ACTION LOCALE UFC-QUE CHOISIR

Militants à l’UFC-Que Choisir

Si l’UFC-Choisir est la première ­association française de défense des consommateurs, elle le doit, pour beaucoup, à ses quelque 150 associations locales, regroupant 140 000 adhérents. Animées par des militants bénévoles, ces structures accueillent tous ceux qui veulent s’investir dans « la cause consumériste ». Actifs ou retraités, tous les profils sont les bienvenus. Après Moulins (Allier), le mois dernier, Que Choisir est allé dans le Morbihan, le Maine-et-Loire et en Essonne, à la rencontre de trois bénévoles investis. Portraits.

Marion Lemoine, 34 ans

« J’adore mon métier, agir au service des consommateurs est un plaisir »

Elle est arrivée à l’association locale du Morbihan comme stagiaire. Onze années et des dizaines de litiges réglés plus tard, Marion devient à son tour maître de stage.

Ni sa silhouette affutée ni sa tenue décontractée (jean patte d’eph et cheveux noués à la va-vite) ne trahissent la volonté de fer qui la caractérise. Depuis plus de dix ans qu’elle a rejoint l’antenne de Vannes, Marion Lemoine, 34 ans, a fait plier des dizaines d’entreprises. Des minuscules et des géantes, comme Air France ou Nouvelles Frontières. Pour des petits litiges, mais aussi en obtenant des annulations de juteux contrats, jusqu’à 35 000 €.

Son « truc » : arracher des accords amiables en bétonnant son argumentaire juridique. Il faut dire que le droit de la consommation, elle le manie depuis longtemps. Depuis son arrivée à l’UFC-Que Choisir du Morbihan, dans le cadre de son Master 2 en droit des affaires, en tant que stagiaire. C’était en 2007. « Dès les premiers jours, on a décelé en elle une grande professionnelle », se souvient Gilbert, coordinateur historique de l’association qui fut alors son maître de stage. L’ambiance chaleureuse, familiale, et la satisfaction de tirer les consommateurs de situations parfois compli­quées l’ont convaincue de rester. « J’adore mon métier de juriste. Agir au service des consommateurs est un plaisir. Être bénévole exige de s’investir, mais en retour, la satisfaction intellectuelle est indéniable, explique Marion. On se forme en continu grâce à nos recherches, les cas sont très variés et on est en contact permanent avec la répression des fraudes, avec des experts en construction, en automobile... Nous menons des enquêtes pour apporter les preuves de la bonne foi des consommateurs. C’est ce que je préfère », confie-t-elle, gentiment impertinente.

Son implication est totale

Ses collègues disent qu’elle est pugnace et que son implication est totale. « Marion est discrète et réservée, mais elle défend les consommateurs avec une grande conviction », constate Véronique, secrétaire de l’association. Pourtant, ils ne la croisent pas tous les jours : Marion bûche à distance. « Tout se passe par e-mail, j’ai toujours un œil rivé sur mon smartphone. » Et l’autre… sur ses six enfants ! « Un tous les deux ans ! Mon mari a toujours voulu une famille nombreuse. Moi j’en voulais deux. Il en voudrait dix. Je pense qu’il va gagner », s’a­muse-t-elle, fière du chemin déjà accompli.

Ce chemin l’aurait probablement menée vers d’autres terres si ce prolifique mari, breton pure souche, n’était pas attaché à sa région comme une huître à son rocher. « J’aurais sans doute pu décrocher un bon CDI dans une plus grande ville. Mais je suis heureuse ici, et j’ai fait un choix radical : six mois par an, je pars travailler à Niort, au service protection juridique de la Maif [à 300 km de chez elle, ndlr]. J’ai une chambre là-bas et je rentre tous les week-ends. Ça me fait des vacances ! »

Dans quelques semaines, Marion endossera une nouvelle robe : celle de maître de stage. Elle chapeautera Clément, un étudiant de 23 ans, qui achèvera à son tour, au sein de l’association, son Master 2 en droit. « Ma spécialité ? Pratique contractuelle et contentieux des affaires. Je suis certain de faire un super stage ! » La relève est assurée. Pour l’instant, Marion n’a pas l’intention de quitter l’association. Et c’est tant mieux pour les Bretons.

Camille Gruhier 

Jean-Jacques Terrière, 64 ans

« Je ne suis spécialiste de rien, mais je m’intéresse à tout »

Longtemps à la tête d’un magasin de France Loisirs, Jean-Jacques Terrière est un retraité « très actif » qui s’investit avec passion dans son association locale.

Mon portable sonne. Hall de la gare d’Angers. « Je vous vois ! Attendez, j’arrive. » Le ton est vif, enjoué, à l’image de cet homme qui s’avance vers moi, souriant tout en raccrochant son téléphone. Jean-Jacques Terrière, 64 ans, a des airs de Robin Williams. Ça tombe bien, on apprendra plus tard qu’il est aussi fan de cinéma. De cinéma, et aussi de musique, de photo, de voyages, de livres… Les passions irriguent sa vie. La curiosité est son moteur. Et depuis cinq ans, Jean-Jacques Terrière s’engage avec la même intensité en tant que bénévole pour l’association locale UFC-Que Choisir d’Angers, où il a su se rendre indis­pensable. « J’étais responsable d’un magasin France Loisirs. Autant dire que le respect du client, le souci de la qualité du produit, c’est mon truc ! J’étais très actif ! Et au moment de prendre ma retraite, mon fils m’a dit : “Il faut que tu trouves une activité. Tu n’es pas du genre à ne rien faire.” Spontanément, je suis venu à l’UFC-Que Choisir », se rappelle Jean-Jacques. Abonnés depuis de longues années à Que Choisir, le retraité et son épouse sont de ces consommateurs vigilants qui prennent un soin particulier à leurs achats et détestent se faire « plumer » ! « Ma femme fait toujours les courses avec un petit tableau qu’elle a dans son sac et qui lui indique la nature des additifs dans les produits. » Toquer à la porte de l’UFC-Que Choisir, c’était comme une évidence.

La communication, il adore

« Jean-Jacques est toujours enthousiaste, énergique, note Yannick Grellard, le président de l’asso­ciation locale angevine. Je sais que je peux m’appuyer sur lui. C’est une mine d’idées astucieuses ! » Il s’impose vite comme administrateur, en charge de la communication, pour laquelle il a des facilités, à travers le bulletin de l’antenne locale, Anjou consommateur. « Déjà au lycée, se souvient Jean-Jacques, j’étais délégué représentant d’élève. Puis, chez France Loisirs, délégué syndical. À chaque fois, on est ve­nu me chercher. Sans doute parce que j’aime les gens, je m’exprime facilement, j’aime créer de la cohésion. » Notre retraité adore participer à des « enquêtes mystères » dans les magasins. « Je suis déçu quand les gens ne sont pas “réglos”. Il y a quelques années, dans une jardinerie, le responsable m’a tout de suite recommandé le Roundup, un herbicide dangereux pour l’environnement. » Déçu ce jour-là. Oui. Mais fier d’informer le consommateur des risques à éviter et des réflexes à avoir. C’est sans doute cela aussi qui anime Jean-Jacques Terrière.

Pascale Barlet

Roland Hugot, 70 ans

« À la retraite, je me demandais comment aider les autres »

Bénévole depuis bientôt quatre ans pour l’association, à Saint Michel-sur-Orge, il en est l’un des administrateurs.

Sa rapide prise de responsabilité au sein de l’association UFC-Que Choisir du Val-d’Orge, Roland Hugot la doit à son dynamisme. Ancien responsable d’un restau­rant du groupe Accor, il a connu le monde du travail dès l’âge de 14 ans et n’a jamais été au chômage. Grand actif, Roland reconnaît que ce tempérament et cette force de caractère, il les doit à ses parents. C’est un peu « la marque de fabrique de la famille ». Ce n’est pas sa mère de 89 ans, qui vient d’intégrer une association de marche nordique, qui le contredira.

Toujours là pour les autres 

En prenant sa retraite il y a neuf ans, Roland ne se voyait pas rester tranquille au coin d’un feu, tout en se demandant comment assouvir son envie d’aider les autres. Le déclic ? Une autre histoire de famille ! Deux de ses sœurs sont bénévoles dans des associations locales de l’UFC-Que Choisir. Et c’est l’une d’elles qui, après l’avoir aidé dans un litige, lui donnera envie de rejoindre l’UFC-Que Choisir !

Aujourd’hui, Roland passe trois jours par semaine dans les locaux de son association locale. Il assure la « permanence litige » à la Maison de la justice et du droit d’Étampes. Mais cela ne l’empêche pas d’être sollicité en dehors. Lors d’une marche avec les membres de son club de randonnée, par exemple. Il répond toujours, immédiatement ou après avoir fait des recherches. Vivant à fond sa passion pour la nature, Roland est aussi un « baliseur ». À ce titre, il entretient plus de 12 km de sentiers de randonnées. Comme si cela ne lui suffisait pas, il est président du conseil syndical de son lotissement (41 pavillons). De quoi bien remplir son agenda ! Un agenda encore sous format traditionnel. Car, même si Roland est familier avec l’informatique (il réalise les documents projetés lors des évènements organisés par son association), il aime le contact avec le papier. Peut-être le seul détail qui rappelle à ceux qui le rencontrent qu’il a bientôt 70 ans !

Yves Martin

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