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Bananes bioRetrait d’une publicité des producteurs antillais

Une campagne publicitaire vantant une banane française « mieux que bio » a été interdite sur demande du syndicat des importateurs de produits bio. Une condamnation qui illustre les fortes tensions entre producteurs et importateurs autour de la labélisation des bananes bio.

Au 1er mars, le Synabio (Syndicat national des transformateurs et distributeurs de produits bio) a obtenu auprès du tribunal de grande instance de Paris le retrait d’une campagne publicitaire de l’Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique (UGPBAN) dont le slogan « La banane française mieux que bio c’est possible » est jugé « mensonger » et « dénigrant » par les plaignants.

Largement relayée ces dernières semaines par des affiches, des encarts dans la presse, à la radio ou encore sur le Web, la publicité a bel et bien été jugée litigieuse par le tribunal pour avoir associé d’un peu trop près la banane française conventionnelle à la production biologique.

« Le juge a basé sa décision sur la forme et en aucun cas sur le fond », estime Philippe Ruelle, directeur de l'UGPBAN qui indique avoir fait appel de cette décision. Le groupement de producteurs estime en effet que cette publicité a pour but « d’ouvrir le débat » sur la certification en bio des bananes cultivées hors de l’Union européenne.

La grande majorité des bananes bio consommées dans l'Union européenne (UE) proviennent de la République dominicaine, de Colombie et du Pérou.

Une certification jugée trop laxiste pour les pays tiers

L’agence Bio, groupement qui assure le développement et la promotion de l'agriculture biologique en France, se félicite de ce jugement rappelant dans un communiqué paru jeudi 3 mars que les bananes cultivées hors UE doivent « respecter des règles de production équivalentes à celles prévues par la réglementation européenne sur l’agriculture biologique ».

Une équivalence jugée laxiste par les producteurs antillais qui estiment que les organismes certificateurs agréés par l'Europe seraient trop « tolérants » avec les cahiers des charges bio des pays tiers, beaucoup moins restrictifs. « Et c’est comme cela qu’on se retrouve avec des bananes bio produites avec certains produits phytosanitaires interdits en Europe, traitées par avion, ce qui est interdit en Europe », s’emporte Sébastien Zanoletti, directeur de l’Innovation et du développement durable à l’UGPBAN.

Les Antilles françaises ont drastiquement baissé l’utilisation de pesticides dans leurs plantations au cours de ces 10 dernières années, en cessant notamment l’épandage.

Sans parvenir toutefois à l'agriculture biologique en raison notamment de l’utilisation de fongicides non agréés en bio pour lutter contre la cercosporiose noire, ou maladie des raies noires, qui s’attaque aux plantations de bananes en région tropicale humide. 

« En Europe, seuls les producteurs de bananes des îles Canaries sont en capacité d’obtenir l’agrément, car leur climat sec ne les confronte pas à ce problème. Mais ils sont fortement concurrencés par le bio des pays tiers », estime Philippe Ruelle, directeur de l'UGPBAN.

Consciente des tensions qui opposent importateurs et producteurs européens, l’Europe (Conseil européen, Commission et Parlement) doit se réunir le 8 mars pour tenter de trouver un compromis sur ce terrain glissant.

Présente au Salon de l’agriculture, l’UGPBAN a dû modifier dans l’urgence sa campagne publicitaire suite à la décision du tribunal de grande instance de Paris.
Marie-Noëlle Delaby

Marie-Noëlle Delaby

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