Perrine Vennetier
La liste noire 2021 de Prescrire
Dans la très attendue « liste des médicaments à écarter des soins » publiée par la revue Prescrire, un médicament contre la calvitie fait son entrée cette année.
La fin d’année est propice aux bilans. Pour la 9e année consécutive, la revue médicale indépendante Prescrire vient de mettre à jour sa liste des médicaments « plus dangereux qu’utiles » pour 2021. Parmi la centaine de spécialités qui y figurent déjà, un nouveau venu fait son entrée cette année : le finastéride 1 mg (Propecia et génériques). Les dangers de ce produit prescrit aux hommes contre la perte de cheveux (alopécie androgénique) sont multiples : risque établi de dépression voire de suicide, effets indésirables marqués sur la fonction sexuelle (perte de libido, dysfonction érectile), en regard d’un bénéfice assez mince : la chute reprend dès que le traitement cesse. Et ce dernier est à la charge financière du patient, puisque ce médicament n’est pas pris en charge par l’Assurance maladie. Que Choisir avait déjà mis le public en garde sur les risques disproportionnés de ce traitement.
On note aussi l’entrée dans cette liste du piracétam (Nootropyl et génériques), autorisé contre les vertiges et comme « traitement d’appoint de troubles mineurs chroniques (cognitifs ou neurosensoriels) liés au vieillissement ». Le caractère vague de cette dernière formulation met la puce à l’oreille. Prescrire confirme que la balance bénéfices/risques n’est pas établie.
Toujours dans les entrées, une famille de traitement du diabète de type 2 refait son apparition cette année : les gliflozines avec la canagliflozine (Invokana), la dapagliflozine (Forxiga), l’empagliflozine (Jardiance) et l’ertugliflozine (Steglatro). Il s’agit d’un retour : présents dans la liste de 2019, ils avaient été retirés de la liste de 2020 le temps qu’ils soient évalués dans une autre indication (diabète de type 1). C’est chose faite, et leur rapport bénéfices/risques défavorable est confirmé.
Enfin, certains médicaments sortent de la liste, comme l’ulipristal 5 mg (Esmya). Il est retiré de la liste de Prescrire pour… indisponibilité sur le marché. L’Agence européenne du médicament a en effet suspendu son autorisation en mars 2020, en raison du risque d’atteintes très graves du foie lié à ce traitement des fibromes utérins. La raison même pour laquelle il figurait dans le liste noire !
L’ensemble des 112 médicaments « à écarter pour mieux soigner » est consultable gratuitement à cette adresse : https://www.prescrire.org/fr/3/31/60247/0/NewsDetails.aspx