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Offres de rénovation à 1 €

Un paradis pour les arnaqueurs

Décidément, à chaque fois qu’une opération de rénovation énergétique est subventionnée, notamment par des offres à 1 €, des entreprises sans scrupules déboulent en force pour empocher le pactole des certificats d’économie d’énergie. Ça n’a pas manqué avec les aides à l’isolation par l’extérieur pour les plus modestes.

C’est un éternel recommencement. À chaque fois que l’État crée des offres à 1 € sur des travaux d’isolation ou de changement de mode de chauffage, les margoulins sont immédiatement au rendez-vous pour empocher le montant des certificats d’économie d’énergie, le dispositif qui finance en partie ces offres. Ce fut le cas avec l’isolation des combles à 1 €, puis avec le remplacement des chaudières fioul pour 1 €, et depuis début 2020, le nouveau terrain de jeu des entreprises peu scrupuleuses concerne l’isolation par l’extérieur.

Tout le mal vient de MaPrimeRénov’, l’aide publique gérée par l’Agence nationale de l’habitat, l’Anah. Depuis le début de l’année, elle subventionne l’isolation des murs par l’extérieur, à hauteur de 100 € par m2 pour les ménages les plus modestes, de 75 € pour les ménages modestes, et sans limitation de surface. Alors les margoulins en ont profité à plein. Ils ont débarqué chez les plus modestes en leur expliquant qu’ils auraient une maison très bien isolée sans rien débourser. Le processus est toujours le même, ils déposent du polystyrène chez le client, voire le posent sur les murs, puis lui font signer un devis et une demande de certificats d’économie d’énergie (CEE), en prenant bien soin de surestimer les surfaces à isoler, jusqu’à 170 m2 quand il y en a à peine 100, et disparaissent. Face aux devis délirants reçus, l’Anah vient de réagir. Depuis le 15 juillet, la surface maximale éligible est de 100 m2, et la subvention au m2 abaissée à 75 € pour les ménages les plus modestes et à 60 € pour les ménages modestes. Il y avait pourtant un précédent. En octobre dernier, face aux dérives exponentielles des devis dans le cadre des offres de chauffage à 1 €, elle avait déjà dû abaisser son plafond d’aides de 20 000 à 8 000 € !

Gâchis phénoménal

Si l’Anah a peu dépensé sur l’isolation par l’extérieur puisque la plupart des devis sont à l’étude, de nombreux ménages très modestes ont en revanche été abusés par les fraudeurs en quête des fameux certificats d’économie d’énergie, qu’ils se font ensuite payer par les grands énergéticiens et les fournisseurs de carburant. Pour ces ménages-là, quand le polystyrène est posé sur les murs, c’est la catastrophe. Il n’y a aucune protection anti-incendie et l’isolation ne sert à rien. Il faudrait enlever l’isolant, refaire une isolation par l’extérieur dans les règles de l’art, mais ils n’en ont évidemment pas les moyens. Le gâchis est phénoménal. Pourtant, la recette pour enrayer la fraude est connue, ce sont les contrôles systématiques sur chantiers, avant paiement. « Le contrôle coûterait entre 200 et 300 € par chantier, mais quand les certificats d’économie d’énergie le financent à coups de milliers d’euros pour une isolation par l’extérieur, on peut assurément en dépenser quelques centaines en contrôle », défend Frédéric Utzmann, PDG d’Effy, spécialiste des travaux d’économie d’énergie financés par les CEE chez les particuliers. Malgré ses demandes à l’Anah et aux pouvoirs publics, le contrôle sur chantier n’est toujours pas à l’ordre du jour. À croire que l’État veut faire du chiffre, sans se soucier de la performance énergétique des travaux.

Élisabeth Chesnais

Élisabeth Chesnais

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