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Douleurs chroniquesLe tramadol est à proscrire

Audrey Vaugrente

par Audrey Vaugrente

Trop peu efficace et trop risqué : le tramadol (Contramal, Ixprim, etc.) ne devrait pas être utilisé en cas de douleurs chroniques. Il expose à des complications pouvant être graves.

C’est l’un des opioïdes les plus prescrits au monde, mais aussi l’un des plus dangereux. Pourtant, bon nombre de patients ignorent les risques du tramadol (Contramal, Biodalgic, Ixprim, etc.), souvent délivré après une opération, des soins dentaires ou encore en cas de douleurs chroniques. Dans ce dernier cas, mieux vaut ne pas l’utiliser, conclut une récente revue de la littérature (1) : son efficacité ne justifie pas de s’exposer aux multiples effets indésirables.

Qu’il s’agisse de douleurs neuropathiques (sensation de brûlure, de décharge électrique), d’arthrose, de lombalgie ou de fibromyalgie, le tramadol n’est pas la meilleure option. Il diminue la souffrance de manière marginale, et les études en question comportent de nombreux biais. Par rapport à un placebo, en revanche, la probabilité de souffrir de nausées, de vertiges, de sécheresse buccale ou de constipation est triplée. Des effets indésirables plus rares, mais beaucoup plus graves, sont aussi plus fréquents avec le tramadol : troubles cardiaques (douleurs thoraciques, maladie coronarienne, insuffisance cardiaque) ou encore crises de convulsions. Ajoutons qu’il est aussi associé à davantage de cas de dépendance et de mésusage. Le caractère particulier de ce médicament est en partie responsable de ces risques : outre son effet opioïde, il agit aussi sur les récepteurs de deux neurotransmetteurs (noradrénaline, sérotonine).

Ordonnance sécurisée

Pour encadrer l’usage du tramadol, et limiter les abus, la France a mis en place diverses mesures. Depuis 2020, la prescription ne peut pas dépasser 12 semaines (environ 3 mois). La taille maximale des boîtes a ensuite été limitée à 15 comprimés – contre 30 auparavant. Enfin, depuis mars 2025, cette molécule doit être prescrite sur une ordonnance sécurisée. Ces restrictions progressives ont eu un effet sur le nombre de boîtes délivrées : de presque 34 millions en 2020, nous sommes passés à 27 millions en 2024 – soit un recul de 20 %. Mais l’information des patients doit encore être renforcée, et des options moins risquées privilégiées.

Audrey Vaugrente

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