poursuit Martine Ott. On m’explique que c’est pour se débarrasser de l’odeur de tabac, de nourriture, ou encore de celle de la litière du chat. Mais avec tous ces produits, on rajoute de la pollution à la pollution au lieu de la supprimer. Il y a aussi les traces de condensation sur les murs, qui sont très courantes. C’est le signe d’un air humide, ce n’est pas sain. Dès qu’on produit de l’humidité dans une pièce, que ce soit dans la cuisine ou la salle de bains, il faut aérer pour l’évacuer au plus vite, c’est indispensable pour éviter les moisissures. Les gens n’ont pas du tout conscience de l’importance de la ventilation, c’est un vrai problème. Je trouve très souvent des bouches d’aération condamnées, des bouches d’extraction de VMC encrassées. Tout cela favorise la condensation et les moisissures. La mode des couettes, elle aussi, est très propice à la prolifération des acariens. On se lève, on la rabat aussitôt, le lit est fait, mais les acariens restent bien au chaud sous la couette, c’est leur milieu idéal. Il faut revenir à cette habitude qu’avaient nos grands-mères, ouvrir la fenêtre de la chambre et aérer son lit tous les matins, c’est un bon remède antiacariens. Je vois aussi de plus en plus de produits d’entretien étiquetés “désinfectant”. C’est une très mauvaise habitude, on a besoin de désinfecter en milieu hospitalier, pas à domicile. Ces produits-là contiennent en général un ingrédient allergisant. » C’est donc tout un ensemble de petites choses qu’il faut modifier, d’habitudes qu’il faut prendre, ou perdre, pour vivre dans un intérieur sain. Que Choisir les détaille par le menu.

Les produits à éviter pour respirer un air sain

Les parfums d’intérieur et les désodorisants. Naturels ou industriels, tous les parfums d’ambiance et désodorisants polluent l’air intérieur en COV (composés organiques volatiles) irritants et/ou allergènes.

Les encens. Brûler de l’encens fait respirer du formaldéhyde et du benzène, deux cancérogènes avérés, sans parler de l’acétaldéhyde, du naphtalène…

Les bougies parfumées. Impossible d’acheter les yeux fermés, l’émission de substances polluantes et de particules fines est courante.

Les huiles essentielles. Les assainissants et parfums aux huiles essentielles émettent des COV. Si on les brûle, c’est pire.

Les produits d’entretien parfumés et les lingettes odorantes. Ils émettent des COV (terpènes).

Les formulations en aérosol et en spray. À chaque pulvérisation, on respire une bouffée de produit et les polluants qui vont avec.

Les nettoyants ménagers désinfectants et les produits étiquetés « antibactériens ». Désinfecter est nécessaire en milieu hospitalier mais inutile et même néfaste à domicile. Le contact des microbes stimule les défenses immunitaires. De plus, en désinfectant, on risque d’éliminer les bactéries courantes au profit des souches résistantes.

Les sprays assainissants. Assainir l’air en le chargeant de polluants ? C'est un non-sens. Notre test prouve que ce sont des produits très émissifs. 

Les biocides. Diffuseurs, plaquettes et bombes insecticides, colliers et sprays antipuces des chiens et chats, pulvérisateurs pour plantes exposent aux pesticides.

Les produits qui portent des symboles de danger. Les produits qui portent une des consignes suivantes :

  • Ne pas inhaler les vapeurs
  • Ne pas respirer les aérosols
  • Ne pas utiliser dans un local fermé
  • Bien ventiler après usage
  • Utiliser seulement dans des zones bien ventilées

Preuve qu’ils polluent l’air.

Les matériaux, peintures et produits de construction ou de décoration non étiquetés en A+. A+ est loin d’être une garantie, l’étiquetage est trop laxiste, mais A, B, ou C, c’est encore pire.

Les purificateurs d’air. Les matériaux et les produits destinés à épurer l’air intérieur se multiplient, ils font souvent appel à la photocatalyse. À base de nanoparticules de dioxyde de titane, elle pose problème. Seul le procédé par filtration paraît peu problématique.

Les plantes d’intérieur. Elles ne dépolluent pas et la terre des pots des plantes d’intérieur peut être allergisante.

Le plumeau. Il remet les poussières chargées de leurs polluants et de leurs allergènes en suspension dans l’air.

Les poêles à pétrole. Sans conduit d’évacuation, ils dégagent du monoxyde de carbone, des oxydes d’azote et beaucoup de vapeur d’eau.

Le tabac. Faut-il le redire ? La fumée de cigarette contient plus de 3 000 substances, dont un certain nombre est cancérogène.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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