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Moteurs Diesel

Officiellement cancérogènes

Coup de tonnerre dans le monde automobile, les moteurs Diesel sont cancérogènes pour l’homme. On n’en est plus aux suspicions, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) est catégorique. Les émissions des véhicules roulant au gazole provoquent des cancers du poumon.

On avait de sérieux doutes, Que Choisir dénonçait les dangers des particules fines rejetées par les voitures diesels depuis de longues années, mais officiellement, on en restait aux suspicions. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), qui dépend de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), avait classé les émanations des moteurs Diesel dans la catégorie « cancérogène probable pour l’homme » en 1988. Les études épidémiologiques menées depuis en milieu urbain prouvaient un lien entre les teneurs de l’air en particules fines et le nombre d’hospitalisations et de décès, mais elles n’avaient pas suffi à condamner le diesel.

Cette fois, le doute n’est plus permis, le CIRC a été très clair en présentant ses résultats le 12 juin : « Les preuves scientifiques sont irréfutables et les conclusions du groupe de travail ont été unanimes, les émissions des moteurs Diesel provoquent des cancers du poumon. […] L’exposition à ce mélange chimique doit être réduite dans le monde entier ».

La France championne du diesel

La France, qui occupe la triste place de numéro un mondial pour la diésélisation de son parc automobile, est évidemment le premier pays concerné. Plus de 60 % des voitures roulent au gazole, un chiffre qui fait froid dans le dos maintenant qu’on sait leurs émissions assurément cancérogènes. Cette situation ne doit rien au hasard. Quand la France des Trente Glorieuses décide de passer sa production électrique au nucléaire, le fioul qui faisait tourner les centrales thermiques perd son débouché. Alors on lui en trouve un autre, les moteurs Diesel. C’est le début de l’exception française, basée sur un prix du gazole très attractif pour convaincre les automobilistes. Ça marche très fort, le soutien de l’État au diesel n’a d’ailleurs jamais cessé. Le bonus-malus décidé à la suite du Grenelle de l’Environnement a privilégié les petites voitures diesels au détriment des modèles essence pourtant moins nocifs. Que Choisir et beaucoup d’autres l’avaient déploré, sans être entendus.

La donne change aujourd’hui. On sait la population, en particulier urbaine, exposée à des moteurs aussi nocifs que l’amiante ou le benzène. Certes, les normes européennes se durcissent, les voitures neuves diesels sont depuis peu équipées d’un filtre à particules mais les constructeurs auto sont bien les seuls à considérer que ce dispositif résout le problème. Si les filtres réduisent les émissions, ils ne les suppriment pas. Réduire le parc automobile roulant au diesel relève désormais de l’urgence sanitaire.

Vers la fin du diesel ?

Certaines émissions polluantes et de gaz à effet de serre (CO2) des moteurs à essence et Diesel sont réglementées, depuis 1993, par une norme européenne. Depuis le 1er septembre 2009, c’est la norme Euro V qui est en vigueur. Elle a d’abord imposé le filtre à particules aux nouveaux véhicules, puis à tous les moteurs Diesel qui sortent des usines depuis janvier 2011. La future norme Euro VI qui entrera en application en septembre 2014 pour les nouveaux véhicules et qui concernera toutes les voitures un an plus tard, va encore compliquer la dépollution des moteurs Diesel. L’accent n’est pas mis sur les particules, le seuil limite reste identique à celui de l’actuelle norme Euro V, soit 5 mg/km, mais sur les émissions d’oxydes d’azote (NOx), ce qui impose un nouveau système de dépollution (actuellement utilisé dans les poids lourds et sur certaines voitures haut de gamme, notamment chez Volkswagen ou Mercedes). Il s’agit d’un catalyseur SCR (Selective Catalytic Reduction) qui, associé à une solution à base d’urée, élimine de manière sélective les oxydes d’azote présents dans l’échappement pour les transformer en azote et en eau. Ce qui n’est pas sans poser problème aux constructeurs automobiles, tant en matière de coût que d’industrialisation (implantation des nouveaux éléments dans la voiture, intégration de la gestion du SCR...). Au final, la facture pourrait s’alourdir de 1 000 à 1 500 € pour l’automobiliste qui voudrait encore rouler au diesel. L’entrée en vigueur de la future norme Euro VI devrait donc réussir à atteindre le but recherché de faire baisser encore les émissions de particules et de polluants des moteurs Diesel. Non par son côté drastique mais simplement parce que les acheteurs risquent de se désintéresser enfin du diesel pour se tourner vers des moteurs à essence modernes moins coûteux et, surtout, moins polluants.

Yves Martin

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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