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Enceinte Google Home

Curieux gadget

Google commercialise depuis cet été une enceinte connectée, la Google Home vendue 149 €. Munie d’un haut-parleur et de deux micros, elle permet d’interagir avec l’utilisateur par la voix. Pour communiquer avec elle, dites « OK Google » puis formulez votre requête (météo du jour, ingrédients pour une recette…).  Avec l’équipement adéquat, Google Home permet aussi de lancer de la musique, d’allumer la lumière ou bien de monter la température du chauffage. Voilà pour la théorie. En pratique ? Plusieurs jours d’utilisation nous ont plutôt convaincus que ce gadget, pas tout à fait au point, est inutile et trop curieux. Explications.

Si vous avez récemment fait un tour chez Fnac ou Darty, vous n’avez pas pu la rater : Google Home est en très bonne place chez les distributeurs. Commercialisée depuis le début du mois d’août, cette enceinte connectée vendue 149 € se veut un assistant vocal intelligent de la vie quotidienne. Posée au milieu du salon, connectée à votre réseau Wi-Fi (la configuration est simple), équipée d’un haut-parleur et de deux micros, elle répond aux demandes des utilisateurs à proximité dès lors qu’ils la réveillent avec la commande vocale « OK Google ». « Quelle est la capitale des États-Unis ? » « Programme une alarme dans 10 minutes. » « Combien de temps faut-il pour aller au travail en voiture ? » Google Home a réponse à tout, ou en tout cas à toutes les questions qu’elle comprend. Dès que l’ordre est un brin complexe ou mal formulé, Google Home répond qu’elle « ne peux pas vous aider » ou que « ce n’est pas dans [ses] cordes ». Au quotidien, c’est assez fréquent. Quant à sa voix, elle n’est pas vraiment robotique, mais pas naturelle non plus. De plus, il s’agit d’une voix féminine impossible à modifier pour celle d’un homme. Plutôt cliché.

Multimédia et domotique

Google Home permet par ailleurs d’écouter de la musique. Dites par exemple « OK Google, joue du Macy Gray » et l’enceinte ira piocher dans le catalogue de Google Play Music ou bien, si vous êtes abonné, dans celui des services de streaming Deezer et Spotify, avec lesquels elle est compatible. La qualité sonore, que nous avons comparée à une Bose Soundlink Mini 2, est toutefois décevante. Nos tests en laboratoire donneront leur verdict. Ceci dit, Google Home est compatible avec les Google Chromecast, ces petits accessoires (« dongles ») qui permettent de connecter au réseau Wi-Fi n’importe quelle enceinte ou téléviseur. Depuis le premier modèle, que nous vous présentions en 2014, Google a renouvelé et enrichi sa gamme. Elle compte désormais trois modèles : le Chromecast 2 (40 €) pour connecter son téléviseur via une prise HDMI, le Chromecast Ultra (80 €), adapté aux téléviseurs 4K, et le Chromecast Audio (40 €) pour connecter une enceinte via une prise jack 3,5 mm. Grâce à ces accessoires, vous pourrez lancer avec Google Home de la musique sur votre équipement de salon ou une vidéo sur votre téléviseur (depuis votre bibliothèque, Youtube ou encore Netflix). L’assistant de Google joue aussi sur le terrain de la domotique. L’enceinte est en effet compatible avec différents équipements, comme le thermostat connecté Nest (propriété de… Google) ou les ampoules Philips Hue. Google Home permet donc d’augmenter le chauffage et d’éteindre la lumière sans se lever du fauteuil.

Le Chromecast, les ampoules connectées Hue et le thermostat Nest.

Rien de neuf

Mais l’enceinte n’est pas vraiment utile. L’effort physique nécessaire pour ces opérations est en effet assez… raisonnable. Et les moins dynamiques, les personnes âgées ou souffrant d’un handicap, qui pourraient trouver un intérêt au système, peuvent faire exactement la même chose directement depuis leur smartphone. Celui-ci est de toute façon nécessaire pour installer et paramétrer la Google Home, via l’application dédiée (à télécharger sur le Google PlayStore pour les smartphones Android et sur l’AppStore pour les iPhone d’Apple). Finalement, Google Home n’apporte rien de neuf. Toutes les réponses aux questions posées sont issues du moteur de recherche Google et des sites qui y sont référencés, déjà accessibles depuis son smartphone, sa tablette tactile, son ordinateur. Jouer de la musique, des vidéos ? Chaque service a déjà son application mobile, de Deezer à Youtube. Les diffuser sur une enceinte ou une télévision sans fil ? Bluetooth et Wi-Fi sont déjà là pour ça, et si l’enceinte ou le téléviseur ne sont pas compatibles, les « dongles » disponibles sur le marché sont nombreux (les Google Chromecast ne sont pas les seuls !). Toutes ces fonctionnalités sont même accessibles par la voix, puisque la majorité des smartphones intègrent déjà un assistant vocal (Google Assistant ou Siri chez Apple).

Un espion dans le salon

Après plusieurs jours d’usage, la Google Home inspire en fait plus la crainte que la satisfaction. D’abord, l’enceinte connectée écoute en permanence ce qui se passe dans votre foyer. Elle n’enregistre pas toutes les conversations intégralement, mais écoute sans discontinuer des extraits de quelques secondes. Un bouton, à l’arrière de l’enceinte, permettrait toutefois de couper les micros. Il faudra le vérifier.

Ensuite, l’enceinte introduit des failles dans la confidentialité des données de l’utilisateur. Ce dernier peut en effet enrichir lui-même la base de connaissances de l’appareil avec la fonction « Souviens-toi ». Souviens-toi que ma plaque d’immatriculation est 975 BX 235. Souviens-toi que mon code de carte bancaire est 1234… Autant d’informations que n’importe qui peut lui demander ensuite ! Aux États-Unis, Google Home offre une fonction de reconnaissance vocale qui permet de configurer les autorisations d’accès en fonction de profils d’utilisateurs (parents/enfants, par exemple). Mais aucune date n’est annoncée pour la déclinaison française.

Enfin, les bugs de compréhension des requêtes s’estomperont à mesure que le logiciel (basé sur Android et Chrome OS) apprendra à mieux connaître l’utilisateur. C’est précisément ce qui s’avère le plus inquiétant. Avec Google Home, notre vie n’a plus rien de privée pour Google. Connecté aux autres services (Gmail, Calendrier, Maps, Youtube, etc.), l’appareil connaît vos agenda, adresses e-mail, postale, professionnelle, votre localisation, vos goûts musicaux et centres d’intérêts, le nombre de personnes vivant dans le foyer et même les habitudes de chauffage ou d’éclairage… Du pain béni pour les annonceurs en tout genre ! « C’est grâce aux données que tous les utilisateurs bénéficient gratuitement de nos services », se justifie le groupe sur son site Internet (1). N’empêche, Google Home procure la très désagréable sensation d’être surveillé en permanence. Si Google Home veut mieux nous servir, c’est pour mieux servir Google, qui réalise plus de 90 % de son chiffre d’affaires grâce aux publicités ciblées sur Internet. Le gadget inutile est aussi bien trop curieux.


(1) https://support.google.com/googlehome/answer/7072285?hl=fr-FR
Camille Gruhier

Camille Gruhier

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