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Enceintes intelligentes

La Cnil publie un guide des bonnes pratiques

Lancer de la musique, ajouter un agenda à son calendrier, consulter la météo, chercher une recette de cuisine, constituer une liste de courses… Voilà quelques-unes des possibilités offertes par les enceintes « intelligentes », dont l’avenir au sein de nos foyers, si l’on en croit les prévisions de vente, est assuré. Seulement voilà, pour assister les utilisateurs au quotidien, ces appareils enregistrent en permanence des bouts de conversation et stockent des informations dans le cloud. La Cnil (Commission nationale de l’informatique et des libertés) met les utilisateurs en garde sur la protection des données personnelles en publiant un guide de bonnes pratiques.

Amazon Echo, Google Home, Apple HomePod… Les géants du Net se sont lancés à la conquête de nos intérieurs. Avec leurs enceintes intelligentes, déjà disponibles en France ou commercialisées en 2018, tous trois visent des objectifs différents. Amazon rêve de faciliter nos achats en ligne pour booster encore un peu plus ses ventes, Google poursuit sans relâche sa stratégie de conquête de nos données pour peaufiner le ciblage publicitaire et Apple élargit le périmètre de son écosystème pour maintenir ses clients dans son giron. Mais pour y parvenir, Amazon, Google et Apple appliquent une même méthode : écouter ce qui se passe chez nous pour répondre le plus pertinemment possible à des commandes vocales liées à différents services.

Au quotidien, ces enceintes offrent de nouveaux usages intéressants par certains aspects, pour un tarif relativement abordable (entre 150 et 350 € selon les modèles). Dites « ok Google » (sur la Google Home) ou « hey Alexa » (Amazon Echo) pour réveiller l’enceinte et formuler une demande, elle l’exécutera. Vous pouvez ainsi lancer de la musique, changer de chanson ou demander une précision sur votre recette pendant que vous avez les mains dans la pâte. Pratique, tout du moins quand la commande vocale fonctionne. Notre prise en main de la Google Home a révélé que souvent, l’enceinte ne comprend pas les requêtes (à ce jour, les enceintes sont plus efficaces en anglais, c’est pourquoi le lancement des modèles d’Amazon et d’Apple a été retardé en France).

Les enceintes Amazon Echo, Google Home et Apple HomePod.

Des requêtes stockées dans le cloud

L’intrusion de ces assistants intelligents dans notre sphère intime soulève de nombreuses inquiétudes sur le respect de notre vie privée et de nos données personnelles. Rappelons-en le principe : l’utilisateur formule une requête (l’enceinte l’écoute donc en permanence), qui est envoyée dans le cloud (ces enceintes sont connectées à Internet via le réseau Wi-Fi domestique) et stockée sur les serveurs d’Amazon, de Google ou d’Apple. L’appareil conserve donc potentiellement un historique des requêtes audio et les données associées à la recherche, comme la date, l’heure ou l’identifiant du compte de l’utilisateur. La Cnil s’en inquiète. Elle a donc publié un guide des bonnes pratiques à l’intention des utilisateurs (1). Le gendarme de la vie privée conseille d’abord d’encadrer les interactions avec les enfants (rester dans la pièce, éteindre le dispositif en cas d’absence). Les enceintes intelligentes sont des points d’accès à Internet sans contrôle parental. La Cnil préconise ensuite de couper le micro quand on n’utilise pas l’enceinte, et d’avertir ses invités de l’enregistrement potentiel des conversations. Elle rappelle enfin qu’il faut être vigilant sur le fait que les propos tenus face à l’appareil peuvent enrichir votre profil publicitaire.

Des conseils de bonne conscience

Ces conseils ont le mérite d’alerter les utilisateurs sur le fait que le fonctionnement même des enceintes intelligentes crée des failles dans la protection de la vie privée. Mais par définition, installer ce type d’enceinte chez soi revient à l’accepter. Pour être utiles, ces appareils doivent être allumés en permanence, micros activés, sans quoi ils perdent leur fonction d’assistant vocal disponible à tout moment ! À chacun de juger du rapport bénéfices/risques sachant qu’au final, il y a des chances pour qu’au quotidien, ces enceintes intelligentes servent surtout à écouter de la musique. Aucun besoin, dans ce cas, d’une connexion à Internet. Pourquoi ne pas se contenter alors d’une enceinte Bluetooth ou d’une enceinte sans fil ?

(1) https://www.cnil.fr/fr/enceintes-intelligentes-des-assistants-vocaux-connectes-votre-vie-privee

Camille Gruhier

Camille Gruhier

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