Élisabeth Chesnais
MaPrimeRénov’La Cour des comptes applaudit l’Anah
C’est une analyse d’un nouveau genre que la Cour des comptes a présenté mercredi 29 septembre, « l’audit flash », une procédure accélérée. Pour une première qui concerne l’Agence nationale de l’habitat (Anah) et sa gestion de MaPrimeRénov’, le discours est plutôt louangeur, à rebours des plaintes que reçoit Que Choisir.
Les rapporteurs de la Cour des comptes ont pris soin de le préciser en préambule, « notre enquête n’a pas porté sur les nombreuses plaintes qu’on entend au sujet de MaPrimeRénov’ ». Ils ont bien fait car elles sont nombreuses ! Leur audit a analysé le déploiement et la mise en œuvre du dispositif MaPrimeRénov’par l’Anah et constate qu’elle « s’est encore une fois adaptée avec beaucoup d’agilité ». Il souligne un pilotage très resserré avec un ajustement au fur et à mesure, une attention portée aux différents couacs suivie de leur prise en compte, et conclut à « un démarrage très réussi ». L’objectif était la massification des gestes de rénovation énergétique des logements. « Avec 574 000 dossiers déposés et près de 300 000 financés en un peu plus d’un an, pour un montant de primes de 862 millions d’euros, le démarrage a été probant et contrôlé », assure la Cour des comptes, jugeant que le programme répond aux objectifs fixés.
Surtout le changement de chauffage
Mais de quelle rénovation parle-t-on ? À 86 %, note l’audit, il s’agit d’un geste unique de travaux, dont le changement de chauffage à 72 %. C’est une différence énorme avec le programme « Habiter mieux » de l’Anah, qui visait l’accompagnement individualisé des ménages très modestes, avec un objectif de performance énergétique à atteindre et contrôlé. MaPrimeRénov’est aux antipodes de ce dispositif, pas du tout calibrée pour éradiquer les passoires thermiques, autrement dit les logements classés en F ou G sur le DPE. « Si l’objectif de massification est très perceptible, la vérification de la qualité et de l’efficacité des travaux en matière de lutte contre les passoires thermiques et la précarité énergétique n’est pas assurée », souligne l’audit. Or il s’agit d’un enjeu majeur de la loi Climat et résilience récemment adoptée. Le gouvernement devra bien finir par trouver un soutien adapté à la rénovation performante.