Camille Gruhier
Achats "in-app"L’Europe veut plus de transparence
Les boutiques en ligne permettent d’enrichir l’utilisation quotidienne de son smartphone. L’App Store d’Apple et le Playstore de Google (appareils Android) regorgent en effet de petites applications pratiques (banque en ligne, météo, coachs sportifs, etc.). On y trouve également des jeux, des applis éducatives ou encore des outils (convertisseurs de monnaie, gestionnaires de budgets, etc.). Certaines sont payantes, mais la plupart sont gratuites. Du moins en apparence. Une fois installées sur le smartphone, certaines applications proposent du contenu payant, dit « in-app ». La Commission européenne estime que ce n’est pas clair pour le consommateur qui, de surcroît, peut procéder à des achats sans le savoir. Elle va donc s’entretenir avec Apple et Google pour obtenir plus de transparence.
Plus d’un million d’applications disponibles dans l’App Store, autant dans le Playstore, des milliards de dollars de chiffre d’affaires annuel réalisé grâce à des millions de téléchargements : les boutiques d’applications pour smartphones et tablettes affichent des chiffres vertigineux. Les consommateurs les plébiscitent énormément, pour le caractère ludique ou pratique des applications. Jeux, voyage, sport, travail, transports, gastronomie… Tous les domaines de la vie quotidienne ont leurs propres applications. Les développeurs informatiques qui les conçoivent débordent d’imagination. Nombreux sont ceux qui parviennent à vivre de cette activité. Les boutiques d’applis sont également de vraies machines à cash pour Apple (avec ses iPhone et iPad) et Google (avec ses tablettes ou smartphones fonctionnant sous Android) qui, en tant que distributeurs, s’octroient une lucrative commission de 30 % sur chaque vente (le développeur touche 70 %).
89,99 € pour des munitions !
Tous ont donc un intérêt commun à faire grimper les ventes. L’une des ficelles consiste à proposer à l’utilisateur des contenus additionnels payants une fois qu’il a téléchargé l’application (gratuitement ou pas, d’ailleurs). C’est ce qu’on appelle des achats « in-app ». Par exemple, une fois installé le jeu Village des Schtroumpfs, le joueur se verra rapidement proposer, durant sa partie, des options pour progresser plus rapidement. Comme ce seau de petites baies vendu 4,49 €, auquel on pourrait être tenté de préférer le baril à 8,99 €, voire la brouette à 44,99 € ou carrément le wagon, vendu… 89,99 € ! Le principe est le même pour d’autres types d’applications, avec par exemple des cartes pour des applications GPS ou des abonnements à des magazines.
Cartes de crédit débitées par défaut
Si la pratique se défend sur le fond, la Commission européenne s’inquiète aujourd’hui de la forme. « Il est fréquent que les consommateurs ne soient même pas conscients qu’ils dépensent de l’argent, parce que leurs cartes de crédit sont débitées par défaut », explique-t-elle. Les enfants sont bien sûr particulièrement exposés, n’ayant pas conscience de ce qu’un simple clic, dans un jeu présenté comme gratuit, peut coûter à leurs parents. C’est l’un des points noirs identifiés suite à l’analyse des plaintes reçues dans toute l’Europe. La Commission estime également que les consommateurs « devraient être dûment informés des modalités de paiement. Les achats ne devraient pas être débités au travers de paramètres par défaut sans le consentement exprès des consommateurs ». Enfin, elle jugerait bon que chaque site de vente indique une adresse e-mail de contact pour toute question ou réclamation. La Commission indique qu’elle va entamer une série de réunions avec, notamment, Google et Apple, afin de mettre en place des procédures plus claires. Pas d’échéance précise pour l’instant, mais la Commission promet qu’un calendrier « précis » sera défini. Elle s’autorise par ailleurs « toute mesure qu’elle jugera nécessaire ».
Pour éviter les mauvaises surprises
En attendant que les louables intentions de la Commission européenne se concrétisent, ce qui pourrait prendre des années, voici quelques conseils.
Sur iPhone
Dans les Réglages, rendez-vous dans la rubrique Restrictions et activez-les.
Désactivez « Achats intégrés » pour interdire carrément les achats in-app. Si vous ne souhaitez pas être aussi radical, descendez dans la liste et exigez la saisie du mot de passe avant tout téléchargement (mot de passe que vous serez évidemment le seul à connaître…).
Sur Android
Dans les Paramètres du Google Playstore, cochez Mot de passe dans les Commandes utilisateur. Google prévient d’ailleurs que dans le cas contraire, vous devrez assumer toute somme facturée.
À savoir
Dans l’App Store, il est possible de savoir en lisant le descriptif de chaque application si elle contient des achats in-app et, le cas échéant, le prix de chaque option. Dans son Playstore, Google se contente pour sa part de mentionner l’espace de stockage total qu’occuperont ces options, sans prendre la peine ni de les détailler, ni d’indiquer leur prix !