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Avis en ligneUne professionnelle de santé fait supprimer sa fiche Google

AS

par Anne-Sophie Stamane

Visuel d'illustration

La cour d’appel de Chambéry (73) a contraint Google à supprimer la fiche d’une dentiste où s’accumulaient les avis négatifs. Elle avait été générée automatiquement, sans l’accord de la professionnelle.

C’est devenu une habitude. Avant de prendre un rendez-vous médical, consulter sur Internet les avis publiés par les patients peut donner un aperçu des pratiques et du comportement au sein du cabinet ou de la structure. Mais le médecin n’a pas toujours consenti à la création et à la publication de sa fiche, intitulée « Google My Business ». Pour la première fois, une chirurgienne-dentiste mécontente a obtenu en justice le retrait de la fiche à son nom. Elle avait été générée automatiquement, sans information préalable, ni consentement de sa part. Et pour répondre aux avis négatifs qui s’y accumulaient, la praticienne de santé n’avait d’autre choix que de se plier à tout l’écosystème Google, obligée, notamment, de créer un compte et, par la même occasion, de fournir des données personnelles comme son adresse électronique.

Droit à l’effacement

Les juges de la cour d’appel de Chambéry ont tranché en sa faveur, en invoquant la protection des données personnelles (RGPD). Ils ont estimé que la dentiste était non seulement une professionnelle de santé, mais aussi une personne privée identifiable, disposant notamment, et comme tout un chacun, d’un droit à l’effacement. Les arguments d’information du public et de liberté d’expression des patients mis en avant par Google ont été balayés, la cour estimant que la plateforme agissait avant tout par intérêt commercial en publiant ces fiches. Et que la transparence des informations était, de toute façon, limitée par le secret médical auquel sont tenus les professionnels de santé. Fait intéressant, au cours de la procédure, la dentiste a pu obtenir les noms des personnes ayant posté les avis les plus négatifs, et les a contactées pour négocier leur retrait.

Cette décision est une première en France. Elle redonne aux médecins la main sur des éléments qui leur reviennent. Reste toutefois en suspens l’épineuse question de l’information des patients sur la qualité des soins. En l’état, il n’existe quasiment aucun moyen, hormis le bouche-à-oreille, de s’assurer d’une bonne prise en charge médicale. Google comble en partie ce besoin, mais très imparfaitement, et dans un objectif commercial qui n’a pas grand-chose à voir avec l’intérêt des patients.

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Anne-Sophie Stamane

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