Audrey Vaugrente
Le Dakin sauvé du déremboursement
Pour désinfecter les plaies et autres blessures du quotidien, le Dakin est souvent utilisé et prescrit. Son fabricant a demandé qu’il ne soit plus remboursé. Demande refusée par les autorités sanitaires.
Qui n’a pas, un jour, utilisé cette bouteille blanche au bouchon rose pour désinfecter une plaie ou pour soigner un panaris ? Qui n’a jamais senti cette odeur de Javel si caractéristique ? En vente depuis 1988, le Dakin (hypochlorite de sodium) est un incontournable des pharmacies familiales. Entre 2020 et 2021, il s’en est vendu 2 millions d’unités – dont la moitié sur prescription d’un médecin. Il s’en est fallu de peu pour que cet antiseptique ne soit plus remboursé (1). En effet, le laboratoire Cooper, qui le fabrique, a demandé qu’il ne soit plus pris en charge par la collectivité.
La demande peut sembler surprenante, au vu du volume annuel de ventes. Mais il faut savoir que le tarif d’un médicament remboursé est strictement encadré. Le Dakin Cooper stabilisé coûte aujourd’hui 3,04 €. À l’inverse, s’il n’est pas remboursé, le prix est libre. Le laboratoire aurait donc pu exiger un prix plus élevé de son produit star.
Mais la Haute Autorité de santé s’est opposée à cette demande, avançant plusieurs arguments. Le Dakin est, à ce jour, le seul antiseptique à base d’hypochlorite de sodium disponible. Parmi ses points forts, on peut citer son action contre de nombreuses bactéries, la possibilité de l’utiliser sur les muqueuses, et la variété d’usages (en compresse imbibée, en bain, en simple application…). Un seul antiseptique a un profil similaire, la povidone iodée (Bétadine), et il est contre-indiqué avant 30 mois en raison d’un risque d’hypothyroïdie. Dérembourser le Dakin serait donc contraire à l’intérêt des patients.
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(1) Haute Autorité de santé, 03/11/21